Pourquoi y a-t-il deux Altaï en Russie?

Alexandre Baïdoukov; Alexandre Lechtchenok (CC BY-SA 4.0)
Dans le sud de la Sibérie, existent deux régions avec des noms quasiment identiques – la République de l’Altaï et le Territoire (ou Kraï) de l’Altaï. Cette coïncidence est due au fait que les montagnes de l’Altaï se trouvent sur le territoire des deux régions. Cependant, c’est bien leur seul point commun.

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L’histoire des deux Altaï

Depuis la nuit des temps, l’Altaï était peuplé par des peuples autochtones, et au IVe siècle, des peuples nomades ont commencé à s’y installer. Plus tard, la région est devenue une partie de différents empires turciques de l’Asie centrale, notamment l’Empire mongol de Gengis Khan. Les empires turciques se sont succinctement éteints, et au XVIe siècle, la Russie a entamé la conquête de la Sibérie. Au XVIIe siècle, ce processus a touché l’Altaï.

Femme altaïenne en costume national

Le premier bastion russe en Altaï est apparu en 1709, et en 1747, le District montagneux de Kolyvano-Voskressensk a été établi (en 1834, il sera renommé District de l’Altaï). Il incluait les terres de l’Altaï, mais aussi une partie des régions de Novossibirsk et de Kemerovo, et encore quelques régions.

C’est en 1917 seulement que l’Altaï a été mis en avant comme une région à part entière avec la ville de Barnaoul comme capitale. Néanmoins, déjà en 1922, le deuxième Altaï s’en est séparé et est devenu la Région autonome oïrote. Oïrats est l’ancien nom des habitants de l’Altaï, et plus tard la région sera renommée en Région autonome du Haut-Altaï. La différence entre les deux régions était leur composition ethnique – la Région autonome oïrote était habitée par des Altaïens autochtones, tandis que le Territoire de l’Altaï était surtout peuplé de Russes.

Région autonome oïrote. Filles locales

À la suite des changements administratifs de 1937, les deux Altaï ont fusionné au sein du Territoire de l’Altaï. Toutefois, en 1991, la Région autonome du Haut-Altaï est redevenue une unité distincte. Voilà comment deux régions aux noms quasiment identiques sont apparues.

Composition ethnique et économie

L’une des différences principales du Territoire de l’Altaï et de la République de l’Altaï – leur composition ethnique – est toujours d’actualité. Dans le Territoire de l’Altaï, près de 93% de la population est russe, alors que dans la République, cet indicateur est de seulement 56%. En même temps, 34% de la population est ethniquement altaïenne. Cela peut sembler peu. Cependant, lors du dernier recensement de la population en 2020, seulement 78 125 personnes en Russie se sont désignées comme Altaïens. Si l’on prend en compte la migration vers les grandes villes, l’on comprend pourquoi les Altaïens représentent moins de la moitié de la population de la république.

Des éleveurs altaïens conduisent un cerf dans un enclos pour couper ses bois.

Les autochtones parlent la langue altaïenne qui a de nombreux dialectes. En 2020, elle était parlée par 62 572 personnes. La plupart de la population habite les zones rurales et pratiquent l’agriculture : font de l’élevage de wapitis, de moutons, de chevaux et d’autres animaux. La deuxième source de revenus importante de la région est le tourisme.

Enfants du village d'Inia, au bord de la rivière Katoun

L’agriculture est aussi développée dans le Territoire de l’Altaï, mais c’est l’industrie manufacturière qui prime dans l’économie de la région. Elle inclut la production alimentaire, mécanique mais également la production chimique et pharmaceutique.

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Nature et repos

Si vous voulez voir une nature unique préservée, habitée par des animaux du Livre rouge des espèces menacées – la République de l’Altaï sera votre destination. Sur son territoire, se situe un lieu du patrimoine mondial de l’UNESCO – les montagnes dorées de l’Altaï. Il réunit la réserve naturelle de Katoun, de l’Altaï et le plateau de l’Oukok.

Station balnéaire de Belokourikha

Dans ces réserves, l’on peut trouver de hautes montagnes et des glaciers, des lacs uniques, des rivières de montagnes, des cascades, des panthères des neiges et des wapitis. Le plateau de l’Oukok est par ailleurs connu pour ses peintures rupestres et ses sépultures anciennes – c’est ici qu’en 1993 a été trouvée la momie d’une femme ayant vécu au Ve siècle av. J.-C., la princesse de l’Altaï.

La République de l’Altaï est visitée pour les activités en plein air : randonnée, alpinisme, tours à cheval et rafting. Dans la région, vous ressentirez un coloris ethnique et pourrez voir les traditions anciennes des autochtones – ce que vous ne trouverez pas dans le Territoire de l’Altaï.

Lac de la Chavla

Il y aussi des montagnes dans le Kraï, mais moins, et elles sont plus petites. Cette région est visitée pour un repos tranquille dans des sanatoriums (le plus connu d’entre eux est Belokourikha) et des bases touristiques confortables. C’est ici que l’on retrouve l’une des quatre zones de jeux d’argent autorisées officiellement par le gouvernement – la monnaie de Sibérie.

Dans cet autre article, découvrez comment visiter la République de l’Altaï comme un véritable aventurier.

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