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Inviter des architectes italiens pour concevoir quelque chose de stable, mais aussi de beau, était une pratique courante dans la principauté de Moscou. Ivan III (1462-1505), qui a reconstruit le Kremlin, remplaçant les pierres blanches par les fameuses briques rouges, a embauché plusieurs Italiens : Aristotele Fioravanti, Aloisio da Milano, Antonio Gislardi, Pietro Antonio Solari. Ce sont ces derniers qui ont conçu et érigé les premières tours du Kremlin, aussi bien que les palais et les églises situées à l’intérieur des remparts.
Un fait amusant : les Russes avaient du mal à prononcer correctement les noms italiens, en conséquence la plupart des architectes étaient surnommés « Friazine ».
Tour plutôt modeste, elle a été construite en 1485. En russe, le mot « taïnik » veut dire « un secret » et ce nom ne lui a pas été donné par hasard – un chemin dérobé menant vers les rives de la Moskova y était prévu afin de permettre aux habitants du Kremlin de s'échapper de la forteresse si cette dernière tombait entre les mains de l’ennemi.
Il n’y a rien de surprenant, vu qu’avant la Révolution d’octobre, les Russes étaient une nation chrétienne pieuse. Certaines tours – telles la tour Spasskaïa (Saint-Sauveur) ou encore Nikolskaïa (Saint-Nicolas) – portent donc le nom de saints ou d'icônes. En entrant dans l’enceinte par les portes de la tour Spasskaïa, les hommes devaient descendre de leur monture et enlever leur couvre-chef en passant sous la Sainte Face installée sur l’une de ses façades.
Si les icônes ont été retirées des tours par les communistes arrivés au pouvoir en Russie, en 2010 celle de la tour Spasskaïa a été restituée.
Napoléon n’était bien évidemment pas content de devoir se retirer de Moscou en 1812 – son armée était affamée et il n’y avait pas d’autre choix que de battre en retraite. Toutefois, en quittant Moscou, l’empereur français a ordonné de faire sauter la forteresse. Heureusement, ses projets n’ont pas abouti : certes, la tour Vodovzvodnaïa a été totalement détruite et plusieurs autres ont été gravement endommagées, mais elles ont été reconstruites après la guerre.
C’est après la Révolution que les étoiles rouges ont remplacé les aigles bicéphales impériaux ornant le sommet des tours du Kremlin. Devenues l’un des symboles de la Russie elle-même, elles ne surplombent que les tours les plus importantes : Borovitskaïa, Troïtskaïa (de la Trinité), Spasskaïa, Nikolskaïa et Vodovzvodnaïa.
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Cela a du sens : trois tours – Vodovzvodnaïa, Moskvoretskaïa et Ouglovaïa Arsenalnaïa, soit les piliers les plus importants de la défense du Kremlin – ont été construites en forme ronde, tandis que toutes les autres ont été érigées à l’intérieur des murs et sont donc à quatre côtés.
De nos jours, la Tour Beklemichevskaïa est plus connue comme Moskvoretskaïa (en l’honneur de la rivière Moskova). Mais au XVIe siècle les choses étaient différentes : Ivan Beklemichev, boyard riche et influent, habitait non loin de la tour qui a donc reçu son nom. Tombé en disgrâce sous Vassili III en 1525, il a été exécuté, mais le nom est resté.
Sans aucun doute, il s’agit de la tour la plus célèbre de toutes, surtout pendant la nuit du réveillon du Nouvel an – les douze coups de minuit donnés par son horloge annoncent l’avènement de la nouvelle année.
Deux autres tours sont néanmoins quant à elles si peu connues qu’elles n’ont pas reçu d’appellation et sont appelées Première et Seconde tours sans nom. Comme leurs seules fonctions étaient défensives, il n’y a rien de spécial à raconter à leur propos.
Regardez-la : elle est blanche, courte et située à l'extérieur des remparts du Kremlin. En fait, il s’agit d’une barbacane conçue pour protéger le pont passant sur la rivière Neglinnaïa et reliant la tour Koutafia à la tour Troïtskaïa. Si la Neglinnaïa a par la suite été enfouie dans un canal souterrain, la tour et le pont ont survécu jusqu’à nos jours et c’est par elle que les touristes entrent dans l’enceinte du Kremlin – la billetterie se trouve d’ailleurs juste à côté.
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S’il ne vient pas en hélicoptère, le président passe par les portes de la tour Borovitskaïa pour entrer au Kremlin. Il en est de même pour tous les cortèges y entrant. En cas de travaux, c’est par la tour Spasskaïa que les représentants de l’État passent, mais il s’agit plutôt d’une exception.
Il n’est pas difficile de remarquer que la tour Nikolskaïa ne ressemble pas à ses sœurs. Or, à l’origine elle était similaire à la tour Spasskaïa avant qu’elle ne soit reconstruite au début du XIXe siècle et n’adopte donc des traits du style néo-gothique. Nommée en l’honneur de Saint-Nicolas, cette tour a connu un sort difficile : endommagée lors de la campagne de Napoléon en 1812, elle a également subi des dégâts pendant la Révolution bolchévique. Néanmoins, elle semble se porter bien aujourd’hui.
Si nous comptons l'étoile installée sur son sommet, cette tour fait 80 mètres, soit pratiquement deux fois plus haute que la Koutafia, à laquelle elle est reliée par le pont précédemment évoqué.
Il s'agit de la tour Tsarskaïa, qui a été la dernière tour à apparaître au Kremlin, en 1680. Au fond, ce n'est pas du tout une tour car elle n'a pas de fortifications et elle est illogique en termes de défense de la forteresse. Elle ressemble donc à un ajout décoratif : quatre colonnes et un toit en plein milieu d'un mur. La légende dit qu'Ivan le Terrible l'a utilisée comme point d'observation au-dessus de la place Rouge. C'est pourquoi son nom signifie « la tour du Tsar ».
Juste à côté de la Tsarskaïa, il y a la tour Nabatnaïa (« la tour d'Alarme »). À partir de 1658, elle abritait une cloche qui servait à sonner l'alarme en cas d'incendie, d'émeutes ou d'autres situations d'urgence. Cependant, lors des troubles à Moscou en 1771, les rebelles ont réussi à entrer dans la tour et ont donné l’alerte pour rassembler la foule. Après avoir réprimé l'émeute, Catherine II, furieuse, a ordonné de faire taire la cloche pour toujours. Son battant a donc été ôté et en 1803, la cloche a complètement été retirée.
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À la fin du XVIIe siècle, le tsar Alexis Ier a créé une prison et plusieurs salles de torture à l'intérieur de la tour Konstantino-Eleninskaïa, que l’on a même surnommée la tour Pytochnaïa (« de Torture ») au lieu de son long et beau nom. Pendant plusieurs siècles, la tour a donc eu mauvaise réputation parmi les gens du peuple et une légende raconte qu'une tache de sang apparaît encore de temps en temps sur son mur…
La tour Troïtskaïa est la seule qui soit « habitée » : depuis les années 1920, le groupe militaire des gardes du Kremlin y dispose d’une salle de répétition. C'est encore le cas aujourd'hui : le Groupe présidentiel de la Fédération de Russie, le principal groupe se produisant devant les représentants russes et les dirigeants étrangers lors de leurs visites au Kremlin, y répète.
En tant que touriste ordinaire, cela est impossible, mais cela a été une option populaire pour les dirigeants soviétiques à partir de 1948. En plusieurs occasions ils ont dû s'adresser aux gens depuis l'endroit le plus « saint » de l'URSS, le toit du mausolée de Lénine, cependant, il était assez peu pratique de quitter le Kremlin et de traverser la place Rouge à pied.
Quelle était alors la solution ? L'établissement d'un passage fermé de la tour du Kremlin la plus proche, Senatskaïa, au mausolée – et l'architecte Nikolaï Vinogradov l'a fait. De nos jours, le passage n'est probablement pas utilisé très souvent.
Il suffit de regarder cette tour d'angle : elle semble très solide. En effet, elle a les murs les plus robustes de la forteresse, 4 mètres d'épaisseur. Ainsi, en cas d'apocalypse de zombies, c'est probablement la meilleure pour se cacher (si vous vous trouvez à l'intérieur du Kremlin de Moscou).
Techniquement, la tour Guerbovaïa n'appartenait pas à l'ensemble des remparts du Kremlin car elle était située à l'intérieur de ceux-ci, à côté des palais et des cathédrales protégés par la forteresse. Mais c'était quand même une tour, et elle était assez remarquable car décorée des emblèmes héraldiques des villes russes. Malheureusement, au XIXe siècle, elle est devenue obsolète et le gouvernement l'a fait démolir.
Dans cette autre publication, nous vous narrons la fascinante histoire de l’apparition de la place Rouge.
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