Le gouvernement est prêt à discuter du raccourcissement de la semaine de travail, le progrès technologique permettant de rendre une telle option réelle, a déclaré le premier ministre russe Dmitri Medvedev lors de la Conférence internationale du Travail qui s’est tenue du 10 au 21 juin à Genève. « Il est très probable que l’avenir sera derrière une semaine de quatre jours comme base du contrat de travail ».
Medvedev a alors mentionné Henry Ford qui, il y a un siècle, a raccourci la semaine de travail de 48 à 40 heures, ce qui n’a fait que du bien. Autre exemple cité - la compagnie néo-zélandaise Perpetual Guardian, qui est passée l’année dernière à une semaine de quatre jours pour rendre le travail plus efficace.
>>> Pourquoi la Russie affiche-t-elle un si faible taux de chômage?
« Nous avons besoin de nouvelles approches, d’emplois du temps flexibles, de formats de travail à distance », a encore déclaré le chef du gouvernement, semant, paraît-il, un espoir dans les âmes des citoyens. Une excellente nouvelle, n’est-ce pas ? Mais ce n’est pas le cas.
Près de la moitié des Russes - 48% - n’ont pas soutenu l’idée et 17 autres pourcent ont manifesté leur indifférence à son égard, d’après une récente étude réalisée par le Centre panrusse d’étude de l’opinion publique VTsIOM.
Attendez, les Russes sont vraiment contre ? Qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez eux ?
Il s’avère qu’au lieu de ravir, cette nouvelle a effrayé la plupart des Russes qui sont persuadés que si la semaine de travail devient plus courte, leur salaire sera revu à la baisse. L’issue positive selon laquelle le temps de travail diminuera sans impacter les revenus n’est envisagée que par peu des personnes interrogées. 14% jugent même que si la société travaille moins, elle sombrera dans l’alcoolémie et la toxicomanie.
L’avis des experts ne rend pas le tableau plus optimiste : « Si l’individu travaille moins, il est logique que le salaire diminue. Il n’est pas exclu que dans certains domaines le rendement déclinera lui aussi », a déclaré dans un commentaire au site d’information Gazeta.ru Dmitri Lesniak, responsable GR chez la compagnie juridique BLS Law Firm. Dans l’alliance des entrepreneurs Opora Rossii, on croit en outre qu’un jour de congé supplémentaire coûterait trop cher aux Russes.
Mais, comme Medvedev l’a bel et bien dit, il s’agit d’un processus qui ne se fait pas en de brefs délais, il y aura de quoi discuter et la question des salaires sera elle aussi à l’ordre du jour.
>>> Quel est le véritable salaire des Russes et en sont-ils satisfaits?
Et comment la plupart des Russes travaillent-ils ?
Beaucoup ! D’après les données de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la Russie clôt le peloton de tête des cinq pays travaillant le plus, avec 1 980 d’heures de travail par an. C’est plus qu’en France (1 526), l’Allemagne (1 356), les États-Unis (1 780) ou le Japon (1 710). La semaine de travail y dure 40 heures.
Mais le paradoxe réside dans le fait que les Russes ont pourtant le moins de jours ouvrés dans le monde : rien que la célébration du Nouvel An y dure dix jours fériés, sans compter l’« ancien » Nouvel An. Il ne faut pas non plus oublier les fêtes de l’homme et de la femme (le 23 février et le 8 mars respectivement) et la longue période des fêtes en mai (la Fête du travail et le Jour de la Victoire) ainsi que les autres occasions que les Russes célèbrent sans même se rappeler de leur signification.
Dans cet autre article, nous vous expliquons pourquoi la Russie affiche un si bas taux de chômage.