Quand les supporters russes défraient la chronique

Le 11 juin 2016. Des supporters russes attaquent un supporter anglais à la fin du match du groupe B Russie-Angleterre de l'Euro 2016 au stade de Vélodrome, à Marseille.

Le 11 juin 2016. Des supporters russes attaquent un supporter anglais à la fin du match du groupe B Russie-Angleterre de l'Euro 2016 au stade de Vélodrome, à Marseille.

AP
L’équipe russe de football a réalisé un assez bon début à l’Euro-2016 en France en faisant match nul contre l’équipe d’Angleterre grâce au but tiré par le défenseur vétéran Vassili Berezoutski dans le temps additionnel. Pourtant, l’attention du public et de la presse est plus accaparée par les affrontements entre les supporters russes et anglais avant, pendant et après le match, joué le 11 juin au stade Vélodrome de Marseille, que par le déroulement du match lui-même.

Suite aux désordres, qui ont fait une trentaine de blessés, l’UEFA a imposé une disqualification avec sursis à l’équipe russe et une amende de 150 000 euros à la Fédération russe de football (RFS). Si les événements de Marseille venaient à se reproduire, la sélection russe risque une expulsion réelle du tournoi.

2002 : rixe sous les murs du Kremlin

La place du Manège à Moscou le 9 juin 2002. Crédit : Reuters

Les supporters russes se trouvent régulièrement au cœur de grands scandales. Le pays est confronté à l’agressivité des supporters pour la première fois lors de la Coupe du monde 2002. Le 9 juin, la diffusion publique du match Russie-Japon sur grand écran dans la fan-zone installée sur la place du Manège au cœur de Moscou vire au drame. La foule, enragée par la défaite de l’équipe russe, s’attaque aux vitrines des boutiques et retourne les voitures. La rixe massive sous les murs du Kremlin se poursuit pendant plusieurs heures. Selon la version officielle, l’agressivité des supporters a été provoquée par une vidéo publicitaire utilisant une scène du film des frères Coen The Big Lebowski, dans laquelle le protagoniste frappe une voiture avec un objet lourd. Un élève de 17 ans a été tué dans les échauffourées et des dizaines de personnes ont été blessées, dont de nombreuses personnes d’apparence asiatique.

Suite à ces événements marquants, la diffusion des rencontres sportives sur grand écran a été interdite dans le centre de Moscou. Une loi sur la lutte contre l’extrémisme a également été adoptée rapidement afin de limiter considérablement la liberté d’organiser des rassemblements massifs.

2010 : supporters contre migrants

Moscou, Russie, le 11 décembre 2010. Des manifestants se sont réunis sur la place du Manège pour commémorer le supporter de Spartak, Egor Sviridov, tué quelques jours avant. Crédit : Maxim Shemetov/TASS

8 ans plus tard, en 2010, la même place du Manège est la scène d’une nouvelle explosion de haine des supporters. Cette fois, l’agressivité est beaucoup plus ciblée et vise les travailleurs migrants du Caucase du Nord et d’Asie centrale.

La violence est déclenchée par le meurtre du supporter de Spartak de Moscou, Egor Sviridov, âgé de 28 ans, commis le 6 décembre à la périphérie de Moscou par un groupe de jeunes gens originaires du Caucase du Nord. Les supporters sont alors particulièrement indignés par le comportement de la police qui a hâtivement libéré cinq des six agresseurs.

Les supporters se sont organisés sur les réseaux sociaux et ont convoqué un rassemblement dans le centre de Moscou le 11 décembre. Hurlant des slogans nationalistes, les jeunes gens projetaient des bouteilles et des pierres sur les policiers, allumaient des fusées et lançaient des pétards. Des affrontements locaux entre les supporters nationalistes et les originaires du Caucase ont duré plusieurs jours à Moscou, mais aussi dans d’autres villes russes.

Au final, les manifestants ont obtenu la condamnation de tous ceux qui étaient impliqués dans le meurtre d’Egor Sviridov. Depuis, les supporters sont considérés comme une grande force politique. Ce sont les groupes de supporters nationalistes qui ont guidé les troubles anti-migrants dans le quartier dortoir de Birioulevo (Moscou) en octobre 2013.

2012 : bagarre dans les rues de Varsovie

Un supporter polonais (à dr) provoque des supporters russes à Varsovie, le 12 juin 2012. Crédit : Reuters

Dix ans plus tard, les supporters russes font de nouveau les gros titres de la presse mondiale en participant dans l’un des épisodes les plus regrettables de l’Euro 2012, qui s’est tenu dans les villes polonaises et ukrainiennes. Le 12 juin, Varsovie vit une véritable guerre de rue avec bagarres, cordons policiers, gaz lacrymogènes et canons à eau. Le jour du match de l’équipe de Pologne, les supporters de l’équipe nationale russe défilent dans le centre-ville pour célébrer la Journée de la Russie. La marche dégénère en rixe avec les supporters locaux, l’un d’entre eux ayant été, selon l’une des versions, offensé par la symbolique de l’ex-URSS affichée par les Russes.

Pendant le match, les supporters des deux camps se distinguent par des insultes mutuelles et des affrontements avec la police. Cependant, c’est dans la nuit suivant le match qu’une véritable bataille éclate : d’après les témoignages des supporters russes, les ultras polonais ont lancé une véritable chasse aux supporters russes, agressant tout le monde sans distinction en groupe de 8 à 10 personnes. La nuit sanglante fait 140 blessés de divers degrés de gravité. La police arrête des dizaines de personnes : les supporters polonais écopent d’amendes et de peines avec sursis, alors que les hooligans russes sont expulsés du pays.

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