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Jose Antonio Hernandez-Blanco est né à Salamanque, dans l’ouest de l’Espagne. Son grand-père aimait la chasse, arpentait les montagnes avec son chien, chassait la perdrix. Il a inoculé l’amour de la nature à son petit-fils. Celui-ci faisait aussi de belles promenades en forêt avec un ami géographe de sa famille.
Aujourd’hui encore, il se souvient du premier hurlement de loup qu’il a entendu.
« J’ai trouvé ce cri tellement beau ! Les loups savent faire des accords dans la gamme des sons. Quand on connaît ces accords, on peut "lire" ce que veulent dire ces bêtes et déterminer leur nombre. Imaginez : un loup commence à hurler, un autre le reprend, une troisième puis un quatrième rejoignent la chorale. Ils sont capables d’interpréter des chants aussi beaux que sophistiqués. »
Enfant, Jose Antonio Hernandez-Blanco a voulu devenir zoologue. Aujourd’hui, il est spécialiste des gros prédateurs et chargé de recherche à l’Institut des questions d’écologie et de l’évolution de l’Académie des Sciences de Russie et au parc naturel des Abattis de la Région de Kalouga.
Il a aussi appris à hurler comme les loups. Au sens propre du terme.
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Jose Antonio Hernandez-Blanco a fait ses études à la faculté de biologie de l’Université de Salamanque et s’est spécialisé dans l’éthologie des loups.
« Il m’a toujours semblé que des études en Russie me permettraient de devenir un zoologue à part entière. L’école de zoologie russe est très réputée. C’est pourquoi dès que j’ai eu la possibilité de venir en Russie, je n’ai pas hésité une seconde. En 1993, alors que j’étais en 2e année à l’Université de Salamanque, je me suis inscrit en 1ère année à la faculté de biologie de l’Université d’État de Moscou. »
À son arrivée, comme beaucoup d’autres étudiants étrangers, Jose Antonio Hernandez-Blanco a eu des difficultés avec la langue russe. Ainsi qu’avec les mathématiques. En première année, cela a été assez dur. Mais, en troisième année, l’Espagnol se sentait comme un poisson dans l’eau à l’Université de Moscou.
L’attitude respectueuse des enseignants à l’égard des étudiants lui a plu. Quand ils partaient en expédition, ils vivaient dans les mêmes conditions et discutaient beaucoup. Il se souvient d’études très intéressantes.
Ce qui se passait en Russie au début des années 1990 était certainement difficilement compréhensible pour les étrangers qui se trouvaient sur place. « Pas seulement parce que nous nous trouvions plongés dans une autre culture, mais parce que la Russie elle-même changeait », pense le zoologue espagnol.
Beaucoup de ses compatriotes qui s’étaient installés en URSS n’ont pas supporté ces changements et ont quitté la Russie. Jose Antonio Hernandez-Blanco, lui, est resté.
La Russie est le pays où la population de loups est la plus importante. On l’estime à 65 000 individus au moins. Ce qui explique pourquoi il y a des dizaines de proverbes russes qui mentionnent les loups. Jose Antonio Hernandez-Blanco déplore toutefois que les loups soient considérés en Russie comme des animaux nuisibles.
« C’est après la guerre que ces a priori ont été les plus répandus. Il est vrai que, durant la Grande Guerre patriotique, les loups attaquaient souvent les gens parce que beaucoup de blessés et de morts gisaient dans les champs. Même si cette façon de trouver leur nourriture n’est pas naturelle pour eux, ces animaux s’y sont habitués. En 1943, en URSS, on a commencé à tuer les loups à partir d’avions. En 1958, c’était à quelle région en tuerait le plus. Quelques années plus tard, on se mit à utiliser un nouveau poison pour s’en débarrasser. Au bas mot, on en aurait exterminé alors plus d’un million et demi. Leur population n’a commencé à se reconstituer qu’au milieu des années 1980. »
La croissance de la population des loups en Russie est surtout à mettre au crédit des parcs nationaux. Aux Abattis de la Région de Kalouga, où travaille José Antonio Hernandez-Blanco, vivent une trentaine de loups. Ils portent presque tous un collier GPS, qui pèse seulement 400 grammes. Les animaux s’y habituent rapidement.
« Grâce à ces colliers, nous apprenons beaucoup de la vie des loups. Par exemple, une bête a couru pendant 9 heures. Aucun gros chat ne peut courir aussi longtemps sans s’arrêter pour se reposer. Dans les steppes de Kalmoukie, nous savons qu’un loup a parcouru 90 kilomètres en 24 heures. En moyenne, ils font une trentaine de kilomètres par jour sur terrain ouvert et 14, en forêt. »
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Jose Antonio Hernandez-Blanco travaille dans le parc national des Abattis de la Région de Kalouga depuis 2000. Il vit depuis avec sa famille dans une maison en bois. Il est très content de la vie qu’il mène dans cette zone méridionale de la taïga.
« Mes collègues plaisantent en disant que je suis un homme rare : j’ai quitté la torride Espagne parce que j’aime la rigueur des hivers russes. C’est vrai. J’attends qu’on apporte la neige ! »
Le père de Jose Antonio Hernandez-Blanco l’a habitué au travail manuel. C’est pourquoi le zoologue sait faire des soudures métalliques comme travailler le bois.
Jose Antonio Hernandez-Blanco s’est russifié. « Comme me le disait mon directeur de recherche à l’Université d’État de Moscou, après mon retour du parc national de Voronej : « Et dire que c’était un jeune Espagnol bien sous tous rapports ! », russifié sans doute, mais qui continue à adorer la cuisine espagnole !
Retrouvez laversion intégrale de l’entretien en russe dans le magazine Nation (Нация).
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