La soirée de luxe russe à la Williams, ce sont des danseuses de ballet en tenue légère, le sarrasin, des bonnes sexy dans de vastes salles décorées d’or et des samples du célèbre compositeur Sergueï Prokofiev. Quand les oligarques s’amusent, ils le font à leur manière, avec des accents nationaux.
Le personnage principal est une image combinée de l’oligarque russe qui pille les ressources de son pays, dépense à lui seul autant que la moitié des Occidentaux et construit sa propre station spatiale. Il a un avion sur son yacht, une voiture dans l’avion et une banque dans la voiture. Il est cinglé, ne dit jamais pardon et c’est, visiblement, par lui que viendra la nouvelle révolution, quelque part dans l’espace.
Robbie semble avoir été profondément impressionné par le mariage de la fille de l’oligarque Rachid Sardarov, dont la fortune est estimée à 100 millions de dollars. Williams a chanté à cette cérémonie à Prague en août 2016.
Toutefois, selon la version officielle, le mariage n’y est pour rien. Les Britanniques sont simplement convaincus qu’ils s’amusent mieux que les autres, explique le chanteur à la presse, alors que la notion de « soirée russe » n’existait pas auparavant. Désormais, elle existe.
Cette année, le célèbre comédien slovène Klemen Slakonja a apporté une contribution importante au mythe public sur la Russie. Cependant, son personnage principal russe est le président Vladimir Poutine.
Le clip parodique Putin, Putout est la quintessence de l’actualité occidentale sur la Russie. Slakonja, qui ressemble physiquement à Poutine, y mélange pêle-mêle le groupe punk Pussy Riot, les guerres du gaz, la prétention à l’hégémonie mondiale, les Jeux de Sotchi, le scandale du football et la lutte contre le terrorisme.
Le Poutine de Slakonja est si charismatique que les positions dominantes du président n’en sortent que renforcées, souligne-t-on souvent. Il danse le ballet en tricot, chasse les tigres, s’essaie à l’image impériale, vole dans l’espace et siège sur un trône fait de faucilles et marteaux, qui stylistiquement rappelle le trône de la série Game of Thrones. Bref, il dirige le bal, ou le cirque (si l’on croit le clip) – à vous de voir.
On pourrait penser que cette chanson sur une jeune femme célibataire et malheureuse, qui ne veut pas rentrer seule à la maison, n’a que peu à voir avec la Russie. Pourtant, en 2006, elle a donné naissance à un mème grâce au clip des Britanniques Basement Jaxx.
La vidéo réunit tous les clichés possibles sur la culture des slaves orientaux. Quelque part en Sibérie, la jeune femme et une dizaine d’hommes barbus boivent de l’alcool de contrebande (mais ils ne lui conviennent pas, car ils ne tiennent plus debout), dansent le gopak comme des virtuoses, jouent des balalaïkas surréalistes ornées de portraits de Lénine et de Staline, traînent avec des ours et galopent à cheval. Un « prince russe sur un cheval blanc » – soldat moustachu plutôt grassouillet – court à toute bride rejoindre la jeune femme.
La vidéo finit bien – il l’amène dans son « house », traversant de nouveau la forêt enneigée. Dans Take Me Back To Your House, les artistes électroniques Basement Jaxx ne parlent pourtant pas de ce fameux « house » (foyer) tant désiré par la jeune femme, mais de la musique house qui les a rendus célèbres et qui a conquis le monde entier. Toutefois, rares sont ceux qui ont compris ce sens profond.
Sting – Russians
Dans l’esprit d’un autre Britannique célèbre, Sting, les Russes sont un mystère derrière leur rideau de fer : on ne sait pas ce qu’ils font, en quoi ils croient, pour quoi ils vivent ni comment ils s’amusent. Mais s’ils aiment aussi leurs enfants, le monde est sauvé. C’est ce que chantait le musicien dans sa chanson pacifique Russians, quand Mikhaïl Gorbatchev est arrivé au pouvoir en URSS et que tout le monde était las de la guerre froide.
On était en 1985, plusieurs décennies séparent sa chanson de celle de Robbie Williams et de sa soirée russe, la mystérieuse âme russe est un peu plus compréhensible pour les uns, moins prévisible pour d’autres, seul Prokofiev reste éternel – la chanson de Sting est inspirée de la mélodie de sa suite Lieutenant Kijé.
La chanson sur « la plus grande machine à amour de Russie », le conseiller de l’empereur Nicolas II Grigori Raspoutine, interprétée par ce groupe disco de la RFA, a entrouvert la porte de la politique russe au monde. Raspoutine était, certes, une figure historique connue, mais après la chanson de Boney M. en 1978, il s’est couvert d’une aura de super-héros russe de l’époque impériale.
Le final de l’opus joue un grand rôle : l’homme qui règle les problèmes, sorte d’éminence grise fort charismatique, favori des femmes, est simplement assassiné. « Cet homme doit vraiment partir ! », disent les envieux qui appellent Raspoutine à « leur rendre visite ». On connaît la suite : le conseiller est liquidé. « Les Russes sont comme ça… » (Oh, those Russians), soupirent les Boney M.
Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.
Abonnez-vous
gratuitement à notre newsletter!
Recevez le meilleur de nos publications directement dans votre messagerie.