Mireille Mathieu au Kremlin.
Irina KholodovaMireille Mathieu au Kremlin. Crédit : Irina Kholodova
« Dobry den’, spassibo », ces mots prononcés avec un accent charmant qui respire le soleil et les parfums de la Provence pouvaient être entendus dimanche dernier au plus grand aéroport de Moscou. Des fleurs, des bises et des mots de tendresse, Mireille Mathieu est revenue dans la capitale russe pour un seul et unique concert au Palais du Kremlin. Et même si elle s’est absentée de la scène du Kremlin pendant cinq ans depuis son dernier récital en 2012, elle vient régulièrement en septembre pour le festival de musique militaire de la Tour Saint-Sauveur dont elle est la marraine.
« Ici, à Moscou je me sens chez moi et j’en suis très touchée », avoue Mireille Mathieu lors de sa conférence de presse.
L’URSS a été l’un des premiers pays où Mireille avait connu son premier véritable succès à l’étranger à ses débuts en 1967 et ce lien est resté intact depuis déjà un demi-siècle.
« J’ai été la première chanteuse à être adoptée et aimée par le peuple russe. J’avais des fleurs, des fleurs, des fleurs. Je m’en souviendrai toujours … Ma sœur Matite avait fait sécher les pétales de toutes les roses que j’avais reçues. Elles sont parties avec moi en France et je les ai toujours. Pour nous c’était symbolique parce que je sais que des fleurs ici c’est très très cher », raconte la chanteuse relatant sespremières impressions sur sa première rencontre avec la Russie.
D’ailleurs, ce n’est pas le pays qui l’a surpris le plus lors de ce premier voyage mais surtout le public. Souvent on dit que le cœur des Russes est difficile à conquérir mais quand ce peuple aime, c’est à jamais.
« Ce qui me touche c’est le public qui est là. L’artiste n’existerait pas sans son public et je sais que quand je viens ici c’est vrai que je suis reçue comme une tsarine », relate Mireille.
C’est au sujet de cette histoire d’amour réciproque entre Mme Mathieu et le public russe et de la culture russe qu’une correspondante de RBTH s’est entretenue avec la grande artiste avant son concert.
RBTH : Mireille, vous connaissez la Russie peut-être mieux que n’importe quel autre artiste français, que représente ce pays pour vous ?
Mireille Mathieu: Vous savez c’est difficile de réponde à cette question car il y a beaucoup de choses. Je dirais d’abord la culture. On pense d’abord au ballet, au théâtre Bolchoï. La Russie c’est aussi les icônes et l’amour que le peuple russe a pour la France. On ne le dit pas mais moi je le sais et je le dis toujours. Le peuple russe aime beaucoup notre pays la France. Je le dis à chaque fois.
Et l’âme russe ? L’avez-vous perçue et en quoi consiste-t-elle selon vous ?
Oui, on parle beaucoup de l’âme slave. Pour moi c’est quelque chose de plus profond. On pourrait dire la musique ouvre les portes de l’âme. L’âme slave c’est ça aussi. C’est émouvant, c’est comme une chanson qui vous touche. Quand un violoniste joue c’est quelque chose de magique. Le violon il pleure. Il est beau, il vous émeut. Pour moi les Russes, c’est ça. C’est cette âme slave, c’est aussi la beauté parce que les femmes russes sont très belles.
Vous interprétez certaines chansons en russe. Cette langue vous plaît-elle ?
Oui, j’aime beaucoup le russe. Votre langue est magnifique. J’avais appris quelques mots à ma petite maman qui aimait beaucoup votre pays.
Mireille Mathieu au Kremlin. Crédit : Irina Kholodova
Et après le français quelle est votre langue préférée ?
Mon métier m’apporte beaucoup de joie, celle de côtoyer des gens qui sont de cultures différentes. Je peux dire que j’aime toutes les langues car il n’y a pas de barrière, on peut s’exprimer. La chanson a quelque chose d’extraordinaire, c’est que ça n’a pas de frontières et on fait passer des sentiments et des émotions.
La Russie mérite-t-elle une chanson ? Si c’est le cas, vous personnellement, auriez-vous dédié une chanson à une personnalité concrète ou peut-être à un événement ?
Les chansons russes sont magnifiques et où que je sois dans le monde je chante toujours en russe. Aujourd’hui, je ne peux m’empêcher d’avoir une pensée pour le grand chef d’orchestre et mon ami Valeri Khalilov. À Saint-Pétersbourg j’ai chanté la chanson Le temps du muguet en hommage au Chœur de l’armée rouge et de mon ami Valéri Khalilov. Je vais la chanter à Moscou aussi.
Puisque vous avez abordé la question : fin décembre, la Russie a connu un véritable drame – des artistes de l’Ensemble Alexandrov ont péri dans un crash. C’est également une grande perte pour vous car vous avez commencé votre coopération avec les chœurs de l`Armée rouge aux tous débuts de votre carrière. Pensez-vous continuer à travailler avec eux maintenant ?
C’est vrai que c’est terrible ce qui s’est passé. Il y a des journalistes de la première chaîne russe qui sont venus chez moi à Avignon pour que je puisse parler parce que j’ai connu Alexandrov qui est le créateur du chœur de l’Armée rouge. J’ai également parlé de Valéri Khalilov qui était non seulement un grand chef d’orchestre mais un ami. C’était vraiment quelque chose de terrible, tout le pays était en deuil. Bien sûr, je ferai tout mon possible pour soutenir le nouveau chœur. Là, par exemple, ils vont se produire le 25 mars à Paris je serai dans la salle pour dire que je suis vraiment de tout cœur avec eux. Le fait d’avoir chanté avec les chœurs de l’Armée rouge c’est quelque chose d’extraordinaire. C’est la Russie, ce sont des voix uniques.
Pouvez-vous dévoiler vos projets ? Certains sont-ils liés à la Russie ?
En ce moment je prépare un nouveau CD des chansons classiques et puis comme tous les ans je vais venir à Moscou fin aout-début septembre pour le festival de Spasskaïa. Cette année, on va fêter les dix ans du festival et j’ai toujours une immense joie de chanter sur la place Rouge parce que cet endroit c’est quelque chose qui représente la Russie et derrière il y a la cathédrale Saint-Basile. Donc je suis très fière, je suis avec le public qui va être là. Je le perçois comme quelqu’un qui fait partie de ma famille.
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