La construction du pont au-dessus du détroit de Kertch.
Georgiy Zimarev / RIA NovostiDes filiales du géant pétrogazier russe Gazprom, des entreprises engagées dans la construction du pont censé relier la péninsule de Crimée à la Russie et plusieurs chantiers navals se sont retrouvés sur la liste des entités tombant sous le coup de sanctions américaines.
Au total, les sanctions concernent 17 personnes et plus de 100 sociétés, à en juger d’après le document publié par le département américain du Trésor.
« La logique même des sanctions dans sa conception anglo-saxonne suppose une montée progressive de la pression. Dans ce contexte, les nouvelles sanctions sont tout à fait logiques », a indiqué Sergueï Khestanov, conseiller en macroéconomie du directeur général de la société de courtage Otkrytie Broker.
Tout de suite après l’annonce des nouvelles sanctions, le sous-traitant du pont de Crimée, la société Mostotrest, a reporté le placement d’obligations pour un montant de 10 milliards de roubles (environ 136 millions d’euros) sans fournir d’explications.
Les sociétés concernées
Les sanctions frappent essentiellement les filiales du géant Gazprom, notamment des entreprises d’extraction de gaz comme Gazprom dobytcha Ourengoï et des sociétés d’autres domainescomme le groupe médiatique Gazprom-Media qui comprend entre autres la radio Echo de Moscou, pourtant dans l’opposition au pouvoir. Les sociétés américaines ont l’interdictiond’accorder à ces structures des prêts pour un délai dépassant 60 jours.
Selon le journal des milieux d’affaires russes Kommersant, aucun opérateur de marché ni compagnie de distribution de Gazprom à l’étranger – ni d’ailleurs Gazprom lui-même – n’ont été frappés de sanctions. Jusqu’ici, le géant russe n’était concerné que par des sanctions sectorielles interdisant aux sociétés américaines de livrer en Russie des matériels pour l’extraction d’hydrocarbures sur le plateau continental. Toutefois, des sanctions financières ont été imposées à Gazprom neft, la filiale de Gazprom : les sociétés américaines n’ont plus le droit de lui accorder des prêts à long terme.
Des sanctions bien plus sérieuses ont été introduites contre les compagnies figurant sur la Specially designated Nationals List (SDN). Le document interdit aux sociétés américaines toute transaction avec elles et exige le gel de leurs actifs aux Etats-Unis.
La liste comprend des entreprises engagées dans la construction du pont entre la péninsule de Crimée et la Russie, notamment le sous-traitant Mostotrest qui a signé en mars dernier un contrat de 1,32 milliard d’euros, et même le concepteur du pont, la compagnie Guiprostroïmost de Saint-Pétersbourg. En outre, les sociétés américaines doivent suspendre tout contact avec plusieurs chantiers navals dont le centre de réparations Zviozdotchka dans la région d’Arkhangelsk (nord-ouest) et les usines criméennes More et Zaliv.
La réaction du marché
Les nouvelles sanctions n’entraveront pas les activités de Gazprom, a déclaré le 2 septembre le PDG du groupe, Alexeï Miller, au cours du Forum économique oriental à Vladivostok (Extrême-Orient russe). Selon l’agence TASS, il a souligné que « Gazprom travaillait et continuerait de travailler ». Il a d’ailleurs indiqué précédemment que Gazprom n’achetait que 5% de ses équipements à l’étranger. « RTS, le principal indice boursier de Russie, est remonté malgré l’introduction de ces nouvelles sanctions », a constaté Andreï Liouchine, vice-président du conseil d’administration de Loko-Bank. Selon lui, les investisseurs tablent sur une rapide réconciliation entre la Russie etl’Occident après que le président russe Vladimir Poutine eut annoncé dans une interview à l’agence Bloomberg une prochaine entente avec les Etats-Unis au sujet de la Syrie.
Sergueï Khestanov estime que les nouvelles sanctions n’entraîneront aucune conséquence sérieuse tout en s’inscrivant dans la logique de la politique américaine.
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