Pourquoi le «mauvais appartement» de Boulgakov fascine-t-il autant les admirateurs de son œuvre? 

En bref
RUSSIA BEYOND
Appartement 50 au 302 bis de la rue Sadovaïa à Moscou... Quel admirateur de l’œuvre de Mikhaïl Boulgakov ne connaît pas cette adresse fictive par cœur? C’est ici qu’il a placé la plupart des épisodes clés du Maître et Marguerite, dont le Bal de Satan. Pas étonnant alors que l’appartement, dont l’écrivain a occupé une chambre à son arrivée à Moscou, ait une réputation douteuse et soit surnommé le «mauvais appartement». 

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Citations du Maître et Marguerite, messages à Voland... Il y a une trentaine d’années encore, les murs de l’escalier 6 du 10, rue Bolchaïa Sadovaïa étaient recouverts d’inscriptions et de dessins laissés par les admirateurs de l’œuvre la plus célèbre de Mikhaïl Boulgakov. Il a décrit l’appartement 50 situé au 4e étage, où il a lui-même vécu de 1921 à 1924, dans plusieurs de ses romans, dont Le Maître et Marguerite. Sans surprise, ce logement a reçu le surnom officieux de « mauvais appartement ». Chacun pourra se faire une opinion de la justesse du qualificatif en visitant l’appartement transformé en musée en 2007.

Appartements locatifs puis communautaires

L’immeuble où se trouve le « mauvais appartement » a été construit au début du XXème siècle. Les logements de 4 à 6 pièces étaient destinés à être loués à des clients aisés. Le millionnaire russe Ilia Piguit à qui appartenait l’immeuble en retirait annuellement 45 000 roubles de rente. À titre de comparaison, les émoluments du gouverneur de Moscou s’élevaient à 12 000 roubles par an.

La Révolution de 1917 a mis fin à la vie sereine des locataires : les appartements sont devenus communautaires (une famille par pièce ; cuisine, salle d’eau et sanitaires communs), une cantine et un club ont été aménagés dans l’immeuble. En 1921, Mikhaïl Boulgakov et sa première femme se sont installés dans l’une des pièces d’un des appartements du dernier étage. « Appartement maudit », c’est en ces termes qu’il évoquait son domicile de l’époque.

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Pendant trois ans, il a cohabité avec un policier et sa famille, des ivrognes et la voisine criarde Annouchka (oui, Annouchka, comme le personnage qui a renversé l’huile de tournesol sur laquelle a glissé Berlioz)... C’est sans regrets que Mikhaïl Boulgakov a ensuite déménagé d’abord dans une pièce d’un autre appartement du même immeuble, puis ailleurs. Mais sa première adresse à Moscou est restée gravée à jamais dans sa mémoire et sur les pages de ses manuscrits qui, comme l’on le sait, « ne brûlent pas »

Pendant les années 1930, durant les purges staliniennes, plusieurs habitants de l’appartement « maudit » ont disparu, d’une manière beaucoup moins paranormale que les personnages du Maître et Marguerite.

C’est au cours des années 1960 que les appartements communautaires de la rue Bolchaïa Sadovaïa ont commencé à être vidés d’une partie de leurs occupants. Ceux-ci recevaient alors des logements individuels dans les quartiers de Moscou récemment construits.

En 2004, l’un des appartements situé au rez-de-chaussée de l’immeuble du 10, rue Bolchaïa Sadovaïa a été aménagé en musée privé. Trois ans plus tard est venu le tour de l’appartement 50. On peut aujourd’hui y voir le bureau de l’écrivain, la cuisine où est fidèlement rendue l’ambiance des années 1920. On peut aussi prendre part à un spectacle improvisé inspiré bien évidemment par la célèbre œuvre de Mikhaïl Boulgakov.  

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