La vente au détail de carburant, un secteur en crise ?
ReutersUne source bien informée a dévoilé à Gazeta.ru que Lukoil, la plus grande compagnie pétrolière de Russie, pourrait vendre jusqu’à un tiers de ses stations-service dans le pays d’ici la fin de l’année. Selon cette source, il est question de vendre des stations-services dans les régions de Moscou, Toula, Orenbourg, Vladimir et Briansk, ainsi que dans la région de Tchouvachie.
Lukoil possède plus de 2500 stations-service en Russie et occupe plus de 21% du marché dans les régions où opère la société (selon le site de la société). « La société est actuellement à la recherche d’un acheteur qui lui fasse une offre, affirme la source. Lukoil compte bien trouver des investisseurs à long terme, et si personne ne se présente en Russie, des investisseurs chinois ou moyen-orientaux pourraient racheter les stations-service ».
Selon la source du quotidien Gazeta.ru, la décision de Lukoil est liée à la mauvaise conjoncture du marché dans plusieurs régions. Aucun prix de vente n’est pour l’instant connu, mais il n’est pas question de s’en débarrasser à bas prix.
Le service de presse de Lukoil se refuse à tout commentaire. Un peu plus tôt, l’agence Interfax avait annoncé l’intention de Lukoil de vendre une partie de ses stations-service. Selon les sources de l’agence, c’est la mauvaise santé de l’économie russe qui a poussé la société à cette décision. À titre d’exemple, le bénéfice net du secteur des stations-service est proche de zéro au premier trimestre 2017.
« À l’heure actuelle, le bénéfice est d’environ 8 roubles (0.12€) par tonne, contre 2000 roubles (32€) par tonne un an plus tôt », affirme la source. Selon notre source, il faudrait pour rétablir la situation augmenter le prix du carburant de 5 roubles (0,8€) par litre, ce qui est impossible pour Lukoil. Il n’est pas non plus possible de rétablir la situation grâce aux autres produits vendus dans les stations-service.
Selon Thomson Reuters, le prix du baril de Brent s’élevait à 30,5$ (28€) au début de l’année 2016, le prix de gros du Super-95 s’élevait à 33 000 roubles (530€) la tonne, et le prix moyen d’un litre dans les stations-service russes était de 36.89 roubles (0.6€). En mars 2017, le baril coûtait 51.74$ (48.47€), le prix de gros était monté à 40.980 roubles (661€) la tonne, le prix du carburant au détail était de 39 roubles (0.63€)
Ainsi, depuis le début de l’année dernière, les prix au détail ont augmenté d’environ 5,7% alors que les prix de gros s’envolaient de plus de 24%, le tout dans un contexte de volatilité du baril, qui, sur la même période, a vu son prix multiplié par deux puis de nouveau diminuer de façon significative.
D’ailleurs, Lukoil s’était auparavant prononcé en faveur d’une prolongation de l’accord de limitation des extractions de pétrole conclu par l’OPEP et 11 producteurs indépendants (y compris la Russie) conclu à la fin de l’année dernière. Cet accord devait permettre la croissance et assurer la stabilité les prix, et c’est ce qui s’est tout d’abord produit. Mais ensuite, la hausse des extractions aux États-Unis a entraîné une nouvelle chute du baril.
« La situation du secteur des stations-services est très tendue, commente Evgueni Arkoucha, président de l’association des stations-services de Moscou. La situation actuelle est en train de nous ruiner. Si même une compagnie de la taille de Lukoil est mécontente, imaginez ce qu’il en est pour les stations-service indépendantes ».
M. Arkoucha rappelle que les prix des stations-services sont encadrés selon le principe « inflation moins » (c’est-à-dire qu’ils doivent augmenter selon un coefficient inférieur au taux d’inflation). « C’est très bien pour les automobilistes, mais meurtrier pour les pompistes », déplore Arkoucha.
« La vente au détail de carburant est de plus en plus déficitaire », constate-t-il. Selon lui, il serait possible de soutenir sa rentabilité en autorisant le retour de l’alcool dans les stations-service. En janvier, la Douma a examiné un projet de loi autorisant à nouveau les stations-service à vendre de l’alcool. Mais de nombreux experts considèrent que cela entraînera une hausse des cas de conduite en état d’ivresse.
Le texte est publié en version abrégée. Le texte intégral en russe est disponiblesur le site de Gazeta.ru.
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