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« C'était une femme à la stature héroïque et possédant une grande force physique. Son visage est beau et son caractère est courageux et téméraire » : c'est ainsi que les contemporains ont décrit l'une des héroïnes les plus célèbres de la guerre patriotique de 1812 - Vassilissa Kojina.
Les horreurs de la guerre, Vassilissa, 35 ans, mère de cinq enfants, les a connues pour la première fois à la mi-août, lorsque les troupes françaises ont pillé son village natal de la province de Smolensk, tuant son mari, le chef du village Maxime Kojine.
Les Français sont revenus neuf jours plus tard, pendant une cérémonie en sa mémoire. Vassilissa, élue chef du village par les habitants, les salua avec affection et hospitalité, les invitant à la table dressée dans son izba. Lorsque les soldats furent saouls, elle ordonna de fermer les fenêtres et les portes et de brûler vif l'ennemi.
Organisé et dirigé par Kojina, un détachement de partisans a emboîté le pas à la Grande armée, réprimant impitoyablement les « fourrageurs » (cavaliers combattant en ordre dispersé), les soldats à la traîne et les maraudeurs. Tandis que ses combattants ont rapidement remplacé leurs haches par des sabres, lances et fusils, Vassilissa a continué à se battre avec une fourche, qui « fonctionnait avec une telle puissance qu'un cheval tombait mort d'un coup ».
Un jour, alors que Kojina escortait des Français capturés, l'un d'eux a commencé à se plaindre ouvertement du fait qu'une femme les dirigeait. Comme le soldat obstiné ne se calmait pas, Vassilissa l'a tué à coups de faux, commentant ensuite : « Vous tous, voleurs, chiens, connaîtrez le même sort si vous osez ne serait-ce que bouger ! J'ai déjà arraché la tête de vingt espiègles de ce type ! Marche vers la ville ! ».
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Après la guerre, la trace de Vassilissa Kojina est perdue. Selon la version la plus plausible, elle est retournée dans son village natal, où elle serait morte vers 1840.
Lors de l'invasion de la Russie par l'armée de Napoléon, le lieutenant-colonel Denis Davydov commandait le 1er bataillon du régiment de hussards Akhtyr. En août 1812, il se tourne vers le commandant de la 2e armée de l'Ouest, Piotr Bagration, pour lui présenter un projet de guérilla à l'arrière des troupes françaises et obtient bientôt son entière approbation.
Davydov n'était pas le premier et en aucun cas le seul commandant d’un détachement partisan « volant » dans la guerre patriotique de 1812. Cependant, c'est grâce à lui que la guérilla est devenue largement connue et populaire, et son expérience a été soigneusement documentée et étudiée.
Si Vassilissa Kojina était la représentante d’un mouvement populaire spontané, Denis Davydov était issu des rangs de l’armée. Lors de son premier raid, il choisit cinquante hussards et quatre-vingts cosaques parmi les unités régulières. Par la suite, son détachement est passé à 300 sabres.
Étant donné que les paysans ordinaires confondaient souvent les uniformes des hussards russes avec ceux des Français et prenaient le détachement de Davydov pour des forces de l'ennemi, il a décidé de changer complètement son image - il a enfilé un kaftan cosaque et s'est laissé pousser la barbe.
À la mi-septembre, alors que l'armée de Napoléon se préparait à entrer à Moscou, Davydov a mené une attaque-surprise et a vaincu un important détachement de fourrageurs français à l'arrière, près du village de Tsarevo-Zaïmichtche. « La peur grossit les objets et elle est synonyme de désordre. Tout s'est effondré lorsque nous sommes apparus : nous en avons capturé certains, non seulement sans armes, mais même sans vêtements, certains ont été sortis des hangars ; une foule d'une trentaine d’hommes s’est mis en tête de se défendre, mais ils ont été dispersés et mis hors d’état de nuire. Ce coup nous a rapporté cent dix-neuf soldats, deux officiers, dix chariots de provisions et un chariot de cartouches », écrit-il dans son Journal des actions partisanes.
Le 7 novembre, le détachement de Denis Davydov, avec d'autres « unités volantes », a vaincu la brigade du général Jean-Pierre Augereau dans une bataille près du village de Liakhovo. Le commandant lui-même, avec un millier et demi de ses soldats, a été fait prisonnier par la Russie. « Cette victoire est d'autant plus célèbre que pour la première fois au cours de la campagne actuelle, les unités ennemies ont déposé les armes devant nous », a commenté à propos de ce succès le commandant en chef de l'armée russe, le maréchal Mikhaïl Koutouzov.
Après avoir franchi la frontière de l'Empire russe en janvier 1813 et avec le début de la campagne russe hors des frontières du pays, les raids de cavalerie de Davydov sur l'arrière de l'ennemi ont cessé. Il a commencé à agir davantage en collaboration avec les troupes principales, se plaçant à leur avant-garde.
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Après la fin de la guerre contre Napoléon, Denis Davydov est resté en service pendant une vingtaine d'années. En plus de l'armée, il avait une passion pour la poésie et est entré dans l'histoire comme un « poète partisan ».
Le 13 novembre 1943 à 20 heures précises, une puissante explosion a retenti dans le cinéma de la ville de Porkhov, dans la région de Pskov, tuant plus de 700 soldats de la Wehrmacht, 40 officiers et deux généraux allemands. L'organisateur et l’auteur de ce sabotage à grande échelle était l'administrateur du cinéma-théâtre et combattant actif de la 7e brigade partisane de Leningrad, Konstantin Tchekhovitch.
Au tout début de la guerre, le commandant d'un peloton de sapeurs Konstantin Tchekhovitch est envoyé à Leningrad, où il doit mener à bien des travaux de sabotage. Il est fait prisonnier par les Allemands, mais réussit à s'échapper deux semaines plus tard. Tchekhovitch rejoint alors les partisans.
Le commandement de la 7e brigade de partisans de Leningrad, souhaitant utiliser pleinement les compétences de Tchekhovitch, l'a envoyé dans la ville de Porkhov, où il devait procéder à un important sabotage.
Konstantin Alexandrovitch a passé deux ans à se fondre dans la ville et à gagner la confiance des Allemands : il a fondé une famille, travaillant comme horloger, puis comme électricien dans une centrale électrique locale. Ayant obtenu un emploi de mécanicien dans un cinéma, il est ensuite devenu administrateur de l’établissement.
C'est le cinéma de Porkhov qui a été choisi par le commandement de la brigade de partisans comme cible du sabotage. Alors que des militaires allemands se réunissaient au premier niveau pour regarder des films, le deuxième abritait des bureaux du Service de sécurité (SS).
À l'aide de ses poches et d'un petit sac où il mettait ses repas, Tchekhovitch a progressivement transféré 65 kilogrammes de TNT dans le cinéma, les répartissant intelligemment dans le bâtiment et ajustant le mouvement d'horlogerie. La sœur de sa femme, Evguenia Mikhaïlova, qui travaillait dans l’établissement comme femme de ménage, l'a beaucoup aidé dans ce domaine.
Le saboteur a réalisé des calculs précis : l’explosion a eu lieu à la bonne heure, et le bâtiment du cinéma s’est effondré comme un château de cartes, ensevelissant sous ses décombres des militaires allemands qui s'étaient rassemblés pour le dernier film de leur vie. À cette époque, Konstantin Tchekhovitch et ses proches avaient quitté la ville.
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Pour la réussite de sa mission, Tchekhovitch a été nominé au titre de héros de l'Union soviétique, mais la récompense n’a pas été remise - son séjour de deux semaines en captivité allemande a joué un rôle à cet égard. Ce n'est qu'en 2013 qu'une plaque commémorative en son honneur a été installée à Porkhov.
Lorsque l'armée allemande envahit l'Union soviétique, Sidor Kovpak avait déjà la cinquantaine. La dernière fois qu'il avait pris les armes, c'était pendant la guerre civile, et dans les années qui ont suivi, il s’était reconverti dans la sphère civile. Cela ne l'a cependant pas empêché de devenir l'un des commandants des partisans soviétiques les plus efficaces et l'un des principaux organisateurs de la résistance en Ukraine pendant la Seconde Guerre mondiale.
En septembre 1941, Kovpak dirigeait un petit détachement de partisans d'un peu plus de dix personnes caché dans la forêt de Spadchtchanski près de la ville de Poutivl, dans le nord-est de l'Ukraine. « Notre première cache a été construite dans une telle jungle que si vous vous en éloigniez de quelques dizaines de pas, vous ne la retrouveriez probablement pas. Immobiles, aucun limier allemand ne vous aurait flairé dans cette tanière. Cependant, nous n’étions pas venus dans la forêt pour nous cacher des Allemands, mais pour les détruire, pour ne pas leur donner une minute de paix, pour ne pas leur permettre de dominer notre région. Nous étions les maîtres ici et nous voulions le rester », écrit-il dans ses mémoires De Poutivl aux Carpates.
En seulement six mois, le détachement de Kovpak est devenu la « formation des partisans de Soumy », forte d’environ 1 500 combattants. Les résistants menèrent sous sa direction des raids audacieux sur les arrières des troupes allemandes et hongroises, tout en réussissant à surmonter les pièges que les bataillons punitifs leur tendaient.
À l'été 1943, l'unité de Kovpak a été chargée d'effectuer un raid à grande échelle dans l'ouest de l'Ukraine, qui est devenu plus tard connu sous le nom de « raid des Carpates ». En trois mois, les partisans ont parcouru 2 000 km à l'arrière de l'ennemi, battant jusqu'à 17 garnisons allemandes, faisant dérailler 19 trains, détruisant 51 entrepôts et 52 ponts, et détruisant également un certain nombre de centrales électriques et de gisements de pétrole.
« Notre apparition aux abords du Dniestr était si inattendue pour les Allemands qu'ils ont pris les partisans pour des parachutistes en plein débarquement. Sur les routes, des voitures de la gendarmerie patrouillaient. Un de ces détachements nous a trouvés près de la ville de Skalat. Nous étions restés planqués ici pendant une journée, à la lisière de la forêt. Décidant qu'un petit détachement de parachutistes soviétiques se trouvait devant eux, les gendarmes allemands se sont déployés et ont lancé une attaque "psychique" contre l'unité de partisans, comptant en fait près de deux mille hommes. Nous avons maintenu ces jeunes à telle distance qu'on pouvait s'amuser en voyant la rapidité avec laquelle l'expression de leur visage a changé quand toute l'orée de la forêt s'est soudainement mise en mouvement : une avalanche de partisans s'est levée à la rencontre de l'ennemi... les gendarmes ont été soufflés comme par une rafale de vent », se souvient Kovpak.
À la fin de 1943, en raison d'une maladie, Sidor Kovpak a été contraint de transférer le commandement à son adjoint Peter Verchigora et de partir pour le territoire contrôlé par l'Armée rouge. En l'honneur de son ancien commandant, l'unité de partisans de Soumy a rapidement été rebaptisée Première division de partisans ukrainiens du double Héros de l'Union soviétique S.A. Kovpak.
Dans cette autre publication découvrez comment les partisans russes ont terrorisé l'armée française en 1812.
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