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Comment cette date est-elle fixée?
Cette fête chrétienne commémore le baptême du Christ dans le Jourdain par Jean le Baptiste, mentionné dans l’Évangile. L’Église orthodoxe célèbre cette fête le 19 janvier (6 janvier selon l’ancien calendrier).
Pourquoi c’est cette date qui a été retenue?
L’encyclopédie orthodoxe distingue deux hypothèses principales. Selon la première, le Baptême et Noël étaient initialement une seule et même fête qui a remplacé celle païenne organisée autour du solstice d’hiver et célébrée le 6 janvier selon le calendrier julien.
Selon la deuxième hypothèse, la date du 6 janvier résulte de calculs chronologiques complexes et est liée à la date de la mort du Christ et de la Pâque juive. Si dans les églises orientales et chez les catholiques cette fête est appelée Épiphanie et est principalement liée à la présentation de Jésus aux Rois mages, l’Église orthodoxe célèbre avant tout le baptême de Jésus dans les eaux du Jourdain.
Pourquoi baptiser le Christ s’il n’a pas commis de péché?
Selon l’Évangile, lorsque Jésus s’est adressé à Jean, qui baptisait des gens près du Jourdain, ce dernier a été surpris. « C’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi, et tu viens à moi ! », a-t-il alors dit. À cela, Jésus a répondu qu’il était « convenable que nous accomplissions ainsi tout ce qui est juste ». Lors du baptême, selon l’Évangile, le Saint-Esprit est descendu sur lui sous la forme d’une colombe et une voix s’est fait entendre des cieux : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toute mon affection ».
De cette façon, Jésus a donné l’exemple à tous ses disciples. Comme l’écrit le théologien Alexandre Moïsseïenkov, il est passé par ce rituel pour mettre en valeur le lien entre lui et ceux qui croient en lui.
Qu’est-ce l’eau bénite?
Dans la tradition chrétienne, le baptême est plus qu’une fête. C’est un sacrement lié à l’incorporation de la personne dans la communauté chrétienne. Durant la cérémonie, le fidèle est immergé (s’il est enfant) à trois reprises dans l’eau bénite et en est aspergé s’il est adulte.
L’eau bénite est consacrée par une prière spéciale. Cette tradition est connue depuis les IIe-IIIe siècles. Jean Chrysostome disait dans son sermon de 387 que la nuit de cette fête, l’eau apportée à la maison peut être gardée une année, voire plus, tout en restant pure.
La bénédiction de l’eau peut être grande (le jour de la Théophanie) et petite (lors des services). Lors de la Théophanie, l’eau est bénie lors d’une procession de croix solennelle jusqu’aux sources et plans d’eau, connue comme « procession au Jourdain ». L’eau est bénie pendant deux jours - la veille de la fête et lors de sa célébration. L’eau consacrée pendant la Théophanie ne peut être bue qu’à jeun et après une prière.
Plonge-t-on dans un trou percé dans la glace à la mémoire du Christ?
Les théologiens chrétiens sont unanimes : les bains de la Théophanie ne sont pas une tradition chrétienne et ne servent pas à « laver les péchés », comme l’on le croit. En 1892, l’écrivain spirituel russe Sergueï Boulgakov notait : « Se baignent surtout ceux qui se déguisaient lors des Jours saints et prédisaient l’avenir, attribuant avec superstition à ces bains la vertu de laver ces péchés ».
Les historiens considèrent que ces bains seraient hérités d’une fête de l’eau païenne liée au solstice d’hiver.
Quelle signification cette fête revêtait-elle dans les villages russes?
Dans le village russe, elle était associée à une multitude de traditions, y compris certaines vraisemblablement liées à la tradition préchrétienne. Appelée dans le peuple Vodokrechtchi (« baptême dans l’eau »), elle était organisée autour de l’eau bénite. On en aspergeait la maison, les convives, le bétail, les ruches, le potager. On en versait dans les puits et on en ajoutait dans le vin.
Pour les paysans, la baignade dans un trou percé dans la glace à cette occasion était un attribut indispensable des festivités. Le yordan (nom donné à ce trou) et tout ce qui se trouvait autour étaient perçus comme sacrés. Pendant les 12 jours qui suivaient la fête il était ainsi interdit d’y faire la lessive. L’on considérait qu’elle était capable de guérir les maladies et de laver les péchés, et qu’elle pouvait protéger la demeure contre les incendies : « Les Saints marchaient derrière moi et portaient une coupe d’eau. Si l’incendie se manifeste, les Saints l’éteindront », disait-on à cette occasion.
Le jour de cette fête, l’on procédait à des rites de purification, en « chassant le malin » grâce au bruit de la vaisselle et à l’aide de cris. En outre, elle donnait le coup d’envoi aux mariages qui étaient célébrés entre les deux jeûnes, période appelée miassoïed (durant laquelle il n’était pas interdit de manger de la viande) et qui se poursuivait jusqu’à la Semaine grasse.
Dans cette autre publication, découvrez comment célébrer la Théophanie comme un véritable Russe.