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Un véritable bain de foule
Lors de sa toute première visite, pour saluer Gagarine, un large fleuve humain s'est répandu sur les quarante-cinq kilomètres séparant l'aérodrome du Bourget et l'ambassade soviétique de l’époque, un ancien hôtel particulier de la rue Grenelle.
Pour l'arrivée du premier cosmonaute, des cartes postales à l'effigie du célèbre invité ont été imprimées en grande quantité. À chaque fois, elles partaient comme des petits pains : Gagarine signait des autographes par milliers. Partout où il passait, le jeune héros était accueilli par des foules enthousiastes. Tout le monde tentait sa chance de lui serrer la main ou du moins de le toucher. Yves Gauthier, auteur d’une biographie de Gagarine, raconte qu’à Paris ceux qui parvenaient à lui serrer la main, répandaient virtuellement le contact du cosmonaute en touchant les mains des autres personnes qui n’avaient pas eu la même chance qu’eux.
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Aux portes de Paris, dans la ville ouvrière de Puteaux, sa voiture a traversé un tapis rouge d’œillets, et des milliers de pigeons ont volé dans le ciel. Et c’est par la rue Gagarine qu’il est entré à Ivry-sur-Seine, où il a été accueilli par le couple Thorez. Quelques dizaines d’Ivryens se sont organisés pour maintenir un cordon de sécurité en courant le long du cortège des berlines qui circulaient à travers la ville. Iouri Gagarine reçut des bouquets de fleurs, embrassa des enfants, et fut acclamé sous une pluie de confettis dans les rues d'Ivry. La plupart des bâtiments municipaux étaient ornés de banderoles « Bienvenue à Iouri Gagarine ».
Il a inauguré par la même occasion la cité qui portera son nom, le quartier emblématique de la « ceinture rouge » devenu un symbole des banlieues communistes, et y a planté un arbre. Par la suite, d’autres cités HLM – à Romainville, Drancy ou Colombes – recevront également une appellation en son honneur. Les rues Gagarine fleurissent alors à Vitry, Villejuif, Bobigny.
Dans la ville de Saint-Denis, il a reçu le titre de citoyen d'honneur.
Lauréat du Prix Galabert
En septembre 1963, Gagarine revient en France dans le cadre d’une délégation pour participer aux travaux du Congrès parisien de la Fédération astronautique internationale. La foule admirative l’attendait à l’aéroport. À peine descendu de son Tu-104, il s'est trouvé pris dans une bousculade comme Le Bourget n'en avait pas connue depuis longtemps.
Au cours de ce quatorzième congrès il a reçu le Prix international d'astronautique Galabert, créé par le scientifique, journaliste et écrivain Albert Ducrocq et dont les premiers lauréats ont été les pionniers de l'espace, le Soviétique Iouri Gagarine et l'Américain Alan Shepard.
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Une séance spéciale en l'honneur de Gagarine a été organisée et le cosmonaute y a prononcé une allocution dans laquelle il a partagé son espoir de pouvoir à l’avenir faire participer des savants aux vols cosmiques, car il est impossible à une seule personne de cumuler les connaissances nécessaires à la conduite d'un vaisseau spatial et celles qui permettent de tirer un bénéfice scientifique des séjours dans l'environnement extraterrestre. Il a également affirmé, que le moment viendra bientôt où l'homme pourra participer au guidage et à l'orientation dans l'espace des vaisseaux cosmiques – ses mots qui s’avéreront une prophétie.
Iouri Gagarine est également intervenu à l’UNESCO, exprimant son souhait que cette organisation participe à la promotion et au développement des sciences spatiales.
Pour ce passage à Paris, il a eu l’occasion de monter tout en haut de la tour Eiffel pour admirer les quartiers et les rues de la capitale. À chacune de ses sorties, partout où il passait, le cosmonaute, souriant, répondant aux vivats de la foule, bouleversait la
circulation dans les rues et provoquait parfois des réactions sincères et surprenantes des gens qu’il rencontrait. Sur la tombe du Soldat inconnu, un ouvrier lui a remis sa médaille de participant à la Résistance.
Au salon du Bourget
En juin 1965, Iouri Gagarine a assisté au 26ème Salon de l'aéronautique et de l'espace du Bourget. Cette année, la participation de l'URSS fut spectaculaire. Le premier cosmonaute en personne assurait la présentation du Vostok, sans arrêt sollicité pour des autographes et poursuivi en permanence par des attroupements pour tous ses déplacements sur le site. Les soviétiques ont également révélé la maquette de l'avion supersonique Tupolev 144, concurrent du Concorde et, enfin, ont fait la démonstration du cargo géant Antée.
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Lors de ce salon, Gagarine s'est levé dans le ciel au-dessus de Paris à bord d’un hélicoptère Mi-6 en tant que copilote. Lorsque l’appareil a atterri, le commandant de l’appareil, Kolochenko, a annoncé aux passagers : « Mesdames, Messieurs ! L'hélicoptère dans lequel vous venez de voler a été piloté par le premier cosmonaute de la planète, Iouri Gagarine ! ». Cela a provoqué une explosion d'émotions. Quelqu’un a même essayé d’arracher un bouton de sa veste en guise de souvenir.
Après la clôture du salon du Bourget, Iouri Gagarine a été invité avec ses collègues cosmonautes Komarov, Feoktistov et Egorov à visiter l’île de Bendor, par son propriétaire Paul Ricard. Inventeur du pastis, créateur de tout un empire industriel, philanthrope et fervent communiste, Ricard a gagné la faveur de la nomenklatura soviétique, grâce à quoi ce voyage privé de cosmonautes russes sur la Côte d'Azur est devenu possible.
Les deux jours se sont déroulés dans une ambiance très chaleureuse et amicale. Iouri Gagarine a pu admirer la côte, coupée de calanques, à vol d'oiseau à bord d'un avion sportif appartenant à l’un des fils de Paul Ricard. Les cosmonautes ont apprécié la plage, le confort d'une île miniature, la richesse de la cuisine méditerranéenne ... et ont été très surpris par le fait que toute cette beauté puisse être une propriété privée.
De retour à Paris, le 25 juin, la délégation soviétique est partie à bord d’une Caravelle, pilotée par Léopold Galy à Toulouse. Elle a été accueillie en grande pompe dans les locaux de Sud-Aviation à Saint-Martin-du-Touch. À Blagnac, où le projet Concorde se concrétisait justement à cette époque, la délégation a vu les installations où des pièces de l’avion étaient soumises aux essais de fatigue. Gagarine a été très impressionné par cette visite, les Soviétiques venant tout juste de démarrer le travail sur leur supersonique Tupolev Tu-144.
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Au retour de ce voyage, à Moscou, Iouri Gagarine reçoit une invitation à l'ambassade de France, où on lui remet solennellement les clés du tout nouveau Matra-Bonnet Djet V, une berlinette icône de la jet-set française des années 60. Un cadeau en apparence étrange, mais le fait est que lors du salon du Bourget, le cosmonaute s’était longtemps attardé sur le stand du constructeur aéronautique français Mécanique-Aviation-Traction qui présentait son produit dérivé, l’automobile de sport Matra-Bonnet. Elle était dotée d’une carrosserie en polyester et fibre de verre qui ne pesait que 615kg. Avec un moteur Renault de 95cv, la voiture pouvait rouler jusqu’à 200km/h, une performance inimaginable pour l’industrie automobile soviétique. Il parait que Gagarine fut littéralement scotché au stand du constructeur. L'intérêt du cosmonaute pour cet engin s’était avéré si vif et sincère, que la direction de l'entreprise Matra a donc pris la décision de lui en faire cadeau, prévoyant, bien évidemment, l’effet qu’un tel geste pourrait produire sur les ventes. Hélas, avec tout l'amour du premier cosmonaute pour la vitesse, il n’a pas beaucoup roulé au volant de ce bijou de la technologie occidentale dans les rues de Moscou.
En 2016, une sculpture de presque trois mètres de hauteur a été érigée dans la ville de Montpellier, sur le pont qui porte le nom de Gagarine. Elle représente un homme souriant, les bras ouverts, prêt à enlacer la Terre entière. Son visage est tourné en direction de la Russie, son pays natal. « Pont Youri Gagarine – Premier homme dans l'espace », indique le panneau.
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