Russian dolls in the likeness of US presidential candidate Donald Trump (L) and Russia's president Vladimir Putin in a souvenir shop.
Mikhail Pochuyev / TASSDonald Trump et Vladimir Poutine. Crédit : Mikhail Potchuyev / TASS
Les Etats-Unis ont élu leur président. Le très controversé candidat républicain, le milliardaire Donald Trump, a battu sa rivale, la candidate démocrate Hillary Clinton. Une victoire qui a plongé dans la perplexité non seulement les experts – qui n’avaient jamais envisagé sérieusement un tel résultat –, mais également les marchés boursiers et le site d’immigration du Canada (Citizenship and Immigration Canada n’a pas tenu le coup face au flot de demandes adressées par les Américains) qui ont été perturbés après que l’avantage de Donald Trump fut devenu plus ou moins évident.
La question des relations avec la Russie était sans doute celle où les positions des deux candidats différaient le plus. Moscou a apparemment misé sur Donald Trump, estimant qu’il serait préférable pour le développement des relations bilatérales. Et après avoir fait ses jeux, la Russie s’est ruée vers le petit écran : pour une journée, le « grand show » américain est aussi devenu celui des Russes, avec reportages en direct de bureaux de vote sur les principales chaînes, tables rondes et commentaires de différents niveaux, allant des députés aux diplomates. Vladimir Poutine a été le premier président à adresser ses félicitations à Donald Trump.
« Êtes-vous content ou horrifié ? » : telle est sans doute la question la plus souvent posée sur les réseaux sociaux ce 9 novembre. Les sentiments étaient en effet ambivalents. L’homme qui, en cas de victoire, avait promis de mettre en prison Hillary Clinton et de faire construire un mur entre les Etats-Unis et le Mexique pour 8 milliards de dollars était perçu en Russie comme un fanfaron. Or maintenant qu’il a remporté la présidentielle, tout devient sérieux.
Les libéraux étaient dans la confusion. « Je ne comprends pas pourquoi le Kremlin est pour Trump. Personne n’a sans doute lu son programme. Ce mec fera dégringoler les prix du pétrole en libéralisant l’extraction et les exportations des Etats-Unis », a indiqué Alexeï Navalny (opposition).« Je comprends les Américains qui, parallèlement à la présidentielle, votent en faveur de la banalisation de la drogue. Il ne reste qu’à se piquer pour oublier », a écrit le journaliste de la radio Écho de Moscou, Vladimir Varfolomeïev, en rappelant que les Américains de plusieurs Etats se voyaient proposer de voter le même jour pour la banalisation de la marijuana.
Suite à la victoire du candidat républicain, certains penchent vers la théorie du complot : Donald Trump ne serait rien de moins… qu’un agent de Vladimir Poutine. Dans ce contexte, l’acteur Roman Gromadski indique en souriant que le chef de l’Etat aurait pu faire paraître aujourd’hui le décret suivant : « Nommer Donald Trump représentant du président dans le district fédéral d’Amérique du Nord ». « Poutine est intervenu dans nos élections et a réussi. Bravo », a écrit l’ex-ambassadeur des Etats-Unis en Russie, Michael McFaul, avant d’effacer ce tweet.
Ce matin, un compte russe parodique de Donald Trump a fait son apparition sur Twitter @DonaldTrumpRF. « Nombreux sont ceux en Russie qui pensent qu’ils auront désormais des routes, que personne ne viendra plus pisser dans leur entrée d’immeuble et que le SIDA disparaîtra. Je ne le permettrai pas ! », écrit un auteur anonyme tournant en dérision l’idée de certains Russes qui accusent l’Amérique de tous leurs maux.
« La présidentielle aux Etats-Unis était couverte chez nous plus en détail que la récente législative en Russie », a constaté l’observateur de Kommersant FM, Stanislav Koutcher. La façon même dont les médias russes ont parlé des élections américaines semble à certains plus révélatrice que toutes les digressions sur ce que cela signifie pour la Russie.
Selon lui, on avait l’impression que les Américains avaient colonisé en 2016 sinon toute la Russie, du moins les médias russes : le sujet était couvert avec une intensité telle qu’il semblait quela presse comblait l’impossibilité de commenter « de façon aussi libre et passionnée » la politique russe.
Affirmant qu’il s’agit d’un « complexe d’infériorité », le journaliste conclut : « Ce n’est que quand les détails de l’élection présidentielle en Russie seront évoqués aux heures de grande écoute aux Etats-Unis que l’on pourra dire que nous sommes vraiment grands ».Entretemps, Margarita Simonian, rédactrice en chef de la chaîne de télévision Russia Today et de l’agence d’information Rossiya Segodnya, a indiqué sur Twitter : « Je circule en voiture en accrochant le drapeau national à l’une des fenêtres et le drapeau américain à une autre. Comme un symbole de paix-amitié-chewing-gum. D’avance ».
La Douma (chambre basse du parlement russe) a accueilli avec de vifs applaudissements la nouvelle de la victoire de Donald Trump. Le leader du Parti libéral-démocrate, Vladimir Jirinovski, a promis de donner en l’honneur du nouveau président un banquet où le mousseux coulerait à flot. Et la sénatrice de Crimée, Olga Kovitidi, s’attend à ce que Donald Trump reconnaisse la presqu’île comme une partie de la Russie.
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