Le candidat républicain Donald Trump félicite ses partisans en quittant la scène après une rencontre dans le cadre de sa campagne électorale à Greensboro, Caroline du Nord, le 14 juin 2016.
APLes croisés anti-Trump l’étrillent de toutes leurs forces pour sa volonté de mettre en danger le statut et la sécurité des Etats-Unis dans un monde qui serait rempli de nations supposées hostiles et « voyous ». Donald Trump, l’icône inattendue de l’isolationnisme renaissant, est accusé d’« incohérence », synonyme d’incompétence dans les affaires étrangères.
L’ancienne secrétaire d’Etat Hillary Clinton (démocrate) affirme : « Si l’Amérique ne mène pas la course, nous laisserons un vide » que les puissances rivales « s’empresseront à remplir ».
Robert M. Gates (républicain), qui a occupé le poste de directeur de la CIA sous George H.W. Bush avant de devenir secrétaire à la Défense sous les présidents George W. Bush et Barack Obama, tire également la sonnette d’alarme : « Le repli sur soi de l’Amérique rendra le monde plus dangereux pour les autres, mais aussi pour nous ».
L’attaque bipartisane contre Donald Trump révèle l’importance des enjeux de l’élection américaine. Une victoire de Trump pourrait redessiner l’agenda politique intérieur comme extérieur ouvrant la voie à une Amérique plus introvertie et moins belliqueuse.Vengeur et pacificateur à la fois
A propos des avions russes faisant un « tonneau » par-dessus les appareils américains, l’homme fort, nullement déconcerté, a expliqué comment il aurait agi dans cette situation : « A un moment, quand un pigeon arrive sur toi, il faut tirer ».
Dans le même temps, M. Trump le Tireur a précisé : « Cela doit bien sûr commencer par la diplomatie et par un coup de fil rapide à Poutine ».
Encore une fois, Trump se montre cohérent. Il avait bien dit auparavant qu’il était prêt à discuter avec le président russe faisant ainsi comprendre qu’il croyait en la possibilité de combler le fossé de méfiance.
C’est précisément le point sur lequel Donald Trump et Hillary Clinton diffèrent le plus. L’ancienne cheffe de la diplomatie américaine pense, pour citer Joseph A. Mussomeli, qui a servi dans le service américain des Affaires étrangères de 1980 à 2015, que « nous ne devrions pas trop parler à Poutine et nous devons élargir davantage l’OTAN car… la Russie pourrait constituer une menace encore plus grave sans l’expansion de l’OTAN ».
Trump, en revanche, « semble comprendre l’avertissement de George Kennan qui disait que l’expansion de l’OTAN rendrait la Russie plus paranoïaque et plus agressive », écrit M. Mussomeli, ancien ambassadeur des Etats-Unis au Cambodge et en Slovénie.
Mettant de côté la description de la Russie comme « plus paranoïaque et plus agressive », il faut noter ce que le diplomate chevronné définit comme autre cause d’aversion à l’égard de Donald Trump : son rejet de la « seconde priorité néoconservatrice », c’est-à-dire « la nouvelle guerre froide contre la Russie ».
Prophète néo-isolationniste ou paria
En effet, Donald Trump adopte une approche conceptuellement différente dans les relations avec le monde extérieur. « Nous avons dépensé $4 billions en essayant de renverser différentes personnes », affirme M. Trump. « Si nous avions pu dépenser ces $4 billions sur le sol américain pour réparer nos routes, nos ponts et tous nos autres problèmes, nos aéroports et tous les problèmes qu’on a, nous nous en sortirions bien mieux ».
Donald Trump propose de récolter les « dividendes de la paix » non pas grâce à une victoire dans un conflit régional à des milliers de kilomètres des côtes américaines (rappelez-vous des « nouveaux conflits ingagnables » d’Ignatius) ou une autre guerre froide, mais en mettant de l’ordre dans la maison tout en « faisant des amis » et en se contentant « d’influencer » les autres.
Donald Trump pourrait entrer dans les livres d’histoire comme prophète ou comme paria néo-isolationniste. Dans tous les cas, il défend une politique étrangère plus prévisible et moins aventureuse.
Si Donald Trump remporte la Maison blanche, sa capacité à rallier un « parti de la paix » autour de lui est une question à plusieurs milliards de dollars. Mais même si le Kremlin préfère ne pas prendre parti, l’offre, pas encore articulé, de M. Trump de « redémarrer » les relations avec la Russie et le reste du monde mérite d’être saluée et… tacitement soutenue.
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