1. Kim Philby
Philby, le membre le plus connu du cercle d'espionnage soviétique des Cinq de Cambridge au Royaume-Uni, détenait à la fois les plus hauts prix d'Etat britannique et soviétique. En 1945, pour ses réalisations pendant la Seconde Guerre mondiale, il reçoit l'Ordre de l'Empire britannique de la part de la reine Elizabeth II. En 1947, à l'approche de la guerre froide, Joseph Staline lui décerne l'Ordre du drapeau rouge.
Il a commencé à coopérer avec les services secrets soviétiques au milieu des années 1930, peu après avoir terminé Cambridge. À peu près au même moment, le travail de Philby pour le renseignement britannique a commencé. Il a rapidement gravi les échelons et après la Seconde Guerre mondiale, on pense qu'il était pressenti pour devenir le chef du service de renseignement britannique. Bien que cela ne soit jamais arrivé, il a occupé des postes importants qui lui ont permis de fournir à l'URSS des informations précieuses.
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Quand il fut nommé chef des services secrets britanniques pour la Turquie en 1947, il s'est assuré que Moscou soit informé des activités des espions qui tentaient d'infiltrer la frontière sud de l'URSS. La Turquie était l'une des principales plate-formes prévue pour l'activité clandestine à l'époque. En conséquence, le groupe d'infiltrés a été abattu à la frontière par les troupes soviétiques. Selon un historien russe étudiant les services secrets, c'était un signal clair appelant l'Occident à abandonner une telle tactique.
Plus tard, en 1949, Philby devint le principal représentant du renseignement britannique à Washington, D.C. En vertu de cette position, Philby a eu accès aux informations de la CIA concernant le coup d'État prévu contre le dirigeant albanais pro-soviétique Enver Hoxha. Après la fuite de l'information à Moscou, les commandos albanais ont été abattus alors qu'ils étaient parachutés au sol. Hoxha a conservé son poste.
Philby a fui en URSS en 1963 quand il était sur le point d'être découvert. Ensuite, pendant un quart de siècle, il a vécu en Union soviétique. Dans une interview du Sunday Times à la fin des années 1980, il avouait que malgré le fait que « la vie ici [en Russie] ait ses difficultés, je suis attaché à ce pays et je n'aimerais vivre nulle part ailleurs ».
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2. George Blake
Si Philby a passé un quart de siècle en URSS, un autre agent double originaire de Grande-Bretagne, George Blake, a quant à lui vécu en Russie pendant plus de 50 ans après s'être échappé d'une prison britannique.
En novembre dernier, à l'occasion de son 95e anniversaire, il a expliqué pourquoi il avait changé d'allégeance au début des années 1950. Selon lui, les événements de la guerre de Corée ont joué un rôle déterminant, car il a vu des dizaines de civils tués par la « machine militaire américaine ».
« C'est alors que je me suis rendu compte que de tels conflits font peser un danger mortel pour toute l'humanité et j'ai pris la décision la plus importante de ma vie. J'ai entamé une coopération active et non rémunérée avec les services secrets soviétiques dans le but de défendre la paix dans le monde », écrit Blake dans une lettre adressée au service de renseignement russe de l'époque moderne.
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Blake était employé par le MI6 pendant la Seconde Guerre mondiale. Quand la guerre de Corée prit fin, il revint à Londres. On affirme que c'est alors qu'il informa l'URSS de l'intention de la CIA et du MI6 de creuser un tunnel entre Berlin-Ouest et Berlin-Est pour espionner les communications terrestres du quartier général de l'armée soviétique en Allemagne de l'Est - une opération appelée « Gold » ou « Stopwatch ».
Bien que ce fût techniquement complexe, le tunnel a été creusé et équipé des outils d'écoute nécessaires. Moscou ne l'a pas démasqué pour éviter de compromettre Blake. Le tunnel a été « découvert » 11 mois après le début des écoutes (quand Blake avait déjà reçu une nouvelle affectation au MI6). Le scandale qui a éclaté a entaché la réputation de la CIA.
En 1961, Blake a été trahi par un officier de renseignement polonais. Il a été condamné à 42 ans de détention dans une prison britannique. Quatre ans plus tard, il a réussi à s'échapper de prison, en utilisant une échelle de corde et des aiguilles à tricoter, et a finalement trouvé son chemin vers Moscou, où il a vécu par la suite. Dans une lettre, il écrivait que « la Russie est devenue ma deuxième patrie... »
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3. Aldrich Ames
Bien que les représentants des services de renseignement américains aient quelque peu tancé leurs collègues britanniques pour ne pas avoir démasqué plus tôt les principaux espions soviétiques, ils ont eux-mêmes été éclaboussés par un scandale de « taupe » qui a terni l'image de la CIA et coûté son poste à son chef.
Tout a commencé au milieu des années 1980, lorsque le chef du contre-renseignement soviétique de la CIA, Aldrich Ames, a commencé à coopérer avec le KGB. Cela a duré près de 10 ans jusqu'à son arrestation en 1994. On pense qu'Ames a compromis une centaine d'opérations de la CIA et contribué à démasquer de nombreuses « taupes » de la CIA en URSS puis en Russie. Certains de ces agents ont été exécutés par les autorités pour espionnage.
Il a admis devant le tribunal qu'il avait compromis « pratiquement tous les agents soviétiques de la CIA et d'autres services américains et étrangers connus ». On estime que Moscou a utilisé Ames pendant des années pour semer la désinformation sous forme de rapports de la CIA reçus par trois présidents américains.
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On estime que la CIA est tombée sur Ames en raison d'une augmentation soudaine de son niveau de vie. La maison qu'il a achetée pour un demi-million a été payée en espèces, et la voiture de luxe Jaguar qu'il a achetée a également fait froncer des sourcils. Dans le même temps, l'ancien patron du KGB, Vladimir Krioutchkov, écrivait dans son livre le Dossier personnel que « le niveau de gestion d'un tel agent [Ames], ses qualités personnelles et professionnelles permettent de conclure avec une grande certitude que nous avons ici affaire à un cas de trahison ».
Ames a été condamné à la prison à vie. Son cas a provoqué un tollé au Congrès américain et a conduit à la démission du directeur de la CIA, James Woolsey.
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