Installation-view-grisha-bruskin
Courtesy of the artist and the Russian PavilionCrédit : Pavillon de Russie
Comme le fait remarquer Semion Mikhaïlovski, commissaire du pavillon russe à la biennale : « Il n’y a jamais eu autant de Russes que cette année ! ». Et c’est bel et bien le cas, à commencer par le projet principal de la biennale, Viva Arte Viva, créé par Christine Macel et auquel trois artistes russes participent : Irina Korina, Taus Makhacheva et Vadim Fishkine ; et jusqu’aux expositions de Yann Fabre et Glasstress, qui ont été co-organisées par Dmitri Ozerkov, responsable du département d’art contemporain de l’Ermitage.
Dans le pavillon russe, installé pour la 57ème saison de la biennale dans les jardins Giardini, règne un chaos digne de Babylone : nouveau commissaire, nouvelles règles. Sémion Mikhaïlovski, qui a remplacé cette année Stella Kessaïeva, a invité trois artistes à y participer : Grisha Brusnik, le groupe Recycle et Sasha Pirogova, ainsi que trois compositeurs, Dmitri Kourlyandski, Piotr Aïda et Konstantin Doudakov-Kashuro, qui ont écrit une musique accompagnant l’exposition Theatrum Orbis. Et même si chaque artiste avait son propre curateur, le résultat final forme un tout cohérent.
L’exposition invite le spectateur à traverser un monde apocalyptique dans une installation de sculptures à multiples facettes crée par Grisha Brusnik ; puis à se plonger dans l’enfer de Dante numérique de Recycle (l’installation Blocked Content contient des sculptures visibles uniquement sur un écran de smartphone grâce à une application spéciale) et, enfin, à atteindre la renaissance et la lumière avec la vidéo mélancolique de Sasha Pirogova.
C’est la première représentation internationale du programme « Pouchkine XXI » du célèbre Musée Pouchkine de Moscou. Le programme a pour objectif d’élargir les fonctions habituelles du musée dans le secteur de l’art contemporain. Avec les œuvres multimédia de 14 artistes venus de Russie et d’ailleurs, l’exposition fait voyager les visiteurs dans des vagues de souvenirs. On peut s’y tenir sous une énorme Lune signée Leonid Tishkov, et qui a déjà voyagé dans le monde entier ; faire un tour en bateau-fantôme dans l’installation vidéo de Tania Akhmetgalieva ou bien jouer à « L’univers en vibration » dans la sculpture sonore de Youri Kalendariev.
La Fondation V-A-C, appartenant à l’oligarque russe Leonid Mikhelson, a dès la biennale précédente ouvert sa représentation permanente à Venise, dans le Palazzo delle Zattere ; mais elle ne présente que cette année sa première véritable exposition depuis la restauration du bâtiment. En plus des amis milliardaires de son propriétaire, son inauguration a attiré Paolo Baratta, président de la Biennale de Venise.
L’exposition « Espace force construction » est un espace de rencontre subtil entre l’art ancien et nouveau, comme les autres expositions de la Fondation. « Oh ! Ça parle de la Révolution russe ! », s’exclament les visiteurs en pénétrant dans l’exposition, où les accueille dans le hall une statue de Lénine.
Et en effet, l’art « ancien » est ici représenté par des peintres russes postrévolutionnaires : El Lissitzky, Maïakovski, Rodchenko, Deïneki… ceux qui ont créé l’image du nouveau pays, pesé sur l’évolution de l’art dans l’espace soviétique et même à l’Ouest, et qui continuent encore aujourd’hui d’exercer une grande influence.
Pour le « nouveau », des artistes contemporains, inspirés par les figures et l’esthétique de la période révolutionnaire : Irina Korina, participante au principal projet de la biennale, la chinoise Cao Fei, la célèbre artiste américaine Barbara Kruger et d’autres artistes venus du monde entier.
L’exposition à Ca’ Foscari de Valery Koshlyakov, déjà figure incontournable de l’art contemporain, est une sorte de poursuite de son grand projet organisé au Musée de l’impressionnisme russe de Moscou. Dans la capitale russe, son exposition organisée à l’automne 2016 avait occupé quatre étages du musée : à Venise, les dimensions sont bien plus modestes, mais l’éclat magique des dessins architecturaux de Koshlyakov est ici encore renforcé par les murs anciens du palazzo sur le Grand Canal.
L’artiste a commencé sa carrière dans les années 1990. C’est sa technique unique qui l’a rendu célèbre : il recouvrait de gigantesques feuilles de carton ondulé avec des paysages de ruines antiques et des éléments de l’architecture soviétique, tout en y intégrant des symboles de modernité.
L’effet de relief et la taille de ses toiles impressionna le public au-delà de la Russie : les œuvres de Koshlyakov ont par exemples été exposées au musée MACRO de Rome, et certaines se trouvent dans les collections du Centre Pompidou de Paris. Ses œuvres sur carton, ainsi que des toiles consacrées à l’architecture italienne, seront exposées à Venise jusqu’au 29 juillet.
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