L’une des idées fausses les plus persistantes et les plus répandues dans le conflit en Afghanistan des années 1980 concerne la thèse selon laquelle l’URSS aurait subi une défaite militaire des mains des Moudjahidines et des États-Unis. Après avoir été saignés au combat, les Soviétiques n'avaient pas d'autre choix que de retirer leurs troupes du pays en 1989.
Cette thèse semble être assez éloignée de la réalité historique, car au milieu des années 80, les Moudjahidines craignaient sérieusement de perdre. Morton Abramowitz, directeur du Bureau du renseignement et de la recherche du département d'État dans les années 1980, a déclaré en 1997 : « En 1985, on craignait vraiment que les [Moudjahidines] perdent, qu'ils soient en quelque sorte affaiblis et en train de se décomposer. Les pertes étaient élevées et leur impact sur les Soviétiques n’était pas grand ».
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On dit également que l'approvisionnement des Moudjahidines en missiles Stinger par les États-Unis a fait pencher la balance en faveur des forces antisoviétiques. L’armée de l’air soviétique a perdu plus de machines et de personnel à cause de cela, mais certaines informations indiquaient que ceci a été déterminant pour l’issue de la guerre.
Boris Gromov, le chef de la 40e armée soviétique envoyée en Afghanistan en 1979, écarte la dichotomie « défaite-victoire ». Il soutient que s’agissant d'opérations militaires contre une guérilla, et à ce titre, aucune « victoire » n'était attendue. Comme il le fait remarquer, les forces soviétiques ont contrôlé la plus grande partie de l’Afghanistan pendant toute la campagne. Les Moudjahidines n’ont pris aucun poste militaire, malgré l’appui financier croissant de l’étranger.
« Au plus fort du conflit, la 40e armée comptait 108 800 soldats et cela prouve le fait que personne ne souhaitait une victoire classique en Afghanistan », a déclaré Gromov, soulignant que l’objectif était uniquement de contrôler efficacement le pays. À titre de comparaison, les États-Unis avaient au Vietnam cinq fois plus de troupes sur un territoire cinq fois plus petit, et pourtant ils ont été obligés de partir.
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On a parfois souligné que l’URSS avait pu se maintenir en Afghanistan en raison de la cruauté de ses méthodes. Selon Gromov, les récits sur les « soldats soviétiques impitoyables » ont été produits par ceux qui soutenaient les Moudjahidines, afin de renforcer leur financement et leur légitimité politique.
Le général soviétique a affirmé que l'URSS menait de nombreux programmes civils, économiques et politiques visant à améliorer la vie des habitants. « Par exemple, en 1982 seulement, la 40e armée a mené 127 opérations civiles comprenant la réparation de maisons, la construction de routes, la distribution de nourriture et de médicaments aux Afghans et même l'organisation de certains événements culturels ».
Dans une interview consacrée à la publication de son livre Afgantsy (2011), Rodric Braithwaite, ancien diplomate britannique, a avoué avoir été très étonné quand il a compris les liens qui unissaient les Soviétiques à la population locale. « Les soldats étaient en contact étroit avec la population locale : paysans, commerçants, mollahs. Je suis allé en Afghanistan et j'ai demandé aux habitants quand ils vivaient mieux : maintenant ou quand les Russes étaient présents ? Il est intéressant de noter que tous les Afghans ont considéré la question même comme stupide. Chacun d'eux a dit : bien sûr, c'était mieux sous les Russes ».
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Il existe de nombreux exemples d'une attitude similaire de la part des Afghans de la région dans cet ouvrage, dont l'auteur a décidé d'examiner le problème sur le terrain.
Le conflit des années 1980 est souvent appelé « guerre soviéto-afghane ». Cependant, il convient de rappeler que les troupes soviétiques étaient invitées par les autorités afghanes officielles. De plus, les opposants au régime afghan soutenu par les Soviétiques étant eux-mêmes soutenus par le Pakistan, l'Arabie saoudite et l'Occident, le conflit s'est internationalisé et il est difficile de réduire toute sa complexité à une lutte entre les Soviétiques et le peuple afghan, dont certains représentants, sans aucun doute, soutenaient sans réserve le régime de Kaboul.
Le chef des forces soviétiques en Afghanistan nie même que le terme « guerre » soit adapté ici. Selon lui, cela ne serait pas approprié en raison de la « faible intensité de l'activité militaire ».
Il est également faux de dire que c’est l’entrée des troupes soviétiques dans le pays qui a déclenché la guerre civile en Afghanistan. Selon des témoignages, les opposants au régime soutenu par les Soviétiques à Kaboul auraient pris les armes avant décembre 1979.
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Le soutien occidental au mouvement des Moudjahidine a également précédé l’intervention armée des Soviétiques dans le conflit. À l'époque, un responsable de la CIA et plus tard, secrétaire à la Défense, Robert Gates, se souvient d'une réunion du personnel organisée en mars 1979, au cours de laquelle la CIA a demandé s’il fallait continuer à soutenir les Moudjahidines, pour « aspirer ainsi les Soviétiques dans un bourbier vietnamien ». Il a été alors décidé de les financer.
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