Lorsque le russe est évoqué sur YouTube par les blogueurs se consacrant aux langues, ils soulignent toujours les horreurs des 3 genres de mots et des 6 cas grammaticaux. Cela pousse alors le spectateur à penser : « Oh mon Dieu, je dois mémoriser des milliers de nouveaux mots + 6 formes et 1 genre pour chacun d’entre eux, c’est impossible ! ».
Le fait est que, si les francophones sont d’ores et déjà habitués au concept de genres des mots (féminin/masculin), contrairement, par exemple, aux anglophones, ils ne sont pas familiers du système de déclinaisons, à la différence, notamment, des germanophones. Ce constat explique cet aspect intimidant de la langue de Pouchkine.
Mettons donc bien au clair les choses. Tout d'abord, la langue russe n'est pas une question de mémorisation des terminaisons, mais de connaissance du système pour les générer.
À titre de comparaison, en mathématiques, il y a une quantité infinie de nombres, mais vous n'avez pas besoin de les mémoriser tous jusqu'à 4 998 pour savoir que le suivant est 4 999, et ce, car il est basé sur un système : après 8 vient toujours 9. Si vous additionnez des nombres, le résultat sera toujours égal et vous le savez, non pas parce que vous avez mémorisé chaque équation dans l'histoire de l'humanité, mais parce que c'est ainsi que le système fonctionne. Passons donc à autre chose !
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Vous connaissez déjà le genre des mots russes
Oui, les mots russes ont tous un genre qui leur est attribué. Tout, qu'il s'agisse d'un objet aléatoire, d'un nom propre ou d'un concept abstrait, est soit masculin, soit féminin, soit neutre. Oui, en russe il existe trois genres. Néanmoins, contrairement à certaines langues comme les germaniques et romanes, où ces genres doivent être mémorisés, en russe, ils sont déterminés (dans la grande majorité des cas) par leur orthographe. La dernière lettre d'un mot russe indique en effet à quel genre il appartient.
De cette façon, le russe est différent et même plus simple que le français, où la terminaison du mot ne permet en rien de savoir qui de « tracteur » ou de « terreur » est féminin. D’ailleurs, vous avez sûrement déjà remarqué que l’écrasante majorité des prénoms masculins russes se terminent par une consonne (Vladimir, Ivan, Aleksander, Stepan, …), alors que les prénoms féminins s’achèvent généralement par un « a » (Maria, Anastassia, Aleksandra, Tatiana, Natalia, Svetlana, …). C’est justement car ils sont régis par ce système de genres.
Pour résumer simplement, les mots masculins se terminent donc par des consonnes (le « ï » est considéré comme une consonne), les mots féminins par « a » et « ia », et les mots neutres par toutes les autres voyelles (mais habituellement par « o », « ié » ou « io »). Pas si compliqué que ça finalement !
La seule difficulté est posée par le signe mou (ь), qui peut être soit féminin, soit masculin, et par de rares exceptions, telles que le prénom Nikita, qui est bel et bien masculin. Toutefois, les règles précédemment évoquées fonctionnent dans 99% des cas. Ainsi, sans même connaître la signification d’un mot, il vous est possible d’en déterminer le genre. Essayez donc avec ces trois termes : ouchanka, politburo et kvas.
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Les « horreurs » des 6 cas grammaticaux
Toute cette histoire de déclinaisons semble intimidante, surtout pour des locuteurs d’une langue n’en comprenant pas, comme le français. Qu’est-ce donc qu’un « cas » ?
En réalité, chacun des cas correspond au rôle grammatical joué dans la phrase par le mot. Par exemple, en français, dans la proposition « Je regarde le chien », le mot « chien » fait office de complément d’objet direct, tandis que dans la phrase « Je joue avec le chien », « chien » sert de complément circonstanciel d'accompagnement. En fonction de ces différents rôles, leur terminaison en russe variera.
Ainsi, si en russe « chien » se dit « sobaka », s’il est utilisé comme COD il deviendra « sobakou », et s’il l’est comme complément circonstanciel de moyen, il apparaîtra comme « sobakoï ».
D’ailleurs, ce système de terminaisons offre une liberté bien plus importante dans l’ordre des mots que dans des langues où les déclinaisons n’existent pas, car, grâce à elles, quelle que soit la place d’un mot dans une phrase, on sait quel y est son rôle. Vous aurez donc bien moins de souci avec la syntaxe en russe que dans bon nombre d’autres langues étrangères.
À noter que chaque genre possède ses propres terminaisons, ce qui signifie qu’il vous faudra tout de même retenir un total de 36 terminaisons (singulier + pluriel compris). Une fois ce système assimilé, la seule difficulté surviendra ici aussi dans le cas de rares exceptions, que vous parviendrez cependant à mémoriser par habitude.
Vous voyez, finalement cela n’a rien de réellement effrayant, si ?
Dans cet autre article, nous nous intéressons aux différents dialectes du russe à travers le territoire de cet immense pays.