Cinq chefs militaires étrangers devenus célèbres en Russie

Musée de l'Ermitage; Collection privée. Den Haag; Musée-réserve de Rybinsk; Domaine public
Incapables pour diverses raisons de faire carrière dans leur patrie, ces officiers se sont rendus dans une Russie lointaine et inconnue, dont les dirigeants ont su apprécier leurs talents et leurs capacités.

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Patrick Gordon

Avant de rejoindre la Russie, l'Écossais Patrick Leopold Gordon of Auchleuchries a servi en Suède et en Pologne. Il a combattu si brillamment pendant la guerre russo-polonaise (1654-1667) qu’il a émerveillé l'ambassadeur russe à Varsovie Zamiatnia Leontiev. Ce dernier l'a donc persuadé de passer dans le camp du tsar Alexeï Mikhaïlovitch.

Après de nombreuses années passées dans les guerres contre les Turcs et les Tatars de Crimée aux frontières sud de l'État russe, Patrick Gordon est devenu l'un des confidents et associés de Pierre le Grand, l'aidant à réaliser des transformations à grande échelle dans le pays. Excellent théoricien et praticien des affaires militaires, il devient le « parrain » de la Garde russe : il a été engagé dans l'entraînement au combat des premiers gardes, leur a appris à construire des fortifications, à installer des camps militaires, etc.

En tant que commandant, l'Écossais a participé aux campagnes d'Azov de 1695-1696, au cours desquelles la Russie a fait le premier pas vers sa consolidation dans la région de la mer Noire. Lors des funérailles de Patrick Gordon, décédé en 1699, Pierre le Grand a déclaré : « Je ne lui ai donné qu'une poignée de terre, et il m'a donné d’immenses espaces avec la mer d’Azov »

Christopher Munnich

Lorsqu'en 1721, le comte saxon Burkhard Christoph von Munnich a reçu une invitation à servir le souverain russe Pierre le Grand, il avait déjà été ingénieur militaire dans quatre armées européennes et avait traversé d'innombrables guerres et conflits. En Russie, cependant, le comte von Munnich (appelé Kristofor Antonovitch Minikh) était au début principalement engagé dans des projets à caractère civil : il a posé des routes, construit des ports et des canaux de contournement.

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Avec l'avènement d'Anna Ioannovna en 1730, Minikh a été chargé de réformer l'armée. Kristofor Antonovitch a fait un excellent travail : il a mis de l'ordre dans les finances de l'armée, créé des écoles de garnison et des hôpitaux pour les blessés, et fondé le premier corps de cadets de la noblesse russe. Sous ses ordres, les premiers régiments de hussards et de sapeurs sont apparus dans l'armée russe, et plus de cinquante forteresses ont été construites et modernisées.

Minikh s'est également illustré sur le champ de bataille en tant que chef militaire. En 1736, l'armée russe placée sous son commandement envahit pour la première fois de l'histoire la Crimée et incendie la capitale du khanat de Crimée, Bakhtchissaraï. Le 28 août 1739, le commandant a vaincu l'armée numériquement supérieure de l'Empire ottoman (60 000 hommes contre 90 000) dans la bataille de Stavoutchany, en ne perdant que 13 soldats (les pertes de l'ennemi s'élevaient à plus d'un millier). Cette victoire a démystifié la légende des « Turcs invincibles » et a marqué le début d'une série de succès qui ont accompagné les troupes russes dans les guerres contre la Turquie tout au long du XVIIIe siècle.

Véritable soldat, Minikh n’était pas familier avec les subtilités des intrigues de cour. En 1741, sur ordre d' Élisabeth Ire, il a été envoyé en exil dans l'Oural, où il a passé 20 ans. En 1762, l'empereur Pierre III a fait revenir Minikh, 78 ans, à Saint-Pétersbourg. Le monarque extravagant et imprévisible a réussi à retourner tout son entourage contre lui-même, ce qui a finalement conduit à son renversement et à l'avènement de sa femme Catherine II. Reconnaissant pour sa libération, le maréchal était presque le seul à être resté fidèle à Pierre III au moment du coup d'État. L'impératrice n'a pas puni le vieil Allemand. Au contraire, elle a réalisé son vieux rêve - elle l’a nommé gouverneur de Sibérie, ce qu'il a été jusqu'à sa mort en 1767.

Samuel Greig

Comme beaucoup d'Écossais avant et après lui, il n'était pas facile pour Samuel Greig de gravir les échelons au sein du système naval britannique. Lorsqu'il a appris que la Russie avait besoin d'officiers de marine étrangers compétents, il n'a pas hésité longtemps.

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Lors de la bataille de Tchesmé (1770), l'une des plus glorieuses de l'histoire de la Russie, Greig a dirigé le groupe de navires qui porta un coup décisif à la flotte ottomane. À la suite de la bataille, l'ennemi a perdu 15 de ses 16 navires de ligne, 6 frégates, ainsi que 11 000 soldats et marins.

Si Samuel Greig s’est illustré au combat, il a également beaucoup fait pour le développement de la marine russe. Grâce à lui, l'artillerie navale a été considérablement améliorée, de nouveaux types de navires ont vu le jour et, pour la première fois en Russie, la partie sous-marine des navires a été gainée de feuilles de cuivre, ce qui a permis d'améliorer leurs performances.

Robert Crown

En 1788, un lieutenant de la marine britannique âgé de 34 ans, l’Écossais Robert Crown, est entré au service de la flotte baltique de la Russie, où il a reçu le nom russe de Roman Vassilievitch et a commandé le bateau à rames Mercury. Il n'a pas eu à attendre longtemps pour faire ses preuves - la même année, la guerre avec la Suède a éclaté (1788-1790).

Crown possédait de la détermination et du courage, et savait choisir le bon moment pour attaquer. Avec seulement 24 canons à bord, il a hardiment attaqué et est monté à l’abordage de la frégate à 44 canons Venus, et a également contribué à capturer le navire à 64 canons Retvizan. Lors de la bataille de Vyborg le 3 juillet 1790, son Mercury a coulé 12 bateaux à rames suédois.

La participation aux guerres ultérieures contre la France a propulsé Crown au sommet de la hiérarchie militaire. L'Écossais a brillé lors de l'invasion anglo-russe de la Hollande, ainsi que dans le blocus naval des ports français et danois. En 1814, le vice-amiral Roman Crown reçut un honneur spécial – c’est sur le vaisseau amiral de son escadre que le roi Louis XVIII rentra en France de son exil en Angleterre.

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Sigismund van Heiden-Reinestein

Lorsque l'armée française a occupé les Pays-Bas en 1795 et a forcé son stathouder (souverain) le prince William V d'Orange à fuir, le comte et officier de marine Sigismund Lodewijk Gustaaf van Heiden-Reinestein est resté fidèle à l'exilé, raison pour laquelle il a été emprisonné pendant plusieurs mois. Une fois libéré, il a décidé qu'un séjour prolongé dans son pays d'origine pourrait être dangereux et a prêté allégeance à la Russie.

Le comte, qui est devenu Loguine Petrovicth Gueiden à la manière russe, a participé aux guerres contre la Suède en 1808-1809 et la France napoléonienne, mais la bataille principale de sa vie fut la bataille de Navarin contre la flotte turco-égyptienne en 1827.

L'escadron de Gueiden, qui avait atteint le rang de contre-amiral, a non seulement résisté au coup principal de l'ennemi, mais fini par vaincre son centre et son flanc droit. La victoire a joué un rôle important dans le succès du mouvement de libération nationale grecque, et la Grèce n'a pas oublié l'exploit du commandant de la marine : une rue d'Athènes a été nommée en son honneur, un monument a été érigé à Pylos et un timbre-poste a été émis avec l'image de Loguine Gueiden à l'occasion du centenaire de l'importante bataille. 

Dans cet autre article, nous vous présentons les dix plus grands chefs de guerre russes.

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