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Dans la Russie médiévale, les femmes pouvaient résoudre leurs conflits dans certaines conditions définies par le droit. La Charte judiciaire de Pskov (1397-1467) décrivait les cas dans lesquels les femmes prenaient part aux duels judiciaires. L’article 119 disposait que, si les deux parties d’une affaire étaient des femmes, elles devaient s’affronter en personne. L’article 36 autorisait la plaignante d’une affaire de dettes à se faire remplacer. Si elle avait recours aux services d’un tiers, le défenseur masculin pouvait en faire de même.
Les femmes se battaient non seulement avec leurs poings, mais aussi avec des armes : des frondes, des bâtons, des gourdins, des lances.
Sous Catherine II, les duels entre femmes prirent une autre dimension. Dans sa jeunesse, celle qui s’appelait encore Sophie d'Anhalt-Zerbst se battait à l’épée avec l’une de ses cousines issues de germain. Ni l’une, ni l’autre n’avait évidemment l’idée de se battre à mort : elles fendaient l’air de leurs épées, se calmaient et considéraient leur différend réglé. Installée en Russie, Catherine n’oublia pas ses habitudes. Lors d’une dispute avec son mari Pierre III, elle remarqua qu’il avait saisi une épée. Elle en exigea immédiatement une pour elle-même. Surpris d’une telle détermination, il décoléra.
Bien que les duels aient été interdits par la loi, on faisait des exceptions pour les femmes. L’essentiel était qu’elles n’aillent pas au-delà du premier sang. L’impératrice ne se battait pas elle-même mais était témoin de dames de la cour. Au cours de son règne, trois duels se terminèrent par la mort d’une des deux participantes.
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À l’instar de Catherine II, les dames de la cour montrèrent de l’intérêt pour les duels. Ce n’était pas tant de voir des femmes armes à la main qui étonnait que de constater avec quelle rage elles s’opposaient. Avec le temps, les duels devinrent un divertissement au même titre que les jeux de cartes ou la musique. Les femmes s’affrontaient notamment dans leurs palais sous couvert des salons littéraires qu’elles y tenaient. En 1823, celui de Madame Vostrooukhovskaïa servit de prétexte à une vingtaine de duels.
Les aristocrates russes n’hésitaient pas à demander réparation en duel en dehors des frontières de l’Empire. Ainsi, en 1770, à Londres, la fondatrice de l’Académie impériale des sciences et des beaux-arts, la princesse Ekaterina Vorontsova-Dachkova, se querella avec la duchesse de Foxon dans les salons de la comtessse Pouchkine, la femme de l’ambassadeur russe. Le ton monta rapidement. La princesse jeta le gant à la duchesse qui le releva. Elles croisèrent le fer et la duchesse de Foxon blessa la princesse Dachkova.
Princesse Dachkova
Hillwood Estate, Museum & GardensS’ils étaient une distraction à la mode, les duels donnaient aussi l’occasion de se débarrasser d’une concurrente ou d’une ennemie. Olga Zavarova et Ekaterina Poliessova, deux propriétaires terriennes de la région d’Orel, étaient en conflit depuis de nombreuses années. Durant l’été 1829, elles décidèrent de crever l’abcès une fois pour toutes. Elles choisirent le sabre pour ce faire. Leurs témoins furent leurs filles et leurs serviteurs. L’issue du duel fut tragique : Olga Zavarova fut mortellement blessée à la tête mais eut la force de porter un coup fatal à Ekaterina Poliessova. Cinq ans plus tard, leurs filles s’affrontèrent à leur tour : Zavarova tua Poliessova.
Pour en savoir plus sur les duels dans l’Empire russe, suivez le lien
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