Cinq choses à savoir sur la cravate des pionniers, ces «scouts d’URSS»

Iouri Somov /Sputnik
Pourquoi la cravate des pionniers s’abîmait-elle si facilement, et pouvait-on volontairement l’endommager? Nous l’expliquons à ceux qui n’ont pas connu l’âge d’or de ces «scouts soviétiques».

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1. La cravate est inspirée du foulard des scouts

Le mouvement des scouts est apparu en Russie avant les pionniers. Il a vu le jour sous le tsarisme, à la fin des années 1910, mais la révolution a mis fin à son essor. Dans les années 1920, le gouvernement soviétique a estimé qu’il était nécessaire de travailler avec la jeunesse. La première à évoquer la création d’une organisation de jeunesse a été Nadejda Kroupskaïa, l’épouse de Lénine, qui, à la fin du mois de novembre 1921, a réalisé plusieurs interventions sur le scoutisme.

Lorsque le mouvement des pionniers a été créé en 1922, il empruntait effectivement beaucoup aux scouts : clairon, tambour, salutation, devise « Sois prêt ! » avec la réponse « Toujours prêt ! », organisation des détachements, traditions des rassemblements autour d’un feu de camp… Le foulard vert des scouts s’est quant à lui transformé en cravate chez les pionniers – il s’agissait d’un triangle isocèle avec une base de 100 cm et une hauteur de 30 cm de couleur rouge, en référence au feu de la révolution mondiale.

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2. Les trois coins de la cravate, symbole de «trois générations» de communistes

Le foulard des scouts et la cravate des pionniers sont triangulaires. Si chez les scouts, il symbolisait trois chemins - vers soi, vers le peuple, vers Dieu -, pour les pionniers, les trois coins de la cravate représentaient les trois générations du peuple socialiste : pionniers, membres du Komsomol, communistes.

3. La cravate était «sacrée»

Les bambins soviétiques apprenaient des rituels dès leur plus jeune âge. Avant de devenir pionniers, ils étaient « enfants d’octobre ». Pour rejoindre les pionniers, il fallait mémoriser le serment du pionnier et étudier correctement. Les pionniers étaient acceptés lors d’une cérémonie solennelle qui avait lieu dans la salle de réunion de l’école ou dans le « coin de Lénine ». À la fin de la cérémonie, le pionnier mettait solennellement sa cravate.

Une cravate portée autour du cou peut être assimilée en ce sens à une croix pectorale, symbole chrétien que le gouvernement soviétique avait « banni ». La cravate du pionnier était considérée comme sacrée et il fallait en prendre soin : elle devait être nettoyée, repassée et reprisée.

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4. Une bonne cravate ne se trouvait pas facilement

Les cravates des pionniers n’étaient pas standardisées en termes de matériaux, et elles étaient produites par différentes fabriques. Les plus populaires étaient en soie d’acétate découpée à chaud ; elles n’étaient pas cousues sur les bords, mais fondues, et s’effilaient donc rapidement. Si une cravate était en mauvais état ou perdue, elle devait être changée à ses frais et souvent en secret. Les pionniers et les chefs, s’ils étaient informés de la perte d’une cravate, pouvaient accuser un enfant de manque de respect envers les symboles du mouvement, ce qui pouvait entraîner des conséquences fâcheuses. Le pionnier était convoqué à une réunion au cours de laquelle on le questionnait : on lui demandait s’il étudiait bien, on vérifiait s’il participait suffisamment au travail des pionniers, etc.

5. On laissait (très rarement) des messages et des signatures sur la cravate

La cravate des pionniers ne pouvait être endommagée que pour une occasion : le jour du départ du camp de pionniers. Les nouveaux amis de différents groupes de pionniers, s’étant rassemblés dans le camp, écrivaient vœux et salutations sur leurs cravates, les signaient et y dessinaient des soleils et des cœurs. Bien entendu, une telle cravate était conservée par la suite en souvenir.

Qu’interdisait-on aux pionniers soviétiques ?  Trouvez la réponse dans cette autre publication.

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