Le 11 février, 71 personnes ont trouvé la mort lors du crash d’un An-148 de la compagnie Saratov Airlines dans la région de Moscou. Deux jours après le début de l’enquête, les autorités ont semble-t-il exclu la piste terroriste.
Le Comité d’enquête de Russie a exclu cette hypothèse. « L’An-148 a explosé en touchant le sol », a précisé Svetlana Petrenko, représentante officielle de l’organisation, suggérant ainsi qu’il ne s’agit probablement pas d’un acte terroriste.
Un enregistrement récemment découvert provenant d’une caméra de surveillance installée sur un bâtiment privé près des lieux de la tragédie montre en effet clairement que l’avion était intact avant de percuter le sol. L’explosion massive aperçue par les résidents des environs, qui a initialement déclenché des rumeurs sur une possible attaque terroriste, s’est donc produite au moment de l’impact. La vidéo exclut ainsi cette piste, poussant donc les enquêteurs à porter leur attention vers d’autres causes potentielles.
Le Comité d’enquête a créé une commission spéciale chargée de mener les investigations mais la principale question reste encore en suspens : qu’est-ce qui a provoqué le crash ? Les versions les plus probables impliquent une panne de moteur, la formation de glace, la faible qualité du carburant ou encore une erreur de pilotage.
Le Comité a par ailleurs réquisitionné la documentation interne de la compagnie Saratov Airlines et a entamé des recherches parallèles au sein de l’aéroport de Domodedovo, où l’avion a décollé, ainsi qu’à celui de Penza, d’où il était venu avant d’arriver à Moscou.
Le crash a pu être potentiellement causé par une surtension du moteur. « Cette panne résulte d’une perte de flux d’air constant à travers la turbine, ce qui entraine la destruction du moteur », a expliqué l’expert en aviation Sergueï Kroutoussov. Un oiseau aurait également pu provoquer une panne.
Une autre piste envisagée est celle de la formation de glace sur les ailes de l’appareil durant le décollage et les premières minutes de vol.
Il n’y a à l’heure actuelle pas eu d’information confirmant ou non le fait que l’An-148 est passé par un dégivrage au sol, une procédure consistant à recouvrir un avion de liquide antigel avant son décollage. Si le capitaine de bord a décidé de refuser cette opération dans le but d’économiser le budget de la compagnie, cela a pu entrainer l’apparition de glace sur les ailes de l’appareil ainsi qu’une défaillance ultérieure.
Lire aussi : Un Russe échappe à la mort en échangeant son billet pour le vol 703
Un expert anonyme de l’Institut de recherche et de vol Gromov, dans la région de Moscou, interviewé par le site Life.ru a affirmé qu’une erreur humaine ou technique a potentiellement pu entrainer le gel d’une conduite de carburant, en raison des faibles températures actuelles. Habituellement ce problème est empêché par l’ajout d’un produit réchauffant dans le carburant, mais personne ne peut garantir que ces instructions ont cette fois été suivies. Le Comité d’enquête a promis de publier les résultats du test du carburant sous deux ou trois jours.
Les erreurs de pilotage peuvent parfois conduire à une catastrophe. Pour l’instant, cette piste n’a néanmoins pas été confirmée officiellement. « Les moteurs de l’appareil peuvent être tombés en panne en raison de l’oubli des pilotes d’activer la pompe électrique du carburant lors du décollage », avance l’expert de l’Institut Gromov, cité par Life.ru.
Il s’agit cependant de spéculations infondées. Valeri Goubanov, capitaine de l’avion âgé de 51 ans, était en effet un pilote expérimenté, avec plus de 5000 vols à son actif.
Il apparaît également que les pilotes ont été pris de court. Un contrôleur du trafic aérien ayant aiguillé l’avion depuis l’aéroport de Domodedovo a effectivement précisé que les pilotes n’avaient reporté aucun dysfonctionnement ou panne avant ou durant le vol. L’avion a simplement soudainement cessé de répondre aux appels des contrôleurs.
« Les pilotes rapportent habituellement toute urgence au centre de contrôle. Mais il y a une règle qui leur dicte de tenter de reprendre le contrôle de l’appareil et de ne reporter le problème qu’après cela. S’ils essayaient de reprendre le contrôle de l’avion, ils ne pouvaient physiquement pas reporter cette urgence à cause du manque de temps », souligne Andreï Bouline, ancien vice-président de l’Union fédérale des contrôleurs aériens de Russie.
Les deux boites noires, enregistrant séparément les communications de l’équipage ainsi que les paramètres de vol, ont été retrouvées par les autorités. Ces dernières ont copié avec succès les données mais nécessitent plus de temps pour les déchiffrer. L’accès total aux boites noires donnera aux enquêteurs les informations nécessaires pour tirer des conclusions plus solides quant aux raisons du crash.
Les avions de modèle An-148 sont produits en Ukraine et en Russie sous licence ukrainienne. Le dernier appareil de ce type a été assemblé en Russie en 2017 et leur construction a ensuite cessé en raison d’une absence de demande. Actuellement, ces avions opèrent en Russie, en Ukraine ainsi qu’en Chine.
Le ministère russe de la Défense et celui des Situations d’urgence comptent parmi les propriétaires d’engins de ce type. Le Service fédéral russe de sécurité avait également passé commande pour trois An-148 en 2014 mais la livraison n’a pas été officiellement confirmée. Par ailleurs, la compagnie aérienne russe Angara Airlines utilise ce modèle pour des vols commerciaux.
Pour le moment, seule la compagnie Saratov Airlines, propriétaire de l’appareil sinistré, a annoncé sa décision de suspendre temporairement son utilisation des An-148 qu’elle possède.
Pour connaître les caractéristiques techniques et les antécédents de l’An-148, retrouvez ici notre publication spéciale à ce sujet.
Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.
Abonnez-vous
gratuitement à notre newsletter!
Recevez le meilleur de nos publications directement dans votre messagerie.