Nicolas Ier: un tsar guerrier sur le trône

Histoire
ALEXEÏ MOSKO
Officier militaire dévoué, le tsar Nicolas Ier a passé son règne engagé dans une lutte effrénée contre les ennemis internes et externes du pays.

Petit-fils de l'impératrice Catherine la Grande, Nicolas avait peu de chances de monter sur le trône. Mais c'est lui qui s’y hissa en décembre 1825 après la mort de son frère aîné, le tsar Alexandre Ier, et l'abdication de leur frère, le grand-duc Konstantin Pavlovitch. 

Nicolas a perdu son père, le tsar Pavel Ier, qui a été déposé et assassiné en 1801 alors qu'il n'avait que quatre ans. Élevé par sa mère Maria Fiodorovna, née Sophie Dorothea de Württemberg, il a hérité de la passion de son père pour le service militaire.

Spectateur fougueux des montures de la garde et des défilés militaires, Nicolas, âgé de 16 ans, voulait désespérément voir l'action de ses propres yeux pendant l'invasion de la Russie en 1812. Cependant, son frère Alexandre ne lui permit de rejoindre l'armée que pendant la campagne allemande en 1813-1814.

Le tsar nouvellement intronisé n’a pas tardé à passer à l'action, réprimant la révolte des décembristes en décembre 1825. La rébellion était dirigée par un groupe d’officiers rebelles opposés à la monarchie et favorables aux libertés. Plusieurs des officiers ont été pendus, mais la majorité a été envoyée en exil en Sibérie

Le début turbulent de son règne a conforté Nicolas Ier dans sa volonté de renforcer son pouvoir. L'un de ses premiers décrets fut celui concernant la création du troisième département, une police secrète chargée de prévenir les révolutions et autres troubles. 

Nicolas Ier a également ordonné l'espionnage et la censure de nombreux auteurs clés de l'époque, y compris Alexandre Pouchkine, considéré par le tsar comme un dangereux chef de file libéral.

À la même époque, Nicolas Ier fut assez astucieux pour apprécier le talent littéraire du jeune Léon Tolstoï et faire l'éloge du roman phare de Nicolas Gogol, Les âmes mortes.

Cependant, la littérature comptait peu pour le tsar, qui lui préférait l'ingénierie. Nicolas Ier était personnellement impliqué dans presque tous les grands projets de construction architecturale et routière en Russie à l'époque.

Nicolas Ier a orchestré et achevé le premier chemin de fer russe qui reliait Saint-Pétersbourg à Moscou en 1851. Il eut l’idée de rendre les voies plus larges afin d'empêcher l'ennemi de les utiliser.

Cette prévoyance s'est révélée prophétique lorsque les troupes nazies ont lancé l’invasion 100 ans plus tard, en 1941.

La haine de Nicolas Ier pour les révolutions a même débordé en Europe. Ses vigoureuses manœuvres militaires visant à réprimer les rébellions en Pologne (1830) et en Hongrie (1848-1849) ont contribué à donner à la Russie l’image de gendarme de l'Europe.

Les tensions en Europe ont débouché sur l'énorme conflit militaire connu sous le nom de Guerre de Crimée (1853-56), lorsque la Russie a lutté contre une coalition composée de la Grande-Bretagne, de la France, de la Sardaigne et de l'Empire ottoman dans la mer Noire, les Balkans et l'océan Arctique.

Après trois ans de violents combats, dont le célèbre siège de Sébastopol, la Russie a été obligée de capituler et d'abandonner sa flotte de la mer Noire.

Certains pensent que la défaite de la Guerre de Crimée a provoqué la mort soudaine de Nicolas Ier en mars 1855, à l'âge de 58 ans.

Les droits sur cette publication sont la stricte propriété du journal Rossiyskaya Gazeta

Dans cet autre article, découvrez quelle part de sang russe coulait à l’époque dans les veines des Romanov.