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La langue des immigrés russes installés dans les pays anglophones est un mélange de russe et d’anglais, appelé runglish. Elle est couramment parlée à Brighton Beach à New York, ce quartier du sud de Brooklyn où de nombreux émigrés soviétiques se sont regroupés dans les années 1970.
Par exemple, pour dire Je conduis une voiture, un Russe de Little Odessa, l’autre nom du quartier de Brighton Beach, peut utiliser le verbe runglish : draïvat’ (du verbe anglais to drive) au lieu de Ya za rouliom. Au lieu de dire Ya zanyat (Je suis occupé) – l’on peut dire Ya busy, au lieu de Sest’ na poezd (prendre un train) – Sest’ na train, mot que l’on trouve déjà dans le poème de Vladimir Maïakovski (трен).
Le terme runglish a été employé en public pour la première fois par le cosmonaute Sergueï Krikaliov. Décrivant sa 5e mission dans l’espace en 2000-2001, il racontait que tous à bord de la Station spatiale internationale sont obligés de parler couramment russe et anglais, c’est pourquoi le runglish y est apparu tout naturellement.
Sergueï Krikaliov, John Phillips et Roberto Vittori
Sergey Kazak/TASSLe runglish est utilisé non seulement par les immigrés russophones dans des pays anglophones, mais aussi par les Russes qui aiment les anglicismes. Déjà durant la période soviétique, on pouvait entendre flat (appartement, au lieu de kvartira en russe) ou girla (jeune fille, au lieu de devouchka [girl]).
De nos jours, sur les réseaux sociaux, les jeunes emploient volontairement des expressions telles que Ispytat’ cringe (avoir honte, au point de se faire tout petit [to cringe]), Eto moï crash (il / est me plaît, parce que je suis séduit(e) [crush]), Segodnya ya na tchilé (je ne fais rien aujourd’hui, c’est-à-dire je me détends [to chill] après une activité intense), Gde proufy ? (où sont les preuves ? [proofs]). De plus, personne n’est surpris par le mot Zapostit’ (de to post). Real story !
Dans cet autre article, découvrez ce que signifie l’expression russe «gratter les coffres à blé».
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