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« Sanglants » (krovianyé), « fruits du travail » (troudovyé) ou « acquis à l’issue un travail éreintant » ne sont que quelques épithètes utilisées en russe pour remplacer le mot argent.
« En Russie, tout le monde veut être riche, mais on n’aime pas ceux qui le sont devenus, explique l’écrivain Tatiana Tolstaïa, ajoutant : L’argent dans l’esprit d’un Russe est un mal, mais en même temps un mal convoité ».
Pour le peuple russe, l’argent est devenu une sorte de code culturel. Les soucis liés au manque ou au désir d’argent ainsi que la haine des riches occupent une place importante dans la vie, la littérature et le cinéma. Dans de nombreux romans de Dostoïevski, l’argent conduit au meurtre. L’usurier était considéré en Russie comme le mal incarné. Tout un folklore s’est développé autour de l’argent, et l’attitude des Russes envers le « fric » est capturée dans un grand nombre de proverbes. Ils affirment par exemple qu’une personne intelligente se doit d’être économe, et consolent la population en rappelant que l’argent ne fait pas le bonheur.
De plus, dans la langue russe, il existe un grand nombre de mots qui remplacent le mot argent lui-même. Voici les plus populaires.
Roubles
C’est évident : c’est le nom de la devise russe. On utilise toutefois ce mot non seulement pour dire combien quelque chose coûte, mais aussi pour mettre l’accent sur le type de devise utilisé. Les roubles peuvent être synonymes à part entière d’argent. « L’amour ne peut pas être vendu pour des roubles. »
Dans le même temps, de nombreux billets de différente valeur ont leurs propres surnoms populaires, dont beaucoup sont issus du jargon des voleurs.
- 10 roubles - tchirik (ou obsolète : tchervonets, ancien nom de pièces de monnaie)
- 100 roubles – storoubliovka, contraction de « cent roubles » (ou plus obsolète katenka, diminutif de Catherine, car le portrait de l’impératrice Catherine II ornait les billets de banque)
- 500 roubles - poltonny (demi-tonne), piatak, piatikhatka (mots peut-être formés sur la base de « cinq kat’ », c’est-à-dire cinq billets de 100 roubles chacun)
- 1 000 roubles - chtouka ou kossar’ (du mot russe signifiant « oblique », car au début de l’époque soviétique, l’inscription sur le billet était en diagonale)
- Un million de roubles – limon (citron, probablement en raison de la consonance et de la facilité de prononciation en russe ; le mot est apparu dans les années 1920).
Kapousta
Au départ, c’était de l’argot commercial, qui a très probablement été emprunté aux Allemands, auxquels un tas d’argent rappelait des feuilles de chou (kapousta). Ce mot était particulièrement courant à l’époque soviétique. Depuis le milieu du XXe siècle, le jargon carcéral, l’argot des voleurs ou tout simplement l’argot de la rue sont activement entrés dans la langue russe (peut-être en raison du retour d’un grand nombre de personnes des camps). Comme l’écrit Sergueï Dovlatov en 1980 : « Auparavant, le mot kapousta, par exemple, ne pouvait être utilisé que par un fartsovchtchik » (un marchand vendant des objets sous le manteau au crépuscule de l’URSS).
Dans les années 1990, à l’apogée de la transition vers le capitalisme, ce mot est redevenu très populaire, et était souvent utilisé en relation avec les dollars. L’expression « couper du chou » (roubit’ kapoustou), c’est-à-dire gagner de l’argent, est également apparue.
Babki, bablo
Ces mots étaient très populaires dans les années 1990. Ils étaient activement utilisés par les « nouveaux Russes », c’est-à-dire des hommes d’affaires qui s’étaient enrichis de façon plus ou moins honnête grâce au capitalisme naissant. On pourrait dire d’eux qu’ils sont « pri bable », c’est-à-dire qu’ils ont beaucoup d’argent. Ces mots ont une connotation assez négative. « Il s’est vendu pour du bablo », « Tu ne penses qu’aux babki ». Dans l’inconscient collectif, le bablo est avant tout de l’argent gagné de façon malhonnête.
Mais babki signifie grand-mère en russe. Quel rapport avec l’argent ? Il existe de nombreuses hypothèses. L’une d’elles affirme que le mot babki proviendrait d’un jeu qui consistait à renverser des figurines de grand-mère avec des osselets (d’ailleurs, on trouve l’expression « frapper beaucoup de babki », c’est-à-dire gagner beaucoup d’argent).
Il existe également une version selon laquelle ce mot a la même origine que katenka. Apparemment, ceci est à nouveau lié aux billets de banque du XVIIIe siècle, sur lesquels l’impératrice Catherine II était représentée, c’est-à-dire une bonne femme (baba) ou vieille dame (babka).
Lavé
Certains chercheurs pensent que le terme lavé vient du mot anglais love (amour). Pourtant, une autre version semble plus plausible. Lavé était utilisé en russe avant la révolution et était au départ employé par les tsiganes. C’est ainsi que ces derniers, qui étaient des participants incontournables à divers types divertissements au XIXe et au début du XXe siècle, appelaient l’argent. Dans les années 1990 et 2000, le mot a connu un retour en grâce.
Zelionyé, baksy
Dans les années 1990, d’énormes quantités de dollars ont commencé à affluer en Russie. C’est cette devise qui a commencé à être appelée zelionyé (« verts ») en raison de sa couleur. Baksy vient du mot utilisé par les Américains pour qualifier les dollars (« buck »). Cette expression dérive elle-même de « green backs » (« dos verts ») en référence à l’apparence d’une liasse de billets de banque. Le mot a pris racine en Russie.
Dans cet autre article, nous vous expliquions comment le rouble s'est imposé comme la monnaie de la Russie.
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