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« Se dire que l’on est champion du monde fait vraiment un drôle de sentiment, c’est difficile à expliquer.J’éprouve une immense fierté, d’autant plus que les participants étaient nombreux, et que la Russie était bien évidemment majoritaire », confie Jérémy Rousserie, encore sonné par les résultats du premier championnat du monde de flankirovka, s’étant tenu fin 2020.
Lui a en effet été décernée la première place dans la catégorie hommes et la deuxième au classement général, et ce, dans une discipline pourtant méconnue en France et originaire de plusieurs milliers de kilomètres : la danse du sabre cosaque, une pratique récente mais s’inspirant de traditions caucasienne séculaires.
Ci-dessous, la prestation de Jérémy durant le championnat.
La compétition était la première organisée par la fédération Kazarla et a réuni, en ligne, des participants venant principalement de Russie, mais aussi d’Australie, d’Italie, d’Allemagne et, bien sûr, de France. Cette édition consistait en une épreuve unique, de 3 minutes, lors de laquelle les candidats étaient invités à faire montre de leur adresse au maniement de ces tranchantes lames.
S’il a ainsi réussi, vêtu d’un costume typique cosaque, à séduire le jury, ce jeune trentenaire n’envisage toutefois pas de se reposer sur ses lauriers. « Les pratiquants en Russie sont nombreux et j’ai plutôt intérêt à continuer de m’entraîner si je veux garder ce titre », renchérit-il aussitôt.
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Rien ne prédisposait en réalité le destin de cet ancien soigneur animalier et instructeur de conduite à croiser celui de la Russie. Jérémy, passionné de moto, nourrissait néanmoins également un goût prononcé pour les arts martiaux, et c’est il y a près de 9 ans qu’il s’est familiarisé avec ceux ayant vu le jour en Russie.
« J’y ai alors trouvé ce qu’il m’avait manqué dans ma pratique des arts martiaux plus "traditionnels" [provenant généralement d’Asie] que l’on connaît bien en France. Peut-être tout simplement car la culture russe est beaucoup plus proche de la nôtre que la culture asiatique », souligne-t-il.
De fil en aiguille, le jeune homme a ensuite appris l’existence du sabre de cavalerie cosaque, la chachka, qu’utilisent dans leur pratique sportive certains maîtres, et notamment Andrey Karimov, fondateur de l’école d’arts martiaux Systema Siberian Cossack.
« Je suis tombé amoureux du style et de l’énergie de son école. En 2015, il animait pour la toute première fois un stage en France ; ni une ni deux, j’ai pris mes billets pour Montpellier pour y participer. Comme le nom de l’école l’indique, Andrey a basé son style sur les traditions cosaques, et ça a été le coup de cœur ! », se remémore Jérémy.
Une rencontre finira ensuite de convertir cet autodidacte à la pratique de la flankirovka : celle de Natalia Kopylova, fine lame russe qui ne tardera pas à lui transmettre son savoir, mais aussi à devenir son épouse. Maîtrisant la chachka à la perfection, c’est d’ailleurs elle qui s’est classée devant Jérémy au classement général du championnat.
À Longpont-sur-Orge, en région parisienne, tous deux gèrent désormais la branche française de l’école d’Andrey Karimov, où, en instructeurs de talent, ils enseignent le combat à main nues, le maniement de la chachka, du bâton long ou de la nagaïka, ce fouet traditionnel cosaque, mais aussi le chant et la danse. Des formations semblant attirer des profils des plus divers.
« Mes élèves sont très variés, allant de 17 à 60 ans, des femmes, des hommes. Nous sommes un groupe éclectique mais soudé, avec une ambiance familiale, comme pouvaient l’être les communautés cosaques. Certains d’entre eux ont des origines russes, voire même cosaques, mais en majorité, ils n’ont aucun lien avec la Russie. Notre petit club compte une petite vingtaine d’adhérents cette année », décrit celui qui se fait appeler Eremeï en terres russes.
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Le jeune homme s’est en effet à maintes reprises rendu en Russie, qu’il s’agisse des deux capitales, de la Sibérie, du Grand Nord ou de villes de la province occidentale. Des séjours visant à suivre l’enseignement de son maître et à animer des stages, mais lui ayant aussi permis de faire la connaissance de véritables cosaques.
D’ailleurs, si une minorité de représentants de cette communauté ont pu remettre en cause la légitimité d’un Français à endosser le titre de champion du monde de flankirovka, d’autres n’ont pas hésité à lui faire savoir « que j’étais bien plus cosaque qu’eux ne le seront jamais », témoigne chaleureusement Jérémy.
Il est vrai que, non content de se satisfaire de cette seule pratique sportive, c’est un entier mode de vie que notre interlocuteur s’est forgé autour de l’esprit cosaque.
« En fait, pour moi, pratiquer un art martial ne se limite pas à suivre ses cours hebdomadaires, c’est avant tout se plonger corps et âme dans la culture qui lui est liée, il n’y a que comme ça que l’on peut en comprendre toute la dimension, souligne Jérémy. Les valeurs cosaques sont des valeurs qui nous manquent grandement dans notre société moderne où tout le monde est poussé à tout faire en solitaire. Les cosaques étaient, avant tout, tous frères, ils appliquaient au sein de leur stanitsa [village cosaque] une vraie démocratie, et surtout ils étaient "libres". Suivre leur voie m’aide vraiment à devenir chaque jour quelqu’un de meilleur, de plus fort et de plus éveillé ».
Cette philosophie, le champion tente aujourd’hui de la diffuser y compris grâce à sa chaîne YouTube, par le biais de laquelle il enseigne tant les pas de base de la danse cosaque et les techniques traditionnelles de défense, que l’aménagement d’un bania (sauna russe) de fortune en forêt ou le maniement rotatif du … tronc d’arbre !
Porté par cette passion et la curiosité du public français, le couple nourrit désormais de nombreux projets, comme une participation plus régulière à des festivals médiévaux et historiques afin de se faire connaître, ou l’ouverture d’une boutique-dojo proposant armes et tenues cosaques et hébergeant leurs formations. Enfin, si Jérémy affirme qu’il prendrait un grand plaisir à entamer une carrière de cascadeur ou d’acteur dans des productions cinématographiques en lien avec ce sujet, il se rêve également en fondateur d’une véritable stanitsa cosaque sur le territoire français afin de promouvoir ces traditions venues d’ailleurs.
Un but, certes ultime et un peu fou, mais assurément à la portée de l’esprit d’aventure des cosaques !
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