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Cet été est inhabituellement froid et pluvieux dans la partie occidentale de la Russie. Depuis mai, Moscou a connu la pluie, les orages et même la neige. Le Centre hydrométéorologique de Russie a qualifié le mois de mai de « plus froid » et le mois de juin de « deuxième plus froid » constatés dans le pays au XXIe siècle. La température moyenne en juin était inférieure de 2 degrés Celsius à la normale, n’atteignant que 14,5 degrés par rapport aux 16,5 habituels.
Ce n’est donc pas une surprise que le temps anormalement frais de cet été ait eu un impact sur l’économie du pays et les tendances de consommation du public russe. Voici cinq conséquences du ciel gris.
L’agriculture est dépendante de la météo, ainsi, la pluie et les températures froides sont susceptibles de frapper les revenus des producteurs russes. La Banque centrale russe rapporte que le mauvais temps est responsable du report de semis de certains légumes (pommes de terre, concombres, tomates, carottes, oignons, etc.) de trois à quatre semaines, ils seront donc récoltés plus tardivement. 82% seulement du nombre total de pommes de terre qui devaient être plantées cette année sont dans la terre et seulement 77% des légumes ont été semés.
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L’Union national des assureurs agricoles prévoit que les pertes potentielles pourraient atteindre 2,6 milliards de roubles (38,76 millions d’euros).
« La plupart des entreprises agricoles ne sont pas assurées, donc la majeure partie de ces pertes sera supportée par les entreprises et pourrait entraîner une hausse supplémentaire du prix du panier en Russie et des importations de produits alimentaires », nous explique Pavel Sigal, premier vice-président d’Opora Rossii, organisation publique russe des petites et moyennes entreprises. Dans cette situation, le gouvernement pourrait accorder des subventions pour limiter la hausse de l’inflation, indique l’expert.
Les pertes agricoles ont poussé les prix à la hausse, ce qui à son tour entraîne une inflation. La Banque centrale de Russie a révélé que fin juin, l’inflation avait augmenté pour atteindre 4,4%, suite à une hausse inattendue de 8,3% des prix des produits alimentaires.
Dans cette situation, la Banque centrale devra ajuster les niveaux des principaux taux directeurs et prendre en compte d’autres risques potentiels, estiment les experts de l’Académie russe de l’économie nationale et du service public, de l’Institut Gaïdar et de l’Académie russe du commerce extérieur. La reprise potentielle de la consommation et la baisse du taux de change du rouble pourraient faciliter une nouvelle hausse de l’inflation, indiquent-ils.
L’été froid a poussé de nombreux Russes à modifier leurs habitudes de consommation. Ils ont commencé à acheter des parapluies et des chauffages au lieu de glaces et de boissons fraîches, comme le kvas.
D’une part, les détaillants ont constaté une hausse de 135% dans la vente de parapluies, de bottes en caoutchouc (50%) et de consoles de jeux (21%). D’autre part, ils ont été confrontés à une chute des ventes de glaces (divisées par deux), de viande pour le chachlik (20%), de climatiseurs (30%) et de vêtements (15% à 20%). Certaines marques de mode ont même proposé des réductions allant jusqu’à 70% pour déstocker leurs collections d’été.
Crédit : Maksim Blinov / RIA Novosti
Selon le ministère du Développement économique, le mauvais temps en Russie a également impacté le taux de chômage, principalement dans les secteurs sensibles aux conditions météorologiques. L’agriculture a connu la plus grande chute du nombre d’emplois (une baisse de 15,4% par rapport à mai 2016), alors que le commerce, l’hôtellerie et la restauration ont subi une chute de 3,1%. L’éducation a connu une baisse de 1,4%. Le nombre total de chômeurs en Russie est passé de 3,9 millions en avril à 4,1 millions en mai.
L’industrie du tourisme à Sotchi et en Crimée subit également des pertes à cause du temps. En juin, le public a préféré des destinations plus chaudes, comme Chypre, à la région de la mer Noire.
Selon le service en ligne Level.Travel, les plages russes sont cette année moins populaires que la Turquie (37%) et la Grèce (14%).
L’intérêt pour les stations balnéaires russes a chuté de 10% à 15% par rapport à l’année dernière et nombre d’hôtels et agences de voyages tentent d’enrayer les pertes en réduisant drastiquement les prix. Les experts estiment que la situation devrait cependant revenir bientôt à la normale quand la chaleur sera de retour. Il fait déjà 30 degrés à Sotchi.
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