Les Russes se sentent-ils Européens? (sondage)

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ERWANN PENSEC
Après des siècles de divergences houleuses, le peuple russe serait-il en passe de trancher une fois pour toutes cette question, ou ne serait-ce là que le reflet d'une conjoncture passagère?

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Alors que le débat autour de l’appartenance, ou non, de la Russie à l’Europe divise la société russe depuis fort longtemps, ces discussions ayant été, au XIXe siècle, cristallisées par les camps opposés des slavophiles et des occidentalistes, un récent sondage mené par le Centre Levada fait état du sentiment prédominant actuellement au sein de la population locale.

Or, il en ressort que les Russes se considèrent aujourd’hui très majoritairement comme ne faisant pas partie de l’Europe. Un revirement brusque lorsque l’on sait que la situation était inverse il y a encore peu. En effet, s’ils sont à ce jour 64% à juger que leur pays n’est pas européen, contre 29% à penser le contraire (7% n’ayant pas d’avis), en septembre 2008, l’opinion publique était tout autre, puisque le rapport de force était alors de 52% affirmant que la Russie était européenne contre 36% affichant une position opposée (et 12% d’indécis).

Il est par ailleurs intéressant de noter que ce détachement de l’Europe est plus particulièrement visible chez les jeunes générations : là où 58% des personnes de plus de 55 ans penchent pour une non-appartenance à l’Europe et 33% pour une appartenance, ces taux, chez les 18-24 ans, s’élèvent respectivement à 71% et 23%.

En outre, ce sentiment de ne pas être inclus à l’Europe s’amplifie à à l’échelle individuelle : 70% des participants de l’enquête ont avoué ne pas se définir eux-mêmes comme Européens (contre 27% d’avis contraire). L’équilibre de ces positions en 2008 étaient d’ores et déjà le même, mais de manière moins tranchée : 52% contre 35%.

Cette enquête a été effectuée fin février auprès de 1 601 citoyens majeurs de Russie résidant dans 50 régions différentes.

Dans cet autre article, nous nous intéressions plus en détails aux arguments en faveur de l’un et de l’autre de ces camps.