Un ouvrier passe devant un chevalet de pompage appartenant à Bashneft. Oufa, la République de Bachkirie, Russie.
ReutersJusqu’à fin octobre 2016, les compagnies pétrolières peuvent participer aux enchères pour l’exploitation de deux gisements situés dans le district autonome des Khantys-Mansis – une région de Sibérie située à 2 600 km au nord-est de Moscou. Il s’agit des gisements Nazimski et Ai-Iakounski, qui recèlent des réserves confirmées de près de 100 millions de tonnes de pétrole, indiquent les documents officiels du gouvernement russe.
Les entreprises qui souhaitent participer doivent déposer leurs candidatures avant le 28 octobre et les enchères auront lieu le 27 décembre. Les deux gisements font partie d’un même lot, son coût initial s’élève à 55,5 millions d'euros.
« Le propriétaire stratégique final doit disposer de ressources financières pour le développement des gisements, mais aussi répondre à plusieurs autres exigences », explique Konstantin Bouchouïev, responsable du département d’analyse des marchés chez Otkrytie Broker. Il précise que cela s’explique par la nature des gisements qui nécessitent des technologies étrangères d’extraction de pétrole« lourd » : les compagnies russes ne peuvent pas en acquérir directement à cause des sanctions américaines.
Par ailleurs, le processus d’extraction et de transformation doit être intégré verticalement au sein de la région où se trouvent les gisements, précise-t-il. Ainsi, le concours pourrait être remporté par une alliance internationale composée d’une entreprise russe et d’une entreprise étrangère.
Les parcelles mises aux enchères sont parmi les rares lots russes qui n’ont pas encore été attribués, explique le responsable du département analytique de Russ Invest, Dmitri Bedenkov. Selon les estimations du ministère des Ressources naturelles, instance officielle responsable de l’extraction des minerais en Russie, environ 5% des gisements au total n’ont pas encore été attribués.
« Alors que les gisements exploités s’épuisent et demandent des investissements de plus en plus lourds afin de maintenir le niveau d’extraction, investir dans de nouveaux gisements pourrait s’avérer plus efficace », explique Bedenkov.
Il s’agit là d’un des éléments visant à renflouer du budget national du pays, en déficit à cause de la chute des prix du pétrole, explique l’analyste de TeleTrade Marc Groïkhman. Il précise que c’est la raison pour laquelle l’Etat a décidé de lever des investissements étrangers pour l’exploitation des gisements, son objectif n’étant pas de vendre le pétrole brut, mais de le transformer.
Les conditions du concours comprennent des exigences sur les unités de transformation de pétrole brut dont doit disposer le vainqueur dans la région. « Les unités de transformation permettront de garantir que le pétrole extrait de ces gisements sera transformé dans la région plutôt qu’être exporté à l’état brut », explique Nikolaï Goudkov, représentant du ministère des Ressources naturelles, à l’agence russe RBC.
Mark Groïkhman indique que les principaux pétroliers russes répondent aux conditions du concours : il s’agit de Rosneft et Gazprom neft, contrôlés par l’Etat, et de la compagnie privée Lukoil. Ces compagnies possèdent toutes des usines de transformation dans la région concernée, le district des Khantys-Mansis.
Cependant, elles ne disposent pas de technologies d’extraction de pétrole difficile d’accès et auront donc besoin de partenaires étrangers, précise-t-il. Parmi ces partenaires potentiels, Groïkhman cite le fonds émirati Mubadala, la compagnie norvégienne Statoil et le britannique BP. BP est notamment l’un des principaux actionnaires de Rosneft.
Pendant les enchères, le prix des gisements peut s’envoler, estime Dmitri Bedenkov. Il rappelle qu’en novembre 2015, un gisement situé en l’Extrême-Orient russe, dans République de Sakha, a été mis aux enchères, son prix étant passé de 1,9 millions d'euros à 34,7 millions d'euros. Les enchères seront toutefois considérées comme valides même si une seule candidature est présentée.
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