En septembre 1812, les troupes de Napoléon ont occupé Moscou. La plus grande partie de la ville a été détruite par un terrible incendie qui a fait rage pendant plusieurs jours. Il y a peu d'images de Moscou « avant l'incendie » - la peinture de paysages n'était pas répandue en Russie à la fin du XVIIIe siècle - début du XIXe siècle. Des sources précieuses sont ici fournies par les œuvres d’artistes européens qui se trouvaient alors en Russie.
L'un de ces artistes était Cornelis de Bruijn, un voyageur, écrivain et artiste néerlandais qui a visité l'Empire russe au début du XVIIIe siècle. Il a été admis à la cour de Pierre le Grand et a laissé de précieux témoignages sur la vie de la Russie à cette époque.
Dans un livre publié à son retour aux Pays-Bas, de Bruijn a décrit en détail l'aménagement et l'apparence architecturale de la ville. Il a été en particulier très étonné par la vente de maisons « qui sont complètement prêtes à être vendues, notamment les chambres et différentes pièces. Ces maisons sont construites en rondins ou en troncs d'arbres, assemblées de manière à pouvoir être démontées, déplacées en morceaux n'importe où, puis réassemblées en un laps de temps très court ».
En outre, de Bruijn a décrit les fêtes et les coutumes des Moscovites, leurs vêtements et leur nourriture, en particulier le chou, ainsi que les concombres, qui, selon les Néerlandais, étaient couramment consommés ici, comme dans d'autres pays on mange des pommes ou des poires.
Sur ordre du tsar, il a créé plusieurs portraits de princesses russes, mais le fait plus notable est que de Bruijn est devenu le premier étranger à avoir eu l’occasion de dessiner divers bâtiments intéressants de Moscou et d’autres régions de Russie. En outre, il a créé un vaste panorama unique (196 x 32 cm) de Moscou depuis les monts des Moineaux, pratiquement depuis le bâtiment moderne de l'Université de Moscou, l'un des célèbres « gratte-ciel de Staline ».
L’histoire d’un autre artiste ayant travaillé en Russie à la fin du XVIIIe siècle, Gérard de la Barthe, est moins connue. On sait qu'il est né à Rouen en 1730, a fait ses études à Paris et, à la fin des années 1780, est venu en Russie, où il a peint une série de vues de Moscou et de Saint-Pétersbourg. Il a réalisé non seulement des paysages urbains, mais également des œuvres de genre à part entière.
En examinant l'un des premiers paysages de Moscou créés par de la Barthe, il est difficile d'imaginer que ce quai recouvert de sable et ses maisons en bois se trouvent à quelques centaines de mètres du Kremlin, où se trouve aujourd'hui la cathédrale du Christ-Sauveur. Un chien qui se jette sur un os, des mendiants qui font l’aumône, des nobles se promenant, des roturiers et des porteurs donnent une image hétéroclite de la vie dans cette ville.
Détail curieux : sur de nombreuses œuvres de de la Barthe, les tours et des murs du Kremlin, construits en brique rouge, sont représentés en blanc. C'est l'une des preuves que la célèbre forteresse de Moscou était blanchie à la chaux régulièrement pendant plusieurs siècles.
L'histoire d'un autre artiste français - Auguste-Jean-Baptiste-Antoine Cadolle - pourrait constituer la base d'un film d'aventure.
Fils d'un bourgeois parisien appauvri, il rêvait de devenir peintre et avait même étudié dans l'atelier du célèbre peintre paysagiste Jean-Victor Bertin. En 1812, il s’est enrôlé dans l'armée de Napoléon. Certes, sa carrière militaire a été de courte durée : en 1813, Cadolle a été capturé par les Russes. En raison de son caractère léger, il a appris le russe et, un an plus tard, il est rentré en France.
En 1819, sur ordre du roi Louis XVIII, il s’est rendu en Russie pour étudier la peinture et esquisser la restauration de Moscou après l'incendie. En fait, le jeune homme est devenu un agent secret.
Une de ses œuvres les plus intéressantes et les plus symboliques représente le boulevard Tverskoï avec des Moscovites en train de se promener : à l’automne 1812, lorsque Napoléon est entré à Moscou, c’est ici qu’avait été organisé le camp des soldats français. Presque tous les tilleuls ont été abattus et ont servi de combustible. Sur les feux de bois, on mettait des chaudrons contenant de la nourriture, et c’est ici que l’on faisait le tri parmi les biens volés aux résidents.
Dans cette autre publication, nous vous parlons d'Élisabeth Vigée Le Brun, cette Française qui a marqué l’histoire de la peinture russe
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