A tourist takes a selfie near a street sign of the Venice Biennale in front of the Santa Lucia railway station, on May 24, 2016 in Venice, Italy.
Getty ImagesIrina Korina, Taus Mahacheva et Vadim Fishkin ne sont pas des nouveaux-venus dans le monde de l’art. Ils ont tous trois plusieurs expositions à leur actif, non seulement dans des musées russes mais aussi occidentaux. Ils font partie des artistes choisis par Christine Macel, commissaire, pour le projet d’ampleur de la Biennale d’art contemporain de Venise, dont l’inauguration est prévue pour le 13 mai. Le titre de celle-ci, qui investira l’Arsenal et le Palais des Expositions des jardins Giardini, est « Viva arte Viva ». Les travaux des artistes de Russie et d’ailleurs s’inscriront dans ce thème.
Une installation d'Irina Korina et d'Ilia Vosnessenski à Kalouga. Crédit : Vladimir Astapkovich/ RIA Novosti.
Crédit : Anton Denisov/RIA NovostiCette artiste de 39 ans est principalement connue pour ses objets volumineux et ses installations intégrales, réalisées à partir de déchets industriels et objets russes emblématiques. Par exemple, de vieux drapeaux d’usines du temps de l'URSS, des jouets, des toiles cirées aux motifs « à la russe » ou bien les squelettes d’aires de jeux des cours d'immeubles typiques.
Elle a étudié tout d’abord des arts de la scène, ce qui se ressent dans les salles de musées qu'elle réaménage de façon participative et performative.
En Russie, Korina est reconnue pour sa maîtrise du travail sur l'espace et le temps, qui se transforment d'une façon particulière dans chacune de ses œuvres ; elles inspirent les émotions les plus diverses, de la nostalgie au regard vers le futur. Ses travaux ont participé à des expositions au Palais de Tokyo à Paris, au festival Europalia à Bruxelles, à la Saatchi Gallery de Londres et dans d’autres musées et galeries. Elle n’est d’ailleurs pas tout à fait une nouvelle-venue à la Biennale de Venise : elle a fait partie en 2009 d’un groupe d’artistes exposés au pavillon russe dans le cadre du projet « Victoire sur l’avenir ».
Cette année, Korina réalisera dans le cadre du projet de la biennale une nouvelle installation, « Bonnes intentions ». Elle a expliqué à RBTH qu’il s’agirait d’une construction à deux étages, cachée dans les dédales de l’Arsenal : « Il ne sera pas aisé de trouver mon travail. L’installation sera consacrée au thème des espaces urbains et de la romantisation de l’héroïsme et du patriotisme, des sujets auxquels notre État s’intéresse aujourd’hui ».
Extraits de Rope : le funambule Rasul Abakarov. Alexander Murashkin © Musée de l'Art contemporain.
Crédit : Prix KandinskyÀ l’instar de Korina, Taus Mahacheva est une des artistes russes les plus célèbres en occident. Son parcours l’a menée à participer à de nombreuses expositions, dont les projets de la Pinacoteca Nazionale di Bologna, le musée GfZK de Leipzig, la Biennale d’art contemporain de Charjah, le Centre Pompidou à Paris. Au printemps dernier, une vidéo de sa performance « Rope », consacrée à la muséologie et à la coopération entre les musées centraux et régionaux, a été montrée au public. Ce travail est alors entré dans les collections du musée d'Art contemporain d'Anvers.
L'artiste de 33 ans est née à Moscou d'une famille connue : son grand-père, Rassoul Gamzatov, était un poète célèbre du temps de l'URSS. Après des études à Londres et à Moscou, elle s’est installée avec son mari en 2013 à Makhatchkala, dans cette région du Caucase russe où vivaient ses ancêtres. Toutes ses pratiques artistiques sont liées à ce lieu, posant la question de l’identité nationale, de l’interpénétration de l’Orient et de l’Occident, et de la place des femmes dans le monde musulman.
Taus raconte qu'elle prépare deux nouvelles vidéos pour Venise, qui se basent sur les rencontres et les discussions avec les pêcheurs daghestanais (le Daghestan est une république du sud de la Russie dont Makhatchkala est la capitale).
L’artiste réalisera une performance à l’Arsenal le jour de l’ouverture de la biennale.
Crédit : Pirje Mykkänen/Galerie nationale de FinlandeL'artiste est souvent appelé « le plus occidental des Russes et le plus russe des Occidentaux », Fishkin, originaire de Penza (550 km au sud-est de Moscou), vit et travaille depuis le début des années 1990 à Ljubljana, capitale de la Slovénie. Il y avait été invité par l’organisation informelle Neue Slovenische Kunst, rassemblant au sein d’un Etat virtuel des artistes, musiciens et comédiens autour de l'originalité de l'utopie russe, qui jadis obsédait les futuristes et les avant-gardistes. Il s’est installé définitivement en Slovénie en 1996.
Depuis lors, ses travaux, explorant la « logique de l'absurde », comme l’appelle l'artiste, et fondés sur la jonction entre l'art et la science, se sont retrouvés dans des expositions autour du monde : à la biennale de Venise, la biennale Manifesta (qui s'est déroulée à Saint Pétersbourg en 2014) et de nombreuses autres. Parmi eux, par exemple, il y eu « le phare », juché sur la coupole du palais de la Sécession à Vienne, scintillant au rythme des battements de cœur de l'artiste, des sèche-cheveux qui jouent au ping-pong, un pot de peinture qui projette une ombre en forme de palmier.
« Vadim Fishkin appartient à la génération des artistes des années 1990, son travail a repris l'élan utopique de cette époque, avec une programmation rare et suivant un ordre logique. La continuité et la confiance en l'art sont des qualités qui le déterminent. C’est pourquoi il n’est pas surprenant qu’il soit le seul des quelques artistes de sa génération à ne pas s’être éloigné et à n’avoir jamais fait de compromis », a confié à RBTH Victor Miziano, le plus célèbre conservateur russe de musée du monde.
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