Dix faits sur le village le plus septentrional de Russie

Valery Melnikov/Sputnik
Souvent désigné comme le «bout du monde», Dikson est arrosé par les eaux d’une mer bordière de l'océan Arctique et couvre un territoire si vaste et si faiblement peuplé que l’on y trouve un seul habitant pour 500 km². Voici quelques faits sur cette commune urbaine.

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Seulement 548 habitants sur un territoire de la taille de la Grande-Bretagne  

220 000 km2 – c’est le territoire rattaché à la commune de Dikson, ce qui est comparable à celui de la Grande-Bretagne, qui fait 243 809 km2. Pourtant, à en croire les données datant de 2018, seuls 548 personnes peuplent ces vastes étendues, soit à peu près 500 km2 par tête ! Néanmoins, dans les faits, tous ces habitants vivent dans une petite agglomération, les uns à côté des autres. Au cours de ces 30 dernières années, leur nombre a été divisé par dix – ils sont partis vivre sur le « continent », c’est ainsi que les Russes vivant dans les coins éloignés appellent le reste de la Russie.

Système de laissez-passer

Pour rentrer dans la commune, les locaux doivent présenter leur passeport intérieur avec indication de leur lieu d’enregistrement, tandis que tous les visiteurs extérieurs doivent recevoir un laissez-passer avant d’y mettre le pied. Cette commune côtière est considérée une zone frontalière. Il n’est possible de s’y rendre qu’en avion. L’île (Dikson est divisé en deux par un golfe) a un aéroport où atterrit une fois par semaine un vétuste An-26. Tous les produits alimentaires sont également acheminés par les airs et coûtent, en conséquence, cher.

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La chance de se procurer de l’essence ne s’offre qu’une fois par an

Les habitants de Dikson ne peuvent pas aller faire le « plein » - il n’y a ici tout simplement pas de station essence et la plus proche est située à 500 km de ces lieux. Or, faute de routes, il est impossible de s’y rendre.

Par conséquent, s’il leur faut de l’essence, il faut en commander en été pour une année. Alors, un navire en acheminera. Le suivant, il ne faudra pas l’attendre avant l’été prochain. Mais de toute façon, les automobiles sont rares ici. « Les gens ont surtout des motoneiges et des bateaux à moteur. Nous commandons une-deux tonnes d'essence. C’est suffisant pour un an », explique le résident Alexander Anissimov.

L’hiver dure 9 mois

L’hiver arctique, ce sont des nuits polaires, un froid extrême, des tempêtes de neige mortellement dangereuses qui durent des semaines entières. À Dikson, l’hiver dure 9 mois et le mercure tombe à près de -50°C. Toutefois, les locaux trouvent que ce n’est pas le pire : « Les vents sont réguliers, car le climat est marin. Mais les gels ne sont pas aussi rudes qu’à Norilsk ou à Doudinka. Là-bas au moindre courant d’air il est impossible de sortir. Ici, il y a du vent, mais c’est relativement tiède », estime Albert Mingajiev, professeur d’anglais.  

En juin, on y roule encore en motoneiges et la température moyenne est de +5/+6°C.

Il n’y a pas d’arbres, du tout  

Dikson est situé en plein désert arctique, région dénuée d’arbres. En été, c’est une toundra verdoyante ; en hiver, de la neige infinie.

La police protège contre les ours

Si le taux de criminalité est à zéro, la police y existe bel et bien. Pourquoi ? Pour protéger les locaux contre les ours et loups. Des SMS sont en outre envoyés pour prévenir de l’approche d’ours polaires : on y conseille avec insistance de ne pas sortir seul après 20h00, de ne pas nourrir les ours ainsi que de ne pas essayer de se prendre en photo avec eux si une telle idée vient à l’esprit.

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Toutefois, le moyen le plus efficace, estime le programmeur Robert Prastsenis, est de suivre le comportement des chiens. « Si vous ne voyez pas les chiens dehors, il faut bien regarder autour. Si les chiens sont tranquilles ou courent, tout est normal. Quand les habitants voient un ours, ils appellent l’administration ou la police. À bord de leur véhicule, les forces de l’ordre chassent le prédateur ».

Ici, personne ne télécharge de vidéos en ligne  

Le réseau cellulaire n’est arrivé ici qu’il y a dix ans. Désormais, tout le monde a Internet, mais il est si lent qu’entre une heure et demie et deux heures sont nécessaires pour mettre en ligne des photos. Et il coûte autant qu’un abonnement pour six mois ailleurs dans le pays.

Pas d’hôpital  

Faute de médecins, l’hôpital a fermé il y a quelques années. Si quelqu’un se sent mal, la seule solution est d’appeler l’aviation sanitaire. Un généraliste se rend régulièrement ici et examine les locaux. En outre, vous ne trouverez ici ni de bus, ni de cafés, ni de supermarchés, ni de bannières publicitaires. Cependant, il y a une salle de musculation, où beaucoup passent leur temps.  

L’entretien de la commune revient à plus de 100 millions de roubles par an

1,1 million d’euros, soit 30 fois plus que l’entretien d’un village dans les monts Saïan (Sud-Ouest de la Sibérie) comptant autant d’habitants. C’est une commune dépendant à 90% des dotations ; outre les résidents permanents, vivent ici les fonctionnaires qui y sont envoyés pour une relève d’une durée déterminée.

Anicienne capitale de l’Arctique  

Pendant l’ère soviétique, Dikson était un centre de commerce, de mise en valeur des gisements, d’expéditions, mais aussi un lieu de déportation. Des géologues, des professeurs, des pilotes polaires et des militaires affluaient ici des quatre coins du vaste pays. Pendant les années 1980, cette commune, fondée il y a 105 ans, comptait encore 5 000 habitants.

Dans cet autre article, nous vous présentons les spécificités de la vie dans les lieux les plus reculés de Russie.

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