La plus longue ligne de trolleybus du monde

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Des touristes allemandes ont traversé la péninsule de Crimée (sud de la Russie) à bord de l’unique trolleybus au monde qui emmène ses voyageurs en montagne. En trois heures, elles ont fait une centaine de kilomètres en admirant les paysages de Crimée et en observant la vie des autochtones.

Crédit : Alexander Ryumin / TASSCrédit : Alexander Ryumin / TASS

À peine sorties de l’aéroport de Simféropol, le chef-lieu de la Crimée, nous avons été assaillies par des chauffeurs de taxi qui se disputaient le droit de nous conduire dans la ville de notre choix sur la péninsule. Mais nous sommes restées fermes quant à notre décision prise longtemps auparavant, celle de tester un moyen de transport insolite : le trolleybus de Crimée, la ligne la plus longue du monde, qui relie Simféropol à Yalta.

Toutes les 20 minutes, le trolley №52 embarque les voyageurs à l’arrêt situé près de l’aéroport pour les emmener sur la côte sud de la Crimée. Cet itinéraire fait 96 kilomètres et le parcourir prend trois heures. À bord de l’unique trolleybus qui emmène ses occupants en montagne, nous traverserons Simféropol, nous escaladerons plus tard les crêtes des monts de Crimée et nous longerons la côte de la mer Noire. Pourquoi ? Mais pour regarder tranquillement les habitants et observer les variations de la nature environnante par la fenêtre.

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L’atmosphère dans les taxis partagés, les trains et les trolleybus – qui irrite souvent les Russes – fait le bonheur de nombreux Européens. Tout comme les wagons de train de 3e classe : pendant les sept jours de trajet entre Moscou et Vladivostok (Extrême-Orient), ils ont l’occasion d’observer les autochtones et de leur parler du traintrain quotidien.

Traverser Simféropol

Depuis l’aéroport, le trolleybus se rend directement dans le centre-ville de Simféropol. Il avance lentement et traverse en cahotant le pont qui enjambe les voies ferrées. Il n’y a pas âme qui vive sur les quais ni à l’arrêt de la gare. « Rien ne circule », dit mon voisin en anticipant la question. « Seulement deux ou trois trains de banlieue le matin et c’est tout », poursuit-il. Les trains grandes lignes ont été annulés après le référendum de 2014, lors duquel plus de 90% de la population a voté en faveur du rattachement de la Crimée à la Fédération de Russie.

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Par contre à la gare routière, l’arrêt suivant, la vie bat son plein et le trolleybus accueille de nouveaux voyageurs. Les jeunes cèdent leur place aux personnes âgées qui les en remercient. Des écoliers partagent entre eux une tablette de chocolat blanc. C’est parti, le trolleybus quitte la ville.

Cet itinéraire existe depuis plus de cinquante ans. Le premier tronçon, entre Simféropol et Alouchta, a été inauguré en 1959, le second, deux ans plus tard. La durée du voyage est depuis, restée inchangée. Seuls les véhicules sont remplacés : il y a quarante ans, les monts étaient « escaladés » par des Skoda, aujourd’hui, les trolleys sont de fabrication russe, notamment le nouveau Avant-garde de l’usine de Vologda.

Grimper dans la montagne

Les montagnes apparaissent subitement derrière la fenêtre. Le trolleybus suit soigneusement les courbes de la route qui ne cesse de monter et de descendre en s’enfonçant dans les forêts et en se faufilant entre les crêtes. Quant la route monte brusquement, on jurerait entendre le véhicule souffler. Au milieu des monts de Crimée, on voit surgir une grande croix : nous avons atteint le point culminant de l’itinéraire, la localité de Pérévalnoïe située à une altitude de 752 mètres. Nous y trouvons un monument dédié au trolleybus : au début, le véhicule était incapable de grimper plus haut.

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Longer la côte

Toutes les places assises sont maintenant occupées et il y a même des voyageurs debout. Nous allons descendre vers la mer, que l’on voit apparaître après Alouchta. Notre conducteur, une femme, est remplacée par un collègue. Les touristes sont de plus en plus nombreux et les voyageurs se serrent. « Où dois-je descendre pour arriver au jardin botanique ? », demande une femme. « A Nikita, je vous montrerai », répond l’un de ses voisins. « J’y descend aussi. Je vous dirai », ajoute un autre.

D’Alouchta à Yalta, le trolleybus parcourt 33 kilomètres le long de la mer Noire. Des tentes vendant des souvenirs, des vins, des fruits et des légumes défilent derrière la vitre. Tantôt la route s’éloigne de la côte et monte, tantôt elle redescend et revient vers la mer. Un peu comme les montagnes russes.

Jardin botanique. Crédit : Lori / Legion-MediaJardin botanique. Crédit : Lori / Legion-Media

Nous passons à côté du palais de Massandra, de la colonie de vacances internationale Artek, du jardin botanique… Des touristes chargés d’appareils photo descendent et embarquent à chaque arrêt. A gauche, nous voyons de petites villes criméennes, en bas, la mer brille de mille feux sous le soleil et à droite, nous admirons les vignobles et les résidences de leurs propriétaires.

Franchissant le dernier obstacle près de l’usine de mise en bouteille des vins Massandra, nous arrivons à la gare routière de Yalta, où notre trolley est pris d’assaut par une foule de touristes. Ce qui ne nous décontenance nullement : le temps de notre voyage, nous avons compris que nos vacances en Crimée se passeraient non seulement au milieu de paysages époustouflants, mais également parmi des gens agréables et généreux.

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