Les conditions sont actuellement réunies pour que l’espérance de vie en Russie atteigne 76 ans en 2025, a déclaré le président russe Vladimir Poutine le 21 mars, lors d'une réunion du Conseil du développement stratégique et des projets prioritaires. En 2016, cet indicateur s’élevait à près de 72 ans, marquant ainsi une hausse de 6,5 ans depuis 2005.
Les hommes vivent en moyenne une dizaine d’années de moins de les femmes en Russie : leur espérance de vie s’élève actuellement à 66,6 ans contre 77 ans pour les femmes, avait récemment déclaré Veronika Skvortsova, ministre de la Santé.
Des succès notables ont été constatés ces dernières années en matière de réduction de la mortalité infantile et maternelle. En revanche, la hausse de la mortalité des personnes en âge de travailler inquiète le président, qui a appelé à se concentrer sur cette catégorie de population.
Le faible niveau d’espérance de vie en Russie est associé à la forte mortalité des personnes en âge de travailler, les 25 à 45 ans, précise Larissa Popovitch, directrice de l’Institut d'économie de la santé auprès de l’École des hautes études en sciences économiques. « Il faut savoir que, dans ce groupe, 52% des décès sont dus aux blessures et empoisonnements, aux maladies psychiatriques ou aux accidents de la route. Il faut travailler sérieusement sur ces questions pour parvenir à augmenter l’espérance de vie à 75 ans, voire à 80 ans comme en Europe », résume l’expert.
Interrogé sur les principaux facteurs auxquels le ministère de la Santé envisage de s'atteler pour réduire la mortalité, Mme Popovitch indique que les maladies non transmissibles, dues à la consommation de tabac ou d’alcool, à une mauvaise alimentation ou à un manque d'activité physique restent les principales causes de mortalité en Russie.
La question a été étudiée par le Conseil en lien avec l’amélioration de la productivité. À cet égard, Alexeï Koudrine, directeur du Centre de développement stratégique, a appelé à viser l’augmentation de la durée de vie saine plutôt que de la durée de vie en général.
« La Russie a besoin d’une stratégie de longévité saine et active, c’est particulièrement important compte tenu des tendances démographiques actuelles : au cours des 15 prochaines années, la population jeune âgée de 20 à 39 ans diminuera de 10 millions de personnes, alors que le nombre de personnes âgées augmentera de 3 millions de personnes », indique Koudrine.
Ainsi, l’économie devra faire appel à une population en âge de travailler plus âgée. Koudrine estime que, dans ces conditions, il faut se concentrer davantage sur les investissements dans la vie saine.
Plutôt que développer et promouvoir le sport professionnel, la Russie doit se concentrer sur la culture physique de masse et la danse correspond bien à cet objectif, affirme Lioubov Iakoubovskaïa, expert dans le domaine des projets sociaux. Elle cite l’exemple de Buenos Aires, où les vieux « vivent jusqu’à 80 ans, voire plus, et dansent jusqu’au dernier jour ».
Gouzel Ouloumbekova, directrice de l’École des hautes études en organisation et administration de la santé, estime qu’il est possible d’atteindre l’objectif de 76 ans d’espérance de vie. Cependant, le résultat dépendra tant de la prévention et de la promotion des modes de vie sains que des événements au sein du système de santé, qui nécessiteront une hausse progressive du financement de l’ordre de 150%, pour atteindre le niveau des pays d’Europe orientale.
Ouloumbekova cite trois priorités : la santé des hommes, la santé des enfants et l’accès aux soins de santé primaires, particulièrement dans les régions rurales.
Dans son rapport, Alexeï Koudrine a souligné que les investissements dans la promotion d'un mode de vie sain pourraient améliorer considérablement la santé de la nation et la productivité. Il propose également d’investir dans les recherches scientifiques dans le domaine pharmaceutique. Cela permettra également de donner un nouvel élan au développement de la Russie.
Le texte est publié en version abrégée. Le texte intégral en russe est disponiblesur le site de Gazeta.ru
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