La cathédrale Saint-Basile n'existerait plus si cet homme n'avait pas réussi à persuader Staline

Histoire
NIKOLAÏ CHEVTCHENKO
Le gouvernement soviétique avait prévu de détruire le bâtiment emblématique pour assurer le passage des chars.

Vous auriez pu ne jamais prendre de photo avec la cathédrale Saint-Basile en arrière-plan... En 1935, alors qu'une campagne contre la religion battait son plein en URSS, Joseph Staline a tenu une réunion où l'élite politique du pays a décidé du nouvel aspect architectural de la capitale.

L'un des politiciens les plus influents de la salle, Lazar Kaganovitch, a enlevé une maquette de la cathédrale de la carte pour créer des « portes » aisément franchissables destinées aux chars défilant sur la place Rouge. Selon cette légende urbaine infondée, la réaction de Staline fut laconique et furieuse : « Remets-la », ordonna le dictateur.

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Personne ne semble avoir une preuve documentée de cette rencontre brève mais fatidique, mais beaucoup pensent qu'un simple architecte, Piotr Baranovski, a sauvé le point de repère emblématique qui avait effectivement été retiré du plan futur de la capitale.

La croisade d'un architecte

Ingénieur et spécialiste de l'art, Piotr Baranovski a fait de la sauvegarde et de la restauration de monuments architecturaux, le plus souvent de nature religieuse, le travail de toute sa vie à une époque où montrer de la sympathie à l'égard de l'église pouvait receler de graves problèmes.

Après la Révolution, le gouvernement soviétique a lancé une campagne très virulente contre la religion, qui présentait le clergé comme un obstacle sur la voie de la société sans classes que les Soviétiques s'apprêtaient à construire. Dans un contexte où les anciennes églises étaient transformées en salles de sport, en cinémas, en entrepôts, en dortoirs et en granges, Baranovski mena une campagne tout aussi furieuse pour préserver les bâtiments architecturaux restants pour la postérité.

L'architecte est responsable de la restauration d'innombrables églises et autres monuments architecturaux, y compris Kroutitsy, Kolomenskoïe et la cathédrale de Kazan. Il est impossible d'imaginer Moscou sans aucun de ces lieux emblématiques aujourd'hui, mais personne n'aurait pu garantir à l'époque qu'ils survivraient à la domination soviétique. En effet, la cathédrale de Kazan a finalement été démolie.

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Un télégramme au Kremlin

Cependant, la plus grande victoire de l'architecte a été la cathédrale Saint-Basile. La fille de l'architecte, Olga Baranovskaïa, a découvert des rumeurs selon lesquelles son père s'était enfermé à l'intérieur de la cathédrale pour contrecarrer physiquement sa démolition, mais elle ne se souvient pas de ces événements improbables.

Au lieu de cela, elle croit que le combat de son père était moins dramatique, mais tout aussi dangereux et de grande portée: l'architecte a envoyé un télégramme à Staline en personne, croit-elle.

« Il a quitté le bureau [de Kaganovitch] en protestant [contre la démolition] et a claqué la porte. Il s'est dirigé vers la poste et a écrit un télégramme : +Moscou. Kremlin. Au camarade Staline. S'il vous plaît, empêchez la démolition de la cathédrale Saint-Basile parce qu'elle causera un préjudice politique au régime soviétique+ », a rappelé Baranovskaïa en évoquant le destin de son père.

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Personne n'a vu le télégramme et les autres comptes-rendus du sauvetage miraculeux de la cathédrale, qui vont de Baranovski menaçant de se suicider, de s'enfermer dans la cathédrale, ou de combattre la bureaucratie soviétique jusqu'au sommet.

Il est peu probable que la vérité soit distillée à partir d'histoires embellies et soigneusement façonnées pour la postérité, mais une chose est certaine: la cathédrale Saint-Basile se dresse fièrement sur la place Rouge, attirant des millions de touristes fascinés de toutes les régions du monde. Et Piotr Baranovsky est certainement l'homme qu'il faut remercier pour cela.

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