L’ancien ministre russe des Finances Alexeï Koudrine.
Komsomolskaya Pravda / Global Look PressLa Russie pourrait doubler son PIB d’ici 2035, estime l’ancien ministre russe des Finances Alexeï Koudrine, co-auteur d’un nouveau programme économique conçu pour Vladimir Poutine, et président de l’un des principaux think-tank du pays, le Centre de recherches stratégiques (CRS). Pour cela, il faudra mener d’importantes réformes qui doivent modifier la structure de l’économie russe, estime-t-il.
« Actuellement, l’économie russe se développe moins bien que pendant l’époque de stagnation de l’URSS », a asséné Alexeï Koudrine au début de son intervention au Forum économique de Gaïdar qui s’est tenu à Moscou le 13 janvier.
Avec la crise et la dévaluation du rouble en 2014, le PIB s’est contracté de 3% en 2015 et devrait se contracter de 0,5% en 2016, selon les estimations du ministère russe des Finances. Il est tout à fait possible d’inverser cette tendance : pour cela, il faut lancer les réformes structurelles évoquées par le gouvernement depuis de longues années, estime Koudrine. « Les mesures que le pays, le gouvernement et le président doivent prendre sont inhabituelles et assez sérieuses », a-t-il déclaré.
Pour lui, les réformes structurelles doivent permettre de répondre au défi démographique, au manque d’investissements, y compris au problème des sanctions, au retard pris sur les marchés financiers et dans le domaine technologique, à la faible productivité et aux lacunes de l’administration publique.
Dans leur note analytique, les collègues de Koudrine au sein du CRS, les économistes Pavel Trounine et Evseï Gourvitch, affirment qu’à moyen terme, la croissance s’élèvera à 2–2,5%, mais en 2025–2030 atteindra 4–4,4%, d’après le document cité par le quotidien RBC. Doubler le PIB en 19 ans « n’est pas un objectif si ambitieux que ça », estiment les économistes.
L’économie russe devrait commencer à croître dès 2017. L’agence Moodyʼs annonce qu’après deux ans de récession, la Russie devrait afficher une croissance positive du PIB de l’ordre de 1% cette année.
Le problème de l’économie russe n’est pas de retrouver la croissance après la crise, mais de faire en sorte qu’après une courte période de croissance, elle ne « retombe dans la stagnation », a affirmé Ksenia Ioudaïeva, premier adjoint du directeur de la Banque centrale, au Forum de Gaïdar lors du rapport de la Banque mondiale. C’est bien pour cela que les réformes structurelles sont nécessaires, estime-t-elle.
Les principaux secteurs sur lesquels la Russie concentre son commerce extérieur sont des secteurs saturés au niveau mondial (pétrole, gaz, métallurgie, etc.), estime Ioudaïeva. « Notre économie doit changer de spécialisation et fabriquer ce que les autres ne fabriquent pas. Elle doit être plus souple face aux défis du marché globalisé », explique-t-elle.
La récession de ces deux dernières années est la conséquence de la dynamique négative des prix des matières premières. D’un autre côté, cette dynamique négative encourage le développement de mesures alternatives visant à accélérer la croissance économique, estime Sergueï Khestanov, conseiller en macroéconomie du directeur général d’Open Broker.
Il estime que la croissance pourrait être stimulée par la diversification de l’économie, la suppression des barrières administratives et l’amélioration de la protection du droit de propriété, inscrites dans le programme de réformes structurelles proposé par Alexeï Koudrine. « Ces incitations ne supposent pas une croissance rapide, mais si elles sont réalisées avec succès, elles rendront la croissance bien plus stable », précise Khestanov.
Les prévisions d’Alexeï Koudrine et du CRS peuvent être réalisées si la politique budgétaire et monétaire actuelle du gouvernement et de la Banque centrale russe est maintenue, estime Timour Nigmatoulline, analyste du groupe FINAM. « Le principal problème auquel l’économie russe était confrontée avant même les sanctions et la chute des prix du pétrole, c’est le piège du revenu intermédiaire », explique Nigmatoulline.
Pour éviter ce piège, la Banque centrale russe doit continuer à cibler une inflation de 4%, estime l’analyste.
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