Comment fonctionnait le système de congés payés en URSS?

Sur une plage de Livadia, en République soviétique d'Ukraine, en 1975

Sur une plage de Livadia, en République soviétique d'Ukraine, en 1975

Panov/Sputnik
Travailler toute l'année sans vacances? À l'époque soviétique, c'était inimaginable. Les congés payés ont été l'une des plus grandes victoires sociales de l'URSS.

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La Russie soviétique a été l'un des premiers pays au monde à légiférer sur les horaires de travail et les congés payés. La durée de ces derniers a varié au cours des décennies de l’ère soviétique, mais dans les années d'après-guerre, les vacances s’étendaient sur un mois entier d'affilée, voire plus.

Quand les congés sont-ils arrivés en Russie ?

Bord de mer à Riga, en République soviétique de Lettonie, en 1960

C'est difficile à imaginer maintenant, mais les gens travaillaient dans les usines sans aucun congé avant 1917. Il était bien sûr possible de prendre des congés en accord avec les patrons, mais ils n'étaient pas payés. Notez que la journée de travail était de 10 heures, et non de 8 comme actuellement, et que le dimanche était le seul jour de repos. Cependant, presque immédiatement après la révolution, le concept de congés payés pour tous les citoyens actifs a été introduit.

Les congés n'ont été supprimés qu'une seule fois en Union soviétique, pendant la Seconde Guerre mondiale. Néanmoins, même à cette époque, les fonds destinés aux congés payés étaient alloués, simplement transférés sur un dépôt spécial pour le travailleur, auquel il accéderait après la guerre.

De combien de jours de vacances disposaient les Soviétiques ?

Gymnastique sur une place de Touapsé, dans la région de Krasnodar (littoral de la mer Noire), en 1963

Avant 1967, chaque citoyen avait 12 jours de congés payés par an, plus des jours supplémentaires en fonction des conditions de travail. Après cette date, le congé de base est passé à 15 jours, plus des jours supplémentaires. Ces derniers variaient en fonction du lieu de travail, de l'ancienneté et du risque professionnel.

Ainsi, les citoyens qui travaillaient dans des établissements scientifiques et éducatifs avaient de 24 à 48 jours de congé au total, ceux qui travaillaient dans le Grand Nord avaient 18 jours de congé supplémentaires et ceux qui travaillaient dans l'industrie forestière depuis plus de 3 ans avaient droit à 6 jours de congé en plus. Il est intéressant de constater que dans l'écrasante majorité des cas, les congés étaient accordés d’affilée, pour un mois entier ou plus, bien que la loi ne stipulait rien à cet égard.

« J'ai toujours pris 28 jours ouvrables de congé, toujours en totalité, personne ne les divisait en plusieurs parties », se souvient Nina Grigorieva de la région de Moscou, ophtalmologue de profession.

À Sotchi, 1956

« Quand j'étais petite, mes grands-parents prenaient des vacances et allaient à la mer pendant 3-4 semaines. C'est-à-dire que le congé était unique et long », témoigne Ioulia Petouchkova de Nijni Novgorod.

En outre, beaucoup passaient leurs vacances dans des sanatoriums pour une remise en forme, et les procédures duraient au moins trois semaines – ajoutez à cela le voyage aller-retour et il devient évident qu'il n'y avait guère d'intérêt à fractionner les vacances. L'été était la période de vacances la plus populaire – parfois, des équipes entières étaient en congé, et pendant ce temps, les mécaniciens se chargeaient de vérifier les équipements. L’été indien était également particulièrement prisé, car il n'y avait déjà plus de foule, mais il faisait encore chaud.

Pendant les années soviétiques, il existait par ailleurs un système assez intéressant de calcul du « pécule de vacances » : l’employé recevait son salaire pour le mois précédent, plus les jours travaillés au cours de ce mois, plus le pécule de vacances, qui était calculé selon une formule compliquée mais était en fait égal à son salaire, plus une somme pour les heures supplémentaires, etc.

En 1991, à la toute fin de l'URSS, les congés atteignaient déjà 24 jours ouvrables, mais en 2002, 28 jours civils ont été pris comme jours de congé (c’est-à-dire quatre semaines, week-ends inclus), conformément aux recommandations de la Charte sociale européenne.

Lire aussi : Comment les citoyens soviétiques se prélassaient à la plage

Que se passait-il si l’on ne prenait pas ses congés ?

Le sanatorium Kourpaty à Yalta, Crimée, en 1950

L'une des caractéristiques du droit du travail soviétique était le calendrier des vacances pour l'année suivante, planifié à la fin de l'année en cours. Il est clair qu'il n’était pas toujours possible de prendre des vacances à une période particulière et si aucun congé ne pouvait être négocié, la personne pouvait simplement recevoir une compensation financière. Néanmoins, cela dépendait fortement du lieu de travail et était assez rare.

« Nous n'y étions pas obligés, si un employé ne voulait pas partir en vacances, il pouvait prendre une compensation. Par exemple, si un employé avait été souvent malade, qu’il s’était déjà reposé, il prenait une compensation, se souvient Tatiana Sorokina, qui travaillait dans une bibliothèque de Moscou à la fin de l'URSS. Mais dans les établissements scolaires, où il n'y avait pas de travail en été, il fallait prendre les congés ».

À Gourzouf, en Crimée, août 1970

Elle dit elle-même qu'elle pouvait prendre un congé à tout moment et même le fractionner en plusieurs fois en accord avec l'administration (ce droit était accordé aux mères d'enfants de moins de 16 ans), et le congé lui-même pouvait aller jusqu'à 2 mois. « Mais généralement nous planifions à l'avance et établissions un calendrier des congés avec les employés afin que l'absence d’un salarié n'affecte pas le travail », explique-t-elle.

« Mon père avait l'habitude de me dire que les vacances n'étaient autorisées que dans leur intégralité et conformément au calendrier des vacances, raconte Valentina Pakhomova. Il travaillait à Kovrov (région d'Ivanovo). Si quelqu'un ne voulait pas prendre ses vacances dans le temps qui lui était imparti, il prenait de l’argent ».

« Et mon père n'a jamais pris de vacances entières, relate Ioulia Petouchkova. Une semaine pour faire des travaux à la maison, trois jours pour les pommes de terre, et le reste il le prenait sous forme d’argent ».

Qu'en est-il aujourd'hui ?

Bain de soleil en République soviétique d'Arménie, juin 1986

De nombreux congés ont été transférés de la législation soviétique au droit russe contemporain. Par exemple, comme auparavant, les entreprises établissent un calendrier de vacances à l’avance (toutefois, il est maintenant possible de changer les dates plus librement), les employés disposent à la fois des jours de congé de base (28 jours civils), et de jours supplémentaires en fonction des conditions de travail et de la profession. Cependant, quelque chose a changé : il est désormais précisé que les congés peuvent être divisés en plusieurs parties, dont l’une doit être d'au moins deux semaines. Il fut un temps où l'argent des congés non utilisés pouvait être remboursé à la fin de l'année, mais aujourd'hui, les jours non utilisés sont simplement reportés à l'année suivante. Certaines entreprises ont pour habitude de permettre aux employés ayant pris trop peu de vacances d’en poser de manière prioritaire. En cas de licenciement ou de démission, une indemnité pour les congés non utilisés est versée.

Dans cet autre article, nous vous expliquions quelles vacances pouvaient se permettre les citoyens soviétiques ordinaires.

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