Chantier soviétique abandonné: sinistre virée sur les rails du chemin de fer transpolaire

La construction d'un chemin de fer censé devenir l'un des plus grands projets de l'Union soviétique commençait sur le cercle polaire arctique. Il était destiné à constituer une voie transpolaire visant à relier la ville de Salekhard et le futur port d'Igarka sur le fleuve Ienisseï.
La construction a débuté en 1947 suite au besoin d'exploiter les riches réserves de minerais du Grand Nord russe et de faciliter leur transport vers l'étranger.
Le gouvernement n'a lésiné ni sur l'argent, ni sur le travail pour créer le chemin de fer : environ 100.000 prisonniers ont été envoyés dans la région.
Malgré ce que l'on pourrait penser, le taux de mortalité des détenus ici n'a pas été si haut, comparé à d'autres chantiers soviétiques : 2,2% de toutes les arrivées durant la période allant de 1947 à 1953.
Bien entendu, le travail était dur. Parfois, des camions entiers de sable étaient engloutis par le marais, et des crues éclair détruisaient le travail en cours. Seule la persistance et le sacrifice total des travailleurs ont permis la poursuite du projet.
En dépit d'un environnement terriblement inhospitalier, le rythme de construction a augmenté. En 1947, 800 km des 1.500 km de rails prévus ont été posés.
Le travail a été essentiellement réalisé à l'aide de locomotives prérévolutionnaires qui manquaient de puissance. Onze locomotives construites entre 1904 et 1907 étaient sur place, ainsi que près de 80 wagons.
Mais la construction du chemin de fer a dû être interrompue prématurément. En 1953, deux semaines après la mort de Staline, le gouvernement a pris la décision d'abandonner le projet désormais sans espoir. Cette ligne septentrionale est devenue la « route de la mort ».
Locomotives renversées, baraques délabrées abritant les fantômes de milliers de détenus, remblais emportés par les eaux – aujourd'hui cette route stalinienne semble tirée d'un film d'horreur.
Unique et intéressant, l'itinéraire est peu fréquenté. L'endroit est sauvage et semble postapocalyptique, la nature s'y montre dans sa forme primordiale. Les rivières regorgent de poissons, et les forêts sont remplies d'animaux sauvages, de baies et de champignons.

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