Six faits sur Viatcheslav Molotov, ce bras droit de Staline

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Viatcheslav Molotov, ce communiste intransigeant et loyal à Staline, a vécu une vie longue et turbulente. Gros plan sur cette personnalité puissante et contradictoire.

Du village au Kremlin 

De son vrai nom Viatcheslav Skriabine, il a par la suite adopté le pseudonyme « Molotov » (du mot « molot », qui signifie « marteau » en russe) pour rendre son nom plus agréable aux oreilles du peuple et à la fois pour cacher son bégayement. Né dans la famille d’un marchand en Russie centrale, il a rejoint le mouvement révolutionnaire au début des années 1910 et a passé plusieurs années en prison.

Joseph Staline est devenu le premier leader bolchevique qu’il a rencontré et la relation d’amitié qui l’a lié à ce dernier a défini le reste de sa vie. Peu importe le poste qu'il occupait, Molotov lui était dévoué et loyal.

Adorer Staline

Comme l’écrivait l'auteur soviétique Konstantine Simonov, « Molotov était le seul homme à avoir des larmes dans la voix lorsqu’il prononçait son discours près du cercueil de Staline, même s'il semblait avoir plus de raison que les autres de se sentir soulagé après le départ de Staline ».

À la fin des années 1940, Molotov, ce stalinien acharné, est tombe en disgrâce. Il a été renvoyé de son poste de ministre des Affaires étrangères et sur ordre de Staline son épouse, Polina Jemtchoujina a été arrêtée puis exilée au Kazakhstan en tant qu’« espionne sioniste » (ce qu’elle n’était pas). 

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Bien que Molotov eut aimé son épouse, il est resté silencieux et loyal - même une telle trahison ne l’a pas fait changer d'attitude envers Staline. Comme l’a écrit son biographe Valentin Berejkov, Molotov ne portait que trois toasts: « À Staline! », « À Polina! » et « Au communisme! ». Lorsqu'on lui a demandé pourquoi il mentionnait Staline, l’homme qui avait arrêté Polina et presque détruit sa famille, Molotov a répondu: « C'était un grand homme ».

Du sang sur les mains 

À la fin des années 1930, alors que la Grande Purge stalinienne secouait le pays, les sentences extrajudiciaires étaient courantes et Molotov y a contribué dans une large mesure. Sa signature figure sur 372 « listes de tir de Staline », listes de personnes condamnées à mort (essentiellement par fusillade) sans procès qu’approuvaient les hauts dirigeants soviétiques. Même Staline en a signé moins - 357.

Plus tard, à la retraite, Molotov a admis que certaines des personnes exécutées étaient innocentes. « Certes, on a causé des dégâts. Il serait absurde de dire que Staline n'était pas au courant, mais il serait faux de dire qu'il est le seul coupable. Le contrôle sur les services était insuffisant », a-t-il déclaré à un journaliste.

Il a annoncé en personne le début de la guerre

Le 23 août 1939, le ministre des Affaires étrangères Molotov et son homologue allemand Joachim von Ribbentrop ont signé le Pacte germano-soviétique de non-agression.

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Ce traité n’a pourtant pas empêché l’Allemagne d’envahir l’URSS deux ans plus tard, le 22 juin 1941. L’Armée rouge a été prise au dépourvu, ce qui a conduit à de lourdes pertes dès le premier jour. C’est Molotov qui a été chargé d’annoncer au peuple (Staline a refusé de le faire) le début de la guerre, qui entrera dans l’histoire comme la Grande Guerre patriotique. 

« Notre cause est une cause juste. L'ennemi sera vaincu. La victoire sera à nous », c’est ainsi que Molotov a clos son discours. Il disant vrai, mais cette victoire a été arrachée quatre ans plus tard au prix de millions de vies humaines.

L’homme qui a tout perdu 

Peu de temps après la mort de Staline, Molotov est à nouveau tombé en disgrâce, cette fois-ci suite à un conflit l’opposant au nouveau leader soviétique, Nikita Khrouchtchev. Il lui a coûté tous ses postes au sein de l’État, si bien qu’il a passé le reste de sa vie comme un retraité ordinaire. En 1961, il fut expulsé du Parti communiste d’URSS.

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Ce n’est que 23 ans plus tard, en 1984, que Molotov a été réhabilité et a pu adhérer de nouveau au Parti. Se moquant de la gérontocratie soviétique, les gens plaisantaient en disant que le leader soviétique Konstantin Tchernenko, alors âgé de 73 ans, voyait en Molotov, qui en avait déjà 94, son successeur. 

Molotov s’est éteint deux ans plus tard, en 1986, à l’âge de 96 ans.

Une marque internationale

Pendant la Guerre d'hiver, ayant opposé la Finlande à l’URSS en 1939, les Finlandais ont utilisé des bouteilles contenant de l'essence avec une mèche enflammée pour incendier des chars et des camions soviétiques. 

Ces bouteilles explosives remplies d'un mélange d'éthanol, de goudron et d'essence ont reçu le nom de « cocktails Molotov », ou boisson pour accompagner les « paniers à pain de Molotov », les bombes soviétiques RAAB-3. Selon la version officielle, l’Union soviétique ne bombardait pas son voisin, mais larguait des provisions pour les Finlandais affamés.

Mais son nom n’a pas été attribué qu’à cette arme incendiaire. Par exemple, de 1940 à 1957, la ville de Perm (1400 km à l'est de Moscou) a été nommée en son honneur.

Aujourd’hui, deux groupes musicaux - Molotov (rap-rock mexicain) et Molotov Solution (deathcore américain) - portent son nom. Il est peu probable que le ministre de Staline l’eût apprécié, mais ces deux groupes sont plutôt brutaux, reflétant dans une certaine mesure son caractère. 

Dans les années 1930-1950, le renseignement soviétique n'a jamais eu de remords à éliminer les politiciens problématiques. Retour sur le destin de trois hommes qui furent exécutés par des agents soviétiques à l'étranger.

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