Un pas de plus franchi dans l'extension de la saison de navigation sur la route maritime du Nord

Économie
ERWANN PENSEC

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Le méthanier brise-glace russe Christophe de Margerie, baptisé en l’honneur du président de Total décédé à Moscou en 2014, a, le 16 janvier, atteint le détroit de Béring, après avoir parcouru de manière autonome le tronçon oriental de la route maritime du Nord depuis le port de Sabetta, informe le service de presse de Novatek, compagnie en charge du site de production de gaz naturel liquéfié (GNL) Yamal-LNG. Or, il s’agit d’une première, la navigation des méthaniers de classe Yamalmax sur ce tronçon étant en règle générale suspendue à partir de novembre et jusqu’en juillet.

Bâtiment de Sovkomflot, le Christophe de Margerie était par ailleurs suivi d’un autre navire, le Nikolaï Evguenov, tous deux transportant un total de 140 000 tonnes de GNL à destination du marché asiatique, et ce, dans un contexte de flambée des prix sur ce combustible en Asie.

Cette prouesse technique s’inscrit en réalité dans un vaste plan de l’élargissement de la fenêtre de navigation de méthaniers sans flotte de brise-glaces nucléaires sur cette route.

« En 2020, le méthanier Christophe de Margerie a été le premier navire de transport à gros tonnage ayant franchi le tronçon oriental de la route maritime du Nord en mai, soit deux mois avant le début traditionnel de la navigation. Ainsi, à présent, la période de navigation est élargie de quatre mois et peut désormais commencer en mai et finir en janvier », a déclaré Leonid Mikhelson, président de Novatek.

Un projet à l’importance cruciale, puisque la route maritime du Nord s’avère la plus efficace pour atteindre l’Asie. Le temps de ce trajet apparait, il est vrai, 40% inférieur à l’itinéraire traditionnel passant par le canal de Suez. À titre d’information, le Christophe de Margerie a, de cette manière, effectué ce chemin de 2 474 miles marins (4 582 kilomètres), allant de l’embouchure de l’Ob au cap le plus oriental de la Tchoukotka, en 10 jours et 21 heures, précise le site de Sovcomflot, société publique russe de transport d’hydrocarbures engagée dans cette opération.

À noter toutefois que ce navire n’est pas parfaitement autonome, puisque ne pouvant venir à bout que de glaces d’une épaisseur maximale de 1,7 mètre. Au-delà, l’aide de brise-glaces demeure requise.

En la matière, les ambitions de la Russie ne seront néanmoins pleinement satisfaites que lorsque la saison de navigation en autonomie de méthaniers sera étendue à l’ensemble de l’année, y compris sur le tronçon oriental, ce qui permettra de remplir l’objectif, fixé à 2024, d’atteindre les 80 millions de tonnes de marchandises annuelles en transit sur la route maritime du Nord. En comparaison, cet indicateur à, en 2020, été de 33 millions.

Dans cet autre article, nous étudions en détail comment le gaz russe est transporté dans l’Arctique.