Qui a bâti la «Cité du Diable» de Russie ?

Dmitry Karpunin
Malgré son nom, la Cité du Diable n’a été érigée ni par des démons ni par des hommes. Il s’agit en réalité de l’œuvre de la nature, et elle est aujourd’hui considérée comme l’un des principaux sites d’intérêt de l’Oural.

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Dans la région de Perm (1156 kilomètres à l’est de Moscou), dans l’Oural occidental, se trouve une ville unique, pourvue de rues étroites, de larges avenues, d’une place et d’une porte. Jusque-là rien d’anormal, si ce n’est qu’elle n’a pas été construite par l’homme. Ce complexe d’imposants rochers parsemés de fissures ressemble en effet à une véritable ville mais a en réalité été conçue par Mère Nature.

On compte de nombreuses légendes à propos de la naissance de celle que l’on appelle la Cité de Pierre. L’une d’elle affirme qu’en des temps anciens une grande et magnifique ville se dressait en ces lieux. Tous les habitants l’adoraient, à l’exception de la fille du roi, qui, aveugle, ne pouvait l’admirer. Un sorcier diabolique et pernicieux aurait alors promis au roi de guérir la princesse, mais il a finalement transformé la cité toute entière et ses habitants en rochers. La princesse a donc pu enfin profiter de la vision de cette ville, sublime certes, mais malheureusement de pierre.

La Cité de Pierre est également connue sous le nom ancien de Cité du Diable. Cela s’explique par le fait qu’une autre légende raconte que Satan aurait parié avec un noble qu’il construirait une ville en l’espace d’une nuit. Mais un chant de coq se serait fait entendre bien avant l’aurore. Effrayé, le Diable aurait alors pris la fuite, laissant derrière lui une ville inachevée. Pendant des années les locaux ont cru que seuls des démons avaient pu bâtir cette ville et l’on donc évitée au maximum.

En réalité, la cité est l’œuvre d’une rivière et du vent, qui ont durant des millions d’années poli dans la roche ces « rues » et « avenues » parfaitement droites. Les « bâtiments » font en moyenne entre 8 et 12 mètres de haut. Certains sont si proches les uns des autres que l’on peut sauter entre eux. D’autres encore sont reliés par de petits ponts.

La Cité de Pierre compte deux « quartiers » : la Grande et la Petite Cités, séparées de 150 mètres. Cela prend des heures d’en faire le tour. En fait, il s’agit d’un véritable labyrinthe et l’on peut aisément s’y perdre. D’autant plus que vous ne trouverez malheureusement aucun plan de la ville.

La Cité de Pierre n’est pas déserte pour autant. Parmi ses habitants on retrouve « Grande tortue », « Petite tortue », « Rat » ou encore « Phoque ». Ce sont les noms donnés par les locaux à des rochers ayant la forme de ces animaux. Aussi, une fois que le voyageur a passé les « portes » de la cité, il se retrouve face à un garde connu comme l’« Idole ».

Par ailleurs, ce lieu est une attraction touristique majeure et il accueille plusieurs événements estivaux : des compétitions annuelles d’escalade de rochers et le festival de théâtre « Les mystères de la Montagne Krestovaïa ». Entourés par un décor naturel fabuleux, les comédiens organisent leurs représentations directement sur les rochers.

Les « toits » de la Cité de Pierre offrent d’incroyables vues sur la taïga de l’Oural. Les touristes affirment que les meilleures saisons pour visiter cet endroit sont l’automne et l’hiver, où il est particulièrement sublimé.

Paradoxalement, la Cité de Pierre, autrefois creusée par les flots, est pratiquement asséchée aujourd’hui. Ses deux petites sources, à proximité de la « place » principale et dans sa partie la plus distante, ne peuvent satisfaire les besoins des nombreux touristes à camper ici. Ces derniers doivent donc amener de l’eau avec eux.

Pour se rendre à la Cité de Pierre, il est possible de prendre tout d’abord un bus depuis Perm vers la ville de Tchoussovoï et ensuite d’effectuer un changement pour rejoindre le village d’Ousva. À partir de là, il ne reste qu’à parcourir 2 kilomètres à pied.

Des scientifiques russes ont récemment éclairci les mystères de l’érosion et de la résistance des roches polies. Une étude à découvrir ici même.

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