Zig Zag: comment un gang qui collaborait avec les nazis a été démantelé dans le Leningrad assiégé

Histoire
NIKOLAÏ CHEVTCHENKO
Le renseignement militaire allemand espérait utiliser les compétences des criminels soviétiques pour perpétrer des sabotages dans la ville assiégée.

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En octobre 1941, les nazis ont mené un raid aérien contre le Leningrad assiégé. Profitant du chaos provoqué par le bombardement, trois criminels se sont échappés de prison. Au cours des mois suivants, les fugitifs ont formé un gang aux ordres des Allemands, cherchant à saper la capacité de Leningrad à résister à l’assaut nazi.

La cavale

Vitali Kocharny avait été condamné avant le début de la Seconde Guerre mondiale. Il a été jugé pour faux en écritures, domaine dans lequel il était passé maître. À tel point qu’il a réussi à rédiger de faux documents de libération pour lui-même et ses deux compères.

Au cours d’un des raids aériens menés par les nazis sur Leningrad, Kocharny et deux autres détenus se sont évadés de prison. Ils ont arrêté une voiture qui se rendait en ville et abattu son conducteur. Ainsi a commencé l’épopée de Zig Zag : une organisation criminelle éphémère mais dévastatrice qui a collaboré avec le renseignement militaire allemand.

Zig Zag

Criminel condamné par les autorités soviétiques, Kocharny devait croire que l’Allemagne nazie lui offrait de meilleures perspectives d’avenir que son URSS natale. Arrivés à Leningrad, lui et ses complices se sont réfugiés chez une amie qui travaillait comme barmaid dans la ville. Rapidement, Kocharny a formé une organisation criminelle de taille modeste qu’il a nommée « Défenseurs des intérêts allemands - bannière d’Adolf Hitler » ; les premières lettres cyrilliques formaient l’acronyme Zig Zag, nom sous lequel le groupe est devenu connu.

Le groupe est rapidement passé à 12 membres. Son chef, Vitali Kocharny, a décidé que s’il voulait aller jusqu’au bout de son projet de collaboration avec les nazis, il était temps d’agir.

Derrière les lignes ennemies

Kocharny a choisi l’un de ses hommes, Kirillov, et lui a ordonné d’entrer en contact avec les Allemands. En novembre 1941, il franchit la ligne de front. Légèrement blessé, il est fait prisonnier par les nazis, accomplissant avec succès la première partie de sa mission aussi audacieuse qu’infâme.

Kirillov a informé les nazis que non seulement il était prêt à les aider à conquérir le Leningrad assiégé, mais qu’un groupe de 11 saboteurs positionné dans la ville attendait des instructions.

Les nazis n’ont pas exécuté Kirillov. Le renseignement militaire allemand, connu sous le nom d’Abwehr, fondait de grands espoirs sur ces repris de justice désenchantés par le gouvernement soviétique.

Estimant que Zig Zag pouvait saper le moral et l’esprit combatif des défenseurs de Leningrad, l’Abwehr a pris l’offre de Kirillov au sérieux. Ils ont envoyé l’homme dans un camp de formation près de Leningrad et lui ont appris les bases du sabotage et du renseignement. Ayant acquis les compétences nécessaires, Kirillov a reçu du matériel de contrefaçon ainsi qu’une radio et a été transféré à Leningrad.

Sabotage

Parmi les activités de sabotage entreprises par les membres de Zig Zag figurait la fabrication et la diffusion de tracts démoralisants exhortant la population à capituler. De plus, Kocharny, faussaire virtuose, a fait bon usage de l’équipement que les Allemands lui avaient fourni et a produit des cartes de rationnement à grande échelle. Dans cette ville tourmentée où les gens mouraient de faim, la menace était grande. Zig Zag a contrefait des cartes permettant de recevoir des biens et de la nourriture rares, sapant encore davantage le moral de la population affamée.

La rencontre tourne court

Un jour, Kocharny a reçu un message indiquant qu’un officier du renseignement allemand était arrivé à Leningrad. Ses maîtres ont ordonné au chef de Zig Zag de le rencontrer dans une maison située dans la ville. Cependant, la rencontre a mal tourné.

Des habitants vigilants de l’immeuble où la réunion devait avoir lieu ont alerté la police qu’un groupe d’hommes suspects rôdaient à l’intérieur. Un policier est arrivé rapidement sur les lieux, mais a été abattu par les collaborateurs. Cependant, la rencontre s’est avérée fatale pour les traitres.

Zig Zag vivait ses dernières heures. L’agent allemand qui devait entrer en contact avec le groupe a été arrêté, révélant l’identité des criminels travaillant pour l’Abwehr.

Chacun des membres du groupe a été rapidement appréhendé par le NKVD, la police politique. Tous les criminels ont été traduits devant un tribunal militaire. Malgré les appels de certains membres du groupe criminel à les utiliser comme soldats dans la lutte contre les nazis, le tribunal a été impitoyable.

Il a reconnu tous les membres de Zig Zag coupables de la création d’une organisation antisoviétique, de collaboration avec les Allemands, de fraude à grande échelle et de meurtre, les condamnant tous à mort sans exception.

Le 30 juin 1942, tous les membres de Zig Zag ont été fusillés.

Dans cette autre publication, découvrez comment l'Armée rouge a réussi à conserver Leningrad malgré le blocus.

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