Pourquoi en Russie se faisait-on autrefois enterrer avec sa barbe séparément?

Nikita Poustosviat (1880-1881), Vassili Perov

Nikita Poustosviat (1880-1881), Vassili Perov

A.Sverdlov/Sputnik
L’ordre du tsar Pierre Ier de se couper la barbe afin de se rapprocher des mœurs européennes a plongé dans un profond désespoir de nombreux princes et boyards – pour eux, les poils du bas du visage était un synonyme de leurs virilité et notabilité.

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Dès lors, certains Russes ont donc soigneusement préservé leurs barbes coupées pour être enterrés avec et ne pas comparaître devant le Seigneur avec un « visage nu ». Et il ne s’agissait pas que de notables. L’ingénieur de navire britannique John Perry, qui a servi en 1703 à Voronej, a écrit qu’un charpentier local à qui l’on avait ordonné de se couper la barbe a gardé cette dernière « afin qu’elle soit ensuite placée dans son cercueil et que dans le monde de l’au-delà il fasse un compte-rendu à son sujet devant saint Nicolas ».

Dans la famille du conseiller secret Ivan Alexandrovitch Narychkine, l’on avait un coffret où, sur un petit coussin en soie brodé, reposait une longue barbe blanche qui avait, apparemment, appartenu à l’un de ses aïeux ayant vécu au XVIIe siècle. Elle aurait dû être enterrée, mais, pour une raison ou une autre, ne l’a pas été. Elle est ainsi devenue une sorte de vestige de la famille et une légende s’est créée autour.

L’on disait qu’elle avait appartenu au fol-en-Christ Timofeï Arkhipytch, qui se serait présenté à la grand-mère d’Ivan Narychkine, Anastasia Alexandrovna, lors d’une prière. En lui confiant sa barbe, il aurait dit que tant que cette dernière était préservée chez les Narychkine, cette lignée ne serait pas interrompue et resterait fidèle à l’orthodoxie. Lors d’un déménagement, Ivan Alexandrovitch a cependant perdu cette barbe – il se peut qu’elle ait été mangée par des souris. Or, au XIXe siècle, la lignée masculine de la famille d’Ivan Alexandrovitch a réellement pris fin et ses petites-filles sont passées de l’orthodoxie au catholicisme.

Dans cet autre article, nous expliquons comment les Russes définissaient autrefois un homme par sa barbe 

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