Ivan le Terrible: sept faits intéressants sur le premier tsar de toutes les Russies

Histoire
OLEG EGOROV
Ivan IV (dit le Terrible) fut le premier «tsar de toutes les Russies», et son règne marqua à jamais les consciences de par sa cruauté. La cathédrale Saint-Basile-Le-Bienheureux sur la place Rouge est par ailleurs l’un des vestiges hérités de cette époque. Russia Beyond a sélectionné les faits les plus intéressants à propos de cette personnalité historique des plus contradictoires.

1. Il fut le premier tsar de Russie

En 1547, après avoir atteint la majorité, Ivan IV fut couronné « tsar de toutes les Russies ». Avant lui, les dirigeants de la Moscovie portaient le titre de Grands-Princes. Ivan fut donc le premier à s’autoproclamer « tsar », dérivé du mot « caesar », dans la tradition européenne de l’ « empereur », dont le pouvoir provenait directement de Dieu. Un si petit détail conféra à la Russie et à son dirigeant un poids significatif aux yeux des monarques européens. Ivan le Terrible fut ainsi reconnu empereur par la Reine Elizabeth Ire, par l’empereur des Romains Maximilien II de Habsbourg, et par les autres. Il entretint une longue correspondance avec Elizabeth et, selon la légende, demanda même sa main. Elle déclina toutefois la proposition, mais ce fut précisément à cette époque que la Russie et l’Angleterre commencèrent à commercer ensemble.

2. Il fit ses débuts en tant que réformateur

Dans sa jeunesse, Ivan IV tenta de gouverner de manière progressive : entre 1549 et 1560, il dirigea le pays en partenariat avec un gouvernement informel nommé Rada élue (un cercle de confidents, de jeunes représentants de l’aristocratie et du clergé). La Rada introduisit une série d’importantes réformes, concentra le pouvoir entre les mains du tsar et limita l’autorité des boyards. Ivan décida ultérieurement de dissoudre cette assemblée et de régner seul.

3. Il fut à l’origine des premières répressions de masse en Russie

En 1565, après la Rada élue, vint le temps de l’opritchnina, une ère de cruelles répressions. Le tsar divisa le territoire russe en deux : d’un côté la zemchtchina, où les boyards conservaient leur autorité, et de l’autre l’opritchnina, dirigée directement par Ivan, soutenu par ses opritchniki (des gardes du corps qui constituaient la garde nationale). Leurs symboles étaient une tête de chien et un balai. « Cela signifie que tout d’abord ils mordent comme des chiens, et qu’ensuite ils balaient toute chose superflue hors du pays », écrivirent les Allemands Taube et Krause.

Jusqu’en 1572, les opritchniki terrorisèrent les boyards et leurs partisans, éliminant des familles entières. Les historiens estiment qu’environ 4 500 personnes trouvèrent la mort durant ces purges, un nombre considérable pour l’époque.

4. Il avait un caractère belliqueux

Ivan occupa son règne à guerroyer et à essayer d’étendre le territoire national. D’un côté il vainquit les Khanats mongols de Kazan et d’Astrakhan, les annexant par la même occasion. Il s’appropria également la Volga et l’Oural et entama l’exploration des vastes terres de Sibérie. Mais d’un autre côté, la Russie connut une défaite lors de la Guerre de Livonie (1558-1583) contre la Suède et la République des Deux Nations (formée à partir du royaume de Pologne et du grand-duché de Lituanie), et fut dans l’incapacité d’obtenir un accès à la mer Baltique. Durant des décennies la partie centrale du pays eut en outre à subir les assauts des Tatars de Crimée. En 1571 ils se frayèrent même un chemin jusqu’à Moscou et incendièrent tout, à l’exception du Kremlin. Les Tatars furent par la suite battus, mais cela se fit au prix de la ruine financière du pays.

5. Il était contradictoire et suspicieux

Ivan croyait sincèrement en Dieu et se montrait très généreux envers les monastères, même si des prêtres furent aussi tués sur ses ordres. Éduqué, bon orateur, et avec l’aide d’imprimeurs de livres danois, Ivan IV fonda à Moscou la première maison d’édition de Russie et exigea du clergé qu’il mette en place des écoles pour apprendre aux enfants à lire et écrire. Sous son règne, apparut même à Moscou une institution que l’on pourrait comparer à un conservatoire.

En parallèle, il faisait preuve d’une cruauté extrême et était très vindicatif (un trait de caractère qui se manifesta particulièrement durant l’opritchnina), donnant personnellement l’ordre de procéder à des exécutions des plus sophistiquées. « Nous sommes libres d’admirer nos esclaves et sommes libres de les exécuter », déclara-t-il.

6. Il eut une enfance difficile

Le père d’Ivan mourut en 1533, alors que ce dernier n’était âgé que de trois ans. Cette année-là, Ivan devint officiellement Grand-Prince de Moscovie, même si bien entendu il n’était pas en mesure de gouverner le pays. D’influents boyards, représentants de l’ancienne aristocratie, luttèrent alors pour s’emparer du pouvoir.

À ses huit ans, Ivan perdit sa mère. Les princes Chouïski, qui lui servaient de gardes, commencèrent alors à le négliger. Ils cessèrent même, selon Ivan, de le nourrir en quantité suffisante. L’historien Sergueï Soloviov considérait que c’est cette rude éducation qui fut à l’origine de son caractère cruel : « L’intérêt personnel, le mépris pour le bien commun, pour la vie et pour l’honneur de votre voisin, voilà ce que les Chouïski ont semé, c’est ainsi que Ivan le Terrible a grandi », avança Soloviov.

7. Il était malheureux dans sa vie personnelle

Au cours de sa vie, Ivan eut au moins six femmes. Il fut également le père de huit enfants, dont la plupart mourut en bas âge. Le plus vieux d’entre eux, Ivan, succomba en 1581. Une série de chroniques affirme que le tsar avait accidentellement tué son héritier, en le frappant de son sceptre lors d’une dispute. Néanmoins certains chercheurs considèrent qu’il s’agit d’un mythe, assurant que le tsarévitch avait été victime d’une maladie.