Sur la disposition des Russes à se priver de nourriture si nécessaire
La Russie a été construite par une élite qui transportait des serfs dans des champs lointains et par des tsars qui proclamaient : « Cette terre marécageuse sera la ville d'Odessa ou la ville de Saint-Pétersbourg ». Ils sont soutenus en partie par une sorte de mystique de leurs difficultés et par leur vision. Ils ont survécu pendant des siècles sous la domination des Mongols.
Charles XII de Suède a envahi la Russie [au début du XVIIIe siècle] parce qu'il pensait qu'il serait facile d'imposer un dirigeant suédois à Moscou. Ce qu'il a trouvé, ce sont des paysans russes brûlant leurs propres récoltes afin de priver les envahisseurs de nourriture. Ils se seraient affamés avant de pouvoir le laisser prendre le contrôle de leur pays. Il avait marché à travers l'Europe, mais il n'avait jamais vu ça auparavant. Ses troupes ont été forcées d'aller au sud en Ukraine juste pour survivre, où elles ont finalement été vaincues.
La Russie sauve le monde
Peu de pays dans l'histoire ont déclenché plus de guerres ou provoqué plus de troubles que la Russie dans sa quête éternelle de sécurité et de statut. Il est également vrai qu'à des moments critiques, la Russie a sauvé l'équilibre du monde des forces qui cherchaient à l'accabler : des Mongols au XVIe siècle, de la Suède au XVIIIe siècle, de Napoléon au XIXe siècle et d'Hitler au XXe siècle.
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À l'époque contemporaine, la Russie sera importante pour vaincre l'islam radical, en partie parce qu'elle abrite quelque 20 millions de musulmans, en particulier dans le Caucase et le long de la frontière sud de la Russie. La Russie sera également un facteur d'équilibre de l'Asie.
Sur la Russie qui n’est nulle part «chez elle»
De Pierre le Grand à Vladimir Poutine, les circonstances ont changé, mais le rythme est resté extraordinairement cohérent... [La Russie] est une puissance « eurasienne » unique, qui s'étend sur deux continents mais qui n'est jamais entièrement à l'aise dans l’un de ces deux ensembles... [Elle a appris la géopolitique] à la dure école de la steppe, où un ensemble de hordes nomades se disputaient les ressources sur un terrain ouvert avec peu de frontières fixes.
Sur Brejnev en tant que précurseur de Gorbatchev
J'ai considéré rétrospectivement [le leader de l'URSS Leonid] Brejnev comme une sorte de précurseur de [l'architecte de Perestroïka Mikhaïl] Gorbatchev (...) Il ne voulait pas de conflit. Il était éloquent en disant ces choses (...) Je pense qu'il voulait sincèrement un relâchement des tensions avec les États-Unis (...) Malheureusement, au moment où nous étions en mesure de le faire, le débat a évolué aux États-Unis et chaque aspect de la soi-disant détente est devenu controversé (...). J'ai toujours considéré Brejnev comme celui qui voulait vraiment explorer le relâchement des tensions, en partie parce que la question du maintien de son système devait lui être devenue évidente à ce moment-là.
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Sur Poutine comme personnage de Dostoïevski
[Poutine] est un personnage de Dostoïevski, et c’est un homme avec un grand sens de la connexion et une connexion intérieure à l'histoire russe telle qu’il la voit : c’est un calculateur froid de l'intérêt national russe tel qu’il le conçoit, un intérêt qui dans son esprit, probablement à juste titre, possède des caractéristiques tout à fait uniques. Pour lui, la question de l'identité russe est donc cruciale car, à la suite de l'effondrement du communisme, la Russie a perdu près de 300 ans d'histoire ; la question« Qu'est-ce que la Russie ? » et très présente dans leur esprit et c'est un problème que nous n'avons jamais eu.
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