Choix de la rédaction: Cinq films à voir au Festival du cinéma russe à Honfleur

Klim Shipenko/Central Partnership, Start Studio, 2019; Festival du cinéma russe à Honfleur
Le Festival du cinéma russe de Honfleur, l'un des plus importants à l'étranger, ouvre ses portes le 19 novembre. Cette 27ème édition présente, comme de coutume, un florilège d’œuvres du cinéma d’auteur russe sorties au cours de l’année écoulée. Cette année, le programme de compétition du festival a rassemblé huit films, tandis que 14 long-métrages participent à des programmes hors compétition et à des rétrospectives. Russia Beyond en a sélectionné cinq comptant parmi les plus intéressants.

Russia Beyond désormais sur Telegram! Pour recevoir nos articles directement sur votre appareil mobile, abonnez-vous gratuitement sur https://t.me/russiabeyond_fr

Divorçons !

Film d'ouverture

Réalisatrice Anna Parmas

Anna Parmas est devenue célèbre il y a plusieurs années en tant que réalisatrice de clips satiriques pour le groupe russe Leningrad. Au total, les vidéos de Parmas ont été visionnées sur YouTube environ 200 millions de fois. Divorçons ! est conforme au style et à la thématique de ses vidéoclips - il s’agit d’un film dynamique et plutôt spirituel explorant le monde intérieur d’une femme russe moderne.

Le personnage principal, interprété par Anna Mikhalkova, apprend au seuil de son 40e anniversaire que son mari la quitte pour une femme plus jeune et plus attirante. L'héroïne tente d'abord coûte que coûte de le convaincre de rester. Mais elle se rend peu à peu compte qu'il n'y a rien de mieux que de recommencer sa vie de zéro, d'être libre et indépendante - on peut ainsi dire que Parmas explore, de manière comique, la pénétration de la pensée féministe dans la conscience collective du public russe.

Lire aussi : Cinq films russes sortis 2019 que vous devez à tout prix regarder 

Texto

En compétition

Directeur Klim Shipenko

Une adaptation cinématographique d’un roman de Dmitri Gloukhovski devenu best-seller national en 2016. Le personnage principal – l’étudiant de la faculté de philologie Ivan Goriounov - est condamné à sept ans de prison après que la police a placé de la drogue dans ses affaires pour le piéger. De retour dans sa ville natale après avoir purgé sa peine, il a soif de vengeance. Après avoir réglé son compte à l'homme qui a brisé sa vie, Ivan met la main sur son smartphone. Grâce à lui, il commence à contrôler la vie des proches de son agresseur.

Texto n'est pas uniquement un film sur l'impact de la numérisation sur nos vies, ni même l'histoire d’un comte de Monte-Cristo des temps modernes, même si ces deux motifs sont bien sûr présents dans le film. En réalité, Texto est un film sur un « petit homme » qui a su défier des circonstances implacables et l’injustice omniprésente. Par son esprit, le film de Klim Shipenko est proche de l’Hollywood des années 70, dans lequel on trouvait également de nombreux héros condamnés se battre contre les horreurs de la vie et subir une terrible défaite. Et il est agréable de constater que malgré toute la tristesse de son message, Texto se regarde comme un thriller tendu et très excitant.

Le Kérosène

En compétition

Directeur Youssoup Razykov

L'histoire d'une grand-mère russe abandonnée vivant dans une maison près d'une route très animée et qui confond de plus en plus ses rêves et la réalité.

Youssoup Razykov avait joué à peu près le même jeu avec le spectateur dans son film précédent, La Selle turcique. Dans ce film, un colonel à la retraite du KGB, habitué à surveiller des gens à leur insu, imagine comment ils commencent à se livrer à la pire débauche dès qu’il les perd de vue.

Pour l'héroïne de Kérosène, la perte de la raison et son enfermement dans son propre monde intérieur deviennent une planche de salut face à la solitude - lorsque son unique petite-fille l’oublie, la vieille femme échafaude un crime brutal, dont la victime ne serait autre que son ingrate descendante. Fait curieux, à ce moment-là, Le Kérosène se transforme en remake de La Source d’Ingmar Bergman, ce qui n’était jamais arrivé dans le cinéma russe.

Il était une fois dans l’Est

En compétition

Réalisatrice Larisa Sadilova

Le mélodrame de Larisa Sadilova, tourné dans la ville provinciale de Briansk et dans villages environnants, a surpris tout le monde en figurant cette année dans le programme Un certain regard du Festival de Cannes. Au centre de l'intrigue se trouve un triangle amoureux. Un homme marié, camionneur, emmène en secret sa voisine mariée dans ses voyages. Cette relation dure pendant des années, l’homme ne veut rien changer, mais la femme lui demande de quitter sa famille et d’entamer une relation officielle avec elle. Les sélectionneurs du Festival de Cannes ont probablement été captivés par le charme modeste de la province russe - Sadilova n'hésite pas à utiliser des plans rappelant les documentaires, et à un moment donné une grand-mère de village entame même un monologue impromptu de cinq minutes qui éclipse toutes les péripéties amoureuses du film.

Il était une fois dans l’Est ne colle manifestement pas aux tendances de la mode et évolue sur un terrain artistique presque vide, jadis labouré par Vassili Chouchkine et Vladimir Menchov. Ce qui ne le rend que plus précieux.

Lire aussi : Les sept meilleurs films consacrés à la réalité russe

Le Taureau

Hors compétition

Directeur Boris Akopov

Années 90, région de Moscou. Le chef d'un petit gang régional, Anton Bykov, surnommé le Taureau, accepte la mission des autorités criminelles locales – il faut détruire un marché contrôlé par des ressortissants du Caucase. Cette attaque a des répercussions très lourdes : des bandits caucasiens se lancent aux trousses du taureau pour se venger et menacent sa famille et ses amis de représailles imminentes.

Alexeï Balabanov est celui qui avait su le plus honnêtement dépeindre l’époque des années 90 dans le cinéma russe, son film Brat (le frère) étant devenu une icône incontournable de la culture pop de cette époque. Boris Akopov, âgé de 30 ans, tourne un film qui fait écho à Brat et à ses souvenirs d'enfance. Il obtient une romance criminelle convaincante et une nécrologie déchirante des « folles années 90 » et de ses héros. De nouveau, un petit homme lutte seul contre des circonstances insurmontables - le cinéma russe, semble-t-il, est hanté pour longtemps par la lutte perdue d’avance de Don Quichotte russes contre les moulins à vent.

Le programme détaillé de l'événement sera bientôt publié sur le site officiel de l'événement

Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.

À ne pas manquer

Ce site utilise des cookies. Cliquez ici pour en savoir plus.

Accepter les cookies