Un récent concours de claques en Russie a attiré beaucoup d'attention. Revenons sur trois événements de l’histoire de l’Union soviétique où une gifle a provoqué de gros problèmes.
Ossip Mandelstam, sans doute l’un des plus grands poètes russes, et son épouse Nadejda étaient très pauvres et parvenaient à peine à joindre les deux bouts. Malgré cela, Ossip a accepté de prêter 75 roubles à son ami et à un autre locataire d’un dortoir d'écrivains situé sur le boulevard Tverskoï, le poète Sergueï Borodine. Avec cette somme, Ossip et son épouse auraient pu vivre un mois entier.
Borodine, cependant, n’a pas été prompt à rendre l’argent. Quand Ossip a vu la femme de Borodine rapporter deux bouteilles de vin chez lui, il a été furieux de constater que les Borodine non seulement n’avaient pas rendu l’argent, mais qu’ils organisaient par-dessus le marché un festin. Un conflit a éclaté, Borodine a attaqué Ossip et frappé son épouse Nadejda. Mandelstam a exigé la création d'un tribunal interne dirigé par Alexeï Tolstoï, écrivain influent et, plus important encore, ami des puissants bolcheviks.
>>> Alexeï Tolstoï: cinq livres de cet écrivain soviétique controversé à lire absolument
Tolstoï a décidé que Borodine devait rendre l'argent quand il le pouvait. Cependant, Mandelstam était furieux que l’honneur de sa femme n’ait pas été rétabli. Un an et demi plus tard, Mandelstam est tombé accidentellement sur Tolstoï à Saint-Pétersbourg (certains auteurs ont affirmé qu’il y était allé délibérément à la recherche de Tolstoï) et l'a publiquement giflé au visage.
« Que fais-tu ? Je vais te détruire ! », a hurlé Tolstoï. Cet acte a été un choc, car pas une seule personne en Russie soviétique n’aurait osé faire une chose pareille.
Peu de temps après, Mandelstam a été arrêté et envoyé en exil, puis plus tard dans un camp de concentration. Des rumeurs affirmant que Tolstoï aurait soit encouragé, soit n'aurait pas empêché l’arrestation du poète ont circulé. L’honneur de Nadejda a été restauré, mais le poète a finalement péri dans un goulag.
Le nom de l'actrice Evguenia Garkoucha est oublié depuis longtemps - elle n'a joué que dans deux films. Sa vie et sa carrière ont été ruinées à cause d’une gifle qu’elle a infligée à l’un des hommes les plus redoutés de l’URSS - Lavrenti Beria, bras droit de Staline et ministre de l’Intérieur de l’Union soviétique.
Evguenia était une étoile montante du cinéma. Après le succès de son premier film, elle a épousé Piotr Chirchov, le premier ministre de la Flotte de l'URSS. Mais en 1946, tout s'est effondré.
Lavrenti Beria, qui a finalement été arrêté et exécuté après la mort de Staline, était l’un des hommes les plus redoutés à l’époque. C’était un individu violent, qui utilisait son pouvoir pour obtenir la femme qu’il voulait. Lorsqu'il a fait à Evguenia Chirchova des propositions indécentes, l'actrice l'a carrément giflé. Moins de deux semaines plus tard, elle a été accusée d'espionnage et de défection.
>>> Trois mystères de l’époque soviétique non élucidés
Piotr Chirchov ignorait où se trouvait sa femme. Désireux de la retrouver, il s’est adressé à Staline lui-même, mais le chef suprême l'a rembarré en lui disant : « Nous allons te trouver une autre femme ». Pourtant, Chirchov a poursuivi ses efforts et est parvenu à réduire la peine d'Evguenia. Elle a écopé de « seulement » 8 ans dans les camps de travail.
En 1948, Evguenia s'est suicidée en prenant une dose mortelle de sédatifs dans un camp de Magadan. La même année, son mari a été destitué de son poste de ministre. Il est mort d'un cancer en 1953. Garkoucha n’a été réhabilitée qu'à titre posthume en 1956.
En 1996, Mikhaïl Gorbatchev, le dernier dirigeant de l’URSS, s’est rendu à Omsk pendant la campagne électorale de Boris Eltsine. Gorbatchev devait parler publiquement pour soutenir ce dernier. Il avait quatre gardes du corps à ses côtés. Mais, alors que Gorbatchev montait les escaliers de l’immeuble où il devait parler, un chômeur de 29 ans nommé Mikhaïl Malioukov a donné une gifle à Gorbatchev. Le responsable de la sécurité l’a neutralisé en un éclair. Mais Gorbatchev était profondément offensé. Il a annulé tous ses événements à Omsk. Lors de son procès, Malioukov a été déclaré fou et envoyé dans un asile où il a passé environ un an et demi. Après cela, le nom de Malioukov n’a jamais refait surface. En 1998, il a refusé de donner une interview à un journal local, déclarant : « J'en ai fini avec la politique ».
>>> «Le dernier citoyen soviétique»: l’histoire d’un cosmonaute «oublié» dans l’espace
Quels étaient les motifs de la gifle de Malioukov ? Il est vrai que de nombreuses personnes en ex-URSS haïssaient Gorbatchev, accusé d’avoir « détruit l’État » - des rumeurs selon lesquelles une vieille femme lui aurait craché au visage lors d’une apparition publique dans une autre région ont également circulé. Selon la rumeur, après la fameuse gifle, Malioukov aurait déclaré : « C’est pour avoir trahi les intérêts du pays, pour l’effondrement de l’URSS ! ».
Il est fort probable que Malioukov avait réellement des problèmes psychologiques. Un homme d'Omsk, qui a fait son service militaire avec Malioukov, a déclaré à un journal local que Malioukov était effectivement déséquilibré, ce qui était évident même dans sa jeunesse.
Dans cette autre publication, nous parlons des trois transfuges les plus célèbres de l'histoire de l'URSS.
Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.
Abonnez-vous
gratuitement à notre newsletter!
Recevez le meilleur de nos publications directement dans votre messagerie.