C’est en 2004 que Ksenia Sobtchak est devenue une star du petit écran, alors qu’elle participait au programme de téléréalité Dom-2 (Maison-2), où de jeunes gens construisent une maison et forgent des relations amoureuses.
13 ans plus tard, cette émission est toujours diffusée, mais elle est associée au mauvais goût et est considérée comme le summum de la vulgarité à la télévision nationale. De son côté, Ksenia Sobtchak est contre toute attente devenue une figure sérieuse et influente de la société russe.
Si Vladimir Poutine n’a pas officiellement déclaré qu’il se lancerait dans la course à la présidence, peu nombreux sont ceux à douter qu’il le fera. Parallèlement, au cours de ces derniers mois, des rumeurs ont couru quant au fait que Sobtchak pourrait le défier durant les prochaines élections. Aussi, le 18 octobre, le quotidien Vedomosti a finalement publié une lettre lui ayant été adressée par la jeune femme en personne, dans laquelle elle annonce sa décision de se présenter comme candidate.
La fille du mentor de Poutine
Poutine a débuté sa carrière politique en tant que député d’Anatoli Sobtchak, l’ancien maire de Léningrad. C’est d’ailleurs sous son mandat que la ville a retrouvé son nom actuel, Saint-Pétersbourg. Mort en l’an 2000, on disait de lui qu’il était une personne honnête et sage, et un véritable partisan de la démocratie. Des rumeurs affirment par ailleurs que Poutine, qui était son bras droit, serait le parrain de Ksenia.
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Il est en outre intéressant de noter qu’en 2004 cette dernière est sortie diplômée avec mention excellente du MGIMO, l’Institut d'État des relations internationales de Moscou, après y avoir étudié en sciences politiques. Le thème de son diplôme était « Analyse comparative des institutions présidentielles en France et en Russie ». Elle a également déclaré maîtriser l’anglais, le français ainsi que l’espagnol.
Un personnage de télévision polémique
Ksenia Sobtchak a fait sa première apparition à la télévision en 2004. À cette époque elle faisait partie de ce que l’on appelle la « jeunesse dorée » russe, et était donc présentée comme la Paris Hilton nationale. Elle a même eu sa propre émission de téléréalité, Blonde en chocolat, où on pouvait la voir sortir dans des vêtements somptueux et boire des boissons onéreuses dans des boîtes de nuit luxueuses. C’était une femme mondaine professionnelle, fréquemment invitée aux fêtes des riches célébrités, aux cérémonies de remise de prix musicaux, ou encore aux événements organisés par les grandes entreprises. En parallèle, son nom était associé au scandale, et si elle ne manquait pas d’argent, elle ne manquait pas non plus d’ennemis.
Un changement radical
L’année 2012 a été pour elle un grand tournant, désirant se forger une image de femme sérieuse, Sobtchak a effectué un virage à 180 degrés. Elle a alors commencé à porter des lunettes et à monter d’importants projets journalistiques. Entre 2012 et juin 2017, elle a interviewé les plus grands hommes politiques, hommes d’affaires et journalistes dans le cadre de son programme télévisé La vie de Sobtchak, diffusé sur la chaîne Dojd (Pluie) TV.
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La même année, Sobtchak a endossé le rôle d’éditrice en chef du magazine glamour SNC (autrefois connu sous le nom de Sex and The City), mais a en 2014 cédé sa place pour occuper ce même poste chez L’Officiel.
Son projet probablement le plus étonnant et sérieux a néanmoins été d’intégrer l’opposition politique. Alors que les manifestants envahissaient les rues de Moscou en 2012, réclamant des élections équitables, Sobtchak et ses proches (journalistes, acteurs et écrivains) ont commencé à assister aux rassemblements, et sont donc devenus persona non grata, se privant de toute chance de travailler à nouveau sur les chaînes télévisées gouvernementales.
Leader de l’opposition
C’est au milieu de ces meetings d’opposition que Ksenia a rencontré son futur mari, l’acteur Maxim Vitorgan. En 2016 elle a d’ailleurs donné naissance à leur fils, Platon.
Ayant longtemps été perçue comme faisant partie du cercle intime de Poutine, beaucoup ont longtemps pensé que sa conversion à l’opposition n’était pas sincère. Cependant, ses commentaires sur les médias sociaux et ses interviews concernant le Kremlin sont devenus de plus en plus critiques à l’égard du pouvoir. Aussi, lorsque l’activiste et bloggeur de l’opposition Alexeï Navalny a annoncé sa candidature pour la présidentielle, Sobtchak lui a exprimé son soutien.
Au cours d’une interview qu’elle a réalisée en juin avec lui, ils ont toutefois eu une conversation légèrement houleuse. Kenia a en effet avancé que son programme politique n’était pas assez clair quant à la manière d’améliorer la situation dans le pays, Navalny se contentant de combattre la corruption, de démasquer les personnalités publiques et d’établir des rapports au sujet de leurs villas et jets privés, tout en manquant de solutions pour changer les choses.
La course à la présidentielle
« Je suis Ksenia Sotchak, j’ai 35 ans, j’ai vécu et travaillé toute ma vie en Russie, et me soucie de ce qui arrive à mon pays, peut-on lire dans la lettre de Sobtchak publiée par Vedomosti. Je traite toutes les activités publiques avec responsabilité et réalise tous les risques et incroyables difficultés de ce défi. J’ai pensé que ma participation aux élections présidentielles pouvait être un pas vers les changements qui sont si essentiels pour notre nation ».
Sobtchak écrit également qu’elle souhaite représenter l’option « Contre tous » qui était présente sur les bulletins de votes dans les années 90. Elle assure ne pas être « seulement une candidate, mais la porte-parole de tous ceux qui ne peuvent devenir candidats. Je suis prête à exprimer leurs plaintes auprès des autorités en place ». La lettre intégrale est disponible en russe ici.
Plus tôt, Vedomosti reportait que le Kremlin avait décidé d’autoriser Sobtchak à se présenter aux élections. Il ne reste donc plus qu’à voir ce dont sera capable cette intelligente jeune femme.