La guerre de Crimée (de l'Est), qui opposa la Russie aux forces britanniques, françaises et turques, donna naissance à de nombreuses choses, y compris les cagoules balaclava et les correspondants de guerre. C’était aussi la première guerre lors de laquelle on utilisa des télégraphes et la photographie, et sa couverture est allée jusqu'aux États-Unis, où les gens étaient suspendus à ce qui se passait.
Henry Worall (1825 - 1902)
Kansas Historical SocietyComme l'écrivait le journaliste Alexander Zaïtchik, basé à la Nouvelle-Orléans, Henry Worall, professeur de musique au Collège de femmes de l'Ohio, né à Liverpool, était profondément inspiré par l'héroïsme des troupes russes lors de la légendaire défense de Sébastopol. En plus des leçons quotidiennes, Worall écrivait également des brochures d’instructions pour les guitaristes.
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Elizabeth Cotten
Getty ImagesEn 1856, année de la fin de la guerre, Worall compose une mélodie intitulée « Sébastopol : une fantaisie descriptive pour guitare », une mélodie simple jouée en accord de do. La mélodie était censée évoquer le rythme d’une marche militaire.
Ce qui a contribué à l’énorme popularité du morceau, c’est sa simplicité : même les débutants pouvaient le jouer. À l’époque, la plupart des amateurs apprenaient à jouer de la guitare avec des « guitares Parlor » relativement peu coûteuses et petites, livrées avec de petits livres de partitions simples. La plupart d’entre eux incluaient « Sebastopol » de Worall. Donc, si quelqu'un apprenait à jouer dans les années 1870 et dans les années 1890, il est probable qu’il aurait connu cette mélodie. Son nom, compliqué pour une oreille américaine, s'est rapidement transformé en « Vastopol », puis en « Vestapol », et le réglage « open de do » a rapidement été baptisé « réglage Vestapol ».
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L'accord simple et les notes sont devenus extrêmement populaires dans le delta du Mississippi, où la guitare est devenue l'instrument fondateur d’une nouvelle musique appelée « blues ». Ainsi, les formes d'accordage et le « Vestapol » utilisés dans la mélodie ont constitué les ancêtres du doigté classique de Delta.
Contre toute attente, la chanson a survécu : elle a retrouvé sa popularité lors de la « redécouverte » du blues dans les années 1950 et 60. Elle a été interprétée vers 1960 par la légendaire chanteuse de blues Elizabeth « Libba » Cotten, puis retravaillée et popularisée par le guitariste John Fahey, maître du fingerpicking, sous le nom « Poor Boy’s A Long Way From Home » (bien qu'il existe également une édition album intitulée « Siege of Sébastopol »). Mais à la base, tout est né de l’impression de Henry Worall selon laquelle des Russes intrépides défendaient courageusement leur avant-poste.
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